Bien des détails nous échappent lorsqu'on entreprend les activités d'apprentissage dans les établissements scolaires. Les pédagogues le savent bien. L'espace dans lequel se déroule un cours joue un rôle décisif s'agissant d'atteindre les objectifs fixés. Dans les écoles primaires, la disposition des tables offre aux instituteurs la possibilité d'une meilleure proximité avec les élèves. Les visiteurs de ces établissements peuvent le constater de visu. L'enseignant se trouve au centre d'un demi-cercle constitué par les pupitres. Les petits sont, presque, à égale distance de leur vis-à-vis. En revanche, la disposition traditionnelle (en rangées) crée une sorte de séparation plus ou moins longue entre les différents acteurs. L'élève du premier banc n'est pas dans la même situation que le dernier. La manière dont est organisé l'espace dans une classe conditionne les relations et la structure des rapports entre les personnes. Les recherches en psychologie sociale ont montré que certaines configurations favorisent les échanges, d'autres l'exposé ou le cours magistral dispensé par l'enseignant. Trois configurations principales existent : en rangées, en petits groupes (en clusters) et en « U ». Aussi, convient-il de choisir la configuration qui corresponde le mieux aux objectifs que l'on veut atteindre. La configuration qui est le plus en vigueur chez nous est celle en rangées. D'où les bousculades lors de l'entrée en classe. C'est à qui occuperait les premières tables. Dans le secondaire, c'est tout à fait l'inverse ! Ergonomie de l'espace Cette configuration facilite les exposés par l'enseignant, mais n'encourage pas beaucoup la participation des élèves. Des études internationales ont permis d'établir que le niveau de participation dans une telle configuration est optimisé pour les élèves face à l'enseignant, plus faible sur les côtés et encore plus faible pour la rangée de derrière. Une telle disposition n'est pas favorable à un travail collaboratif. Quelles que soient les explications qu'on pourrait apporter, l'importance de la salle et la disposition des meubles ont une signification et un impact évident sur la capacité de l'apprenant à assimiler les connaissances et à réagir. Le schéma traditionnel d'apprentissage est le même. Un élève ne fait qu'aller à l'école pour recevoir un cours. Ce qu'on lui demande, après, c'est de réinvestir ces connaissances selon un modèle de présentation préétabli. Dans une dernière étape, il est évalué de façon irréversible et classé dans une catégorie donnée d'apprenants. Dans tout ce processus, l'élève n'est pas impliqué (selon des règles précises et des critères objectifs). Il ne participe, en aucune façon, à la «confection» de la matière de son apprentissage. Il s'agit d'un rapport vertical à sens unique de l'enseignant vers l'élève. Pourtant, apprendre est un acte qui devrait se caractériser par une plus grande dynamique. Cette opération doit prendre en compte l'élève (le mettre au centre de l'opération comme le préconisent les textes officiels) dans le sens d'une forme de participation plus active, en l'impliquant davantage dans l'acte d'enseignement et en le rendant plus interactif. Ce n'est pas le cas aujourd'hui dans nos établissements. Ceci n'a pas empêché certains chercheurs de tenter des expériences pour apporter un plus à toute l'opération d'apprentissage. Cela a abouti à la création, dans quelques lycées ou collèges, des salles polyvalentes. A priori, ces espaces sont destinés à compléter le travail scolaire. Comme ils sont présentés sous forme d'espace d'animation et d'autonomie, ils sont appelés à remplir une mission plus ciblée. Selon les promoteurs, c'est un espace qu'on peut exploiter à des fins éducatives. Il appuie les structures de l'école dans le cadre de ce qu'on appelle une pédagogie différenciée (autre que celle qui est dispensée par la voie classique). On s'y adonne à des activités culturelles ou parascolaires: remédiation, soutien scolaire, jeux éducatifs, motivation à la lecture, etc. Malheureusement, dans beaucoup d'établissements, ces endroits appropriés n'existent pas. Et, même dans les établissements qui en sont dotés, ces espaces ont été détournés de leurs fonctions. Ils sont transformés en salle de cours, de permanence ou de rangement...