La situation financière «désastreuse» a été au cœur de la conférence de presse de l'Etoile Il est clair que le mobile essentiel de la tenue de la conférence de presse de mercredi —indépendamment de l'aspect périodique de cette approche— n'est autre que les transferts historiques et «problématiques» de Chehoudi et Dhaouadi à l'éternel rival espérantiste, de l'aveu même du président du club qui a tenu à «clarifier» et non justifier les tenants et les aboutissants de cette opération pour reprendre fidèlement les dires de Charfeddine. Il n'a pas hésité à confirmer à maintes reprises que la vente de ces deux joueurs était importante sinon vitale pour la vie du club, une question «de vie ou de mort», d'après ce dernier. Il a même avoué que, lors de la dernière réunion du comité directeur, il a fait part à ses collaborateurs de la difficulté manifeste qu'il éprouve pour subvenir aux besoins quotidiens et cumulés du club jusqu'à la fin de cet exercice. Pourquoi l'Espérance de Tunis ? Pour élucider sa décision de transférer les deux joueurs en question à l'EST, le président de l'Etoile a essayé d'imprégner son discours d'un ton «convivial», parfois même «moralisateur», pour dédramatiser cette opération historique entre les deux clubs et tenter d'apaiser la tension et la rivalité entre les supporters des deux côtés, en insistant sur la nécessité de bannir toute sorte de «haine», en qualifiant l'Espérance de concurrent et non de rival. Concernant Chehoudi, il a affirmé que ce joueur est devenu un élément perturbateur de la sérénité d'un groupe jeune de par ses frasques, sa susceptibilité exagérée et son refus catégorique d'épouser le nouveau projet du club. De l'aveu même du psychologue qu'on a mis à sa disposition qui a confirmé que ce joueur est devenu un élément «psychologiquement irrécupérable». Venons-en au cas Dhaouadi. Le président étoilé a avoué avoir reçu une offre de 320 mille euros d'un club suisse, mais dont la moitié de la somme avec encaissement décalé, ce qui est incompatible avec les besoins urgents du club. Quant au volet sportif, il a affirmé que l'Etoile dispose d'une pléiade de jeunes talentueux issus du centre de formation (qui coûte annuellement 1,2 million de dinars), à l'instar de Boughattas, Bedoui, Neguez... Notons au passage que l'EST a émis le vœu d' enrôler Felhi ou Bedoui, auquel les dirigeants étoilés ont apposé un refus catégorique. Douze milliards de dettes Le trésorier démissionnaire, mais revenu à des sentiments meilleurs, a déclaré que le club accuse un déficit cumulé «vertigineux» de 12 milliards, avec un besoin urgent de 6 milliards pour couvrir les dépenses de l'équipe jusqu'à la fin de la saison. En lui posant la question sur «le business-plan» de la direction du club pour trouver les solutions radicales et permanentes capables d'assainir les finances et de sauver l'Etoile de ce gouffre, il a affirmé bien avant cette crise la nécessité de mettre en place «un conseil de surveillance» et de créer des projets satellites pour permettre au club des revenus supplémentaires considérables. Il a insisté en outre sur ce qu'il appelle «la richesse immatérielle» de l'Etoile avec notamment ces 40 joueurs internationaux toutes catégories confondues. Pour reprendre ce volet financier, Charfeddine a évoqué avec beaucoup d'amertume le chiffre le moins qu'on puisse dire dérisoire et surprenant de 330 mille dinars de dons de la part du cercle aisé du club en réaffirmant son intention de réunir incessamment le soi-disant comité de soutien pour lui faire assumer ses responsabilités face à cette situation désastreuse. Lettre de menace! Le point culminant de cette conférence de presse reste à notre avis la lettre de menace virulente qu'a reçue la direction du club où ses instigateurs ont accusé ouvertement et avec véhémence tous les membres du comité de «vendre» les atouts du club, de fragiliser ses acquis, tout en menaçant de faire, par tous les moyens possibles, en sorte de les sanctionner. Réagissant avec un dépit profond mais aussi avec détermination, le président du club a exhorté ce qu'il a appelé «la majorité silencieuse», convaincue de l'intégrité du bureau directeur de l'Etoile et son attachement aux valeurs et intérêts du club, à réagir immédiatement pour servir de rempart à l'encontre de ces agissements déstabilisants. Bref , l'Etoile a certes besoin urgemment d'argent, mais surtout de sérénité et d'union sacrée.