Faire connaître le passé de notre pays à travers des représentations théâtrales, c'est précisément le contraire de cet apprentissage fastidieux et ennuyeux que beaucoup d'élèves ont à subir. Il y avait une atmosphère inhabituelle dans une des salles de l'hôtel Majestic, vendredi dernier. On annonçait une rencontre sur l'enseignement de l'histoire, organisée par la jeune association Tounès Wel Kiteb (Tunis et le livre) : que faisaient donc ces enfants, étrangement costumés, et qu'on avait peine à contenir dans la salle? Ils préparaient une pièce de théâtre. Il s'agit d'un travail qui a engagé la collaboration de l'école Cheikh Driss de Zarzouna et le Centre culturel de Bizerte. Cette pièce de théâtre devait, en réalité, servir de première partie à la rencontre au cours de laquelle on a eu droit à deux communications sur le thème de l'histoire, de ses modes d'enseignement, des tentatives du monde politique, de l'orienter, voire de la manipuler. La manifestation prévoyait, également, la projection d'un documentaire sur les actualités à l'époque des premières années du règne de Bourguiba. Il était donc un peu plus de 17h00 quand il a été demandé à l'assistance de se lever. En effet, la pièce de théâtre n'était rien d'autre qu'une séance de tribunal : «mahkama» ! Et, en guise d'accusés, ont dû se présenter à la barre des figures comme Ben Ghdahem, Mustapha Ben Smaïl, Kheïreddine, Sadok Bey, Mustapha Khaznadar et d'autres, tous impliqués, d'une façon ou d'une autre, dans les événements qui ont précipité la chute du pays dans la parenthèse de l'épreuve coloniale... Le tribunal, dirigé par trois élèves, a rendu ses jugements après une rapide délibération, et non sans avoir entendu les arguments, défendus souvent avec talent et conviction, aussi bien du côté du ministère public que de celui de la défense... Le public, ravi et amusé, a assisté à des sentences qui allaient de la réhabilitation avec réparations à... la peine capitale ! Il y avait là, c'est clair, de la graine de comédiens : deux ou trois jeunes sont à suivre de près. Mais nous retiendrons qu'une telle initiative est à saluer fortement : faire connaître le passé de notre pays à travers des représentations théâtrales, c'est précisément le contraire de cet apprentissage fastidieux et ennuyeux que beaucoup d'élèves ont à subir, qu'ils s'empressent d'oublier une fois l'école finie et qui ne leur fait pas aimer cette matière qu'est l'histoire. Chapeau, donc, à M. Abdelhamid Dridi, l'instituteur qui menait cette jeune troupe et grâce à qui cette aventure théâtrale a été rendue possible.