Le Sommet européen de la rébellion face aux USA et la Chine : ça fera rire Biden et Jinping…ou pas    La TSB Bank annonce un déficit de plus de cent millions de dinars en 2022    Oui, cette photo a été prise à Gaza    El Amra : Les forces de sécurité enlèvent les camps des migrants    Kairouan : un élève du collège tente de poignarder un enseignant    Tourisme : Des prévisions fortes et une haute saison bien partie !    Belhassan Chiboub, Directeur Général de l'électricité et des énergies renouvelables au ministère de l'Industrie, des mines et de l'énergie : "Notre objectif est d'accélérer la cadence de la transition énergétique"    Algérie-Emirats arabes : L'escalade, Abou Dhabi en passe d'arracher à la Sonatrach un de ses plus gros clients    TOP 10 des pays africains qui abritent le plus de millionnaires    Commission permanente des Affaires étrangères : Mobiliser la diaspora et promouvoir les projets de développement    Mourad Hattab: La rencontre entre Kaïs Saied et Giorgia Meloni a été fructueuse (Déclaration)    Adhésion de l'Etat de Palestine à l'ONU : report à vendredi du vote au Conseil de sécurité    8 blessés après un séisme dans l'ouest du Japon    Le gouverneur de la BCT appelle à la révision des mécanismes de financement pour les pays en difficultés    Réunions de printemps du FMI et du groupe BM : Nouri évoque l'impact du changement climatique en Tunisie    Météo en Tunisie : pluies éparses sur les régions ouest, du centre et du nord    Pourquoi | Sfax aussi ravagée par la cochenille !    Commerces de bouche : Tout n'est pas si bon !    Ces régions seront privées de l'eau potable pendant trois jours    Recette : Brochettes de poulet libanaise( Chich taouk )    Les ministres de l'Intérieur tunisien et italien discutent de l'immigration et du crime organisé    CMR : Création de nouvelles chambres de commerce et d'industrie    On nous écrit | Inscrire «La muqaddima d'Ibn Khaldun» sur le registre de la mémoire du monde de l'Unesco    Mohamed Boughalleb condamné à six mois de prison    Kaïs Saied préside la célébration du 68e anniversaire de la création des forces de sécurité intérieure (Vidéo)    CONDOLEANCES    DECES ET FARK : Abdelhakim EL MUFTI    Les Italiens du Monde en conclave à Tunis    Pénuries médicamenteuses alarmantes au Royaume-Uni post-Brexit    Guerre à Ghaza : L'Italie appelle l'entité sioniste à mettre un terme à son agression génocidaire    Film Animalia de Sofia Alaoui projeté dans les salles de cinéma en Tunisie (B.A. & Synopsis)    Entre le Maroc et Israël c'est du solide : BlueBird prêt à lancer la production de drones, en attendant les autres    Stuttgart : Ons Jabeur en huitièmes de finale    Ons Jabeur se qualifie au prochain tour du tournoi WTA 500 de Stuttgart    Meloni en Tunisie : Travaillons ensemble pour combattre les esclavagistes    Le sport Tunisien face à une crise inquiétante    Comar D'or 2024 : Liste définitive des romans sélectionnés    Plus de 700 artistes participeront au Carnaval International de Yasmine Hammamet    Téhéran en offensive: Zoom sur les armes déployées dans le dernier assaut contre Israël    Livre – «Youssef Ben Youssef» de Lilia Ben Youssef : Ben Youssef en plan serré    Ligue 1 : L'Espérance sportive de Tunis défie le CSS    Le CSS se fait de nouveau accrocher à Sfax : Des choix déplacés...    Les Merveilles de Disney à Tunis : une comédie musicale féérique à ne pas manquer !    Vient de paraître: À la recherche d'un humanisme perdu de Abdelaziz Kacem    Foire internationale du livre de Tunis : 314 exposants de 25 pays    Le CAB perd de nouveau en déplacement à Tataouine : Une mauvaise habitude !    L'ESM gagne dans la douleur devant l'AS Soliman – Kaïs Yaâcoubi : «Il faut être réaliste pour gagner des points »    Ons Jabeur 9ème au classement mondial WTA, s'apprête à entamer le tournoi ATP de Stuttgart    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Pour qui sonne le glas?
Alliance islamistes-laïcs
Publié dans La Presse de Tunisie le 05 - 02 - 2013

La question aujourd'hui n'est plus de savoir si le remaniement aura lieu ou pas, ni quels sont les ministères qui seraient concernés. Ce qui se passe sous nos yeux est un tournant dans cette transition: l'alliance entre les islamistes modérés et les laïcs modérés est en train de montrer ses limites. Quel que soit le scénario à venir, petit ou grand remaniement, élargissement ou pas, c'est à un profond bouleversement du champ politique auquel nous sommes en train d'assister.
Le cœur défaillant, le souffle court, la Tunisie est malade. Chaque jour apporte son lot de souffrances. Le plus dur constat n'est pas la crise politique qui est très grave en soi et sera lourde de conséquences, mais va bien au-delà. Ce feuilleton à rallonge, lassant avec ce remaniement qui ne vient pas, ces menaces de démission, ces déclarations contradictoires, ce blocage généralisé, et au final, cet éclatement annoncé de la Troïka prend des proportions considérables parce qu'il sonne le glas de l'alliance de représentants modérés des deux camps, islamiste et laïque.
Un revers qui dépasserait largement les frontières, puisqu'il donne à voir l'échec d'une expérience présentée comme pionnière. La plateforme autour de laquelle ils se sont unis, était d'assurer la transition démocratique, de rédiger une nouvelle constitution et d'instaurer la deuxième République de la Tunisie. Rien de tel ne fut fait.
Esprit hégémonique
La Tunisie a été pour les islamistes qui ont gagné les élections du 23 octobre, une occasion inespérée pour mettre en œuvre leur doctrine officielle de l'Etat islamique moderne et modéré. Ils ont commencé prudemment par tendre la main aux laïcs démocrates, centristes, en affichant la décision « généreuse » et peut-être pragmatique de ne pas gouverner seuls. Mais l'expérience a tôt fait de tourner court.
Non seulement le partage partisan des postes au détriment des compétences a montré rapidement ses limites, mais de plus Ennahdha est accusé par ses deux partenaires d'investir les postes politiques et administratifs et d'accaparer les rouages du pouvoir dans un esprit hégémonique et de solidarité communautaire, presque de secte.
Résultat, la Troïka aménagée, après des négociations très serrées, s'est avérée une fragile cohabitation plutôt qu'une solide alliance politique. Islamistes et laïcs, ou supposés tels, n'ont pas pu accorder leurs violons ni sur la gestion des affaires du pays, ni sur les nominations des hauts commis de l'Etat, ni sur les questions sensibles de la constitution, telles que les libertés et les droits de l'Homme. Les sorties d'une Samia Abbou, députée Cpr, fustigeant l'arrogance de ses alliés nahdaouis dans les commissions constitutionnelles n'est pas un exemple unique.
Recomposition du champ politique
Cette dislocation d'un front supposé gouverner le pays a poussé les uns et les autres à monter des alliances qui donnent à voir sous nos yeux, une recomposition du champ politique avec des regroupements plus ou moins crédibles. Dans le camp de l'opposition d'abord, les trois ténors Nida Tounès, El Joumhouri, El Massar ont créé un front commun. C'est ce qui a poussé à d'autres regroupements. Aujourd'hui nous sommes devant quatre blocs ; le premier, ce front électoral, l'Union pour la Tunisie, qui a déstabilisé dès sa naissance ses concurrents. En témoignent les déclarations des uns et des autres. Le second bloc important est celui d'Ennahdha, désormais isolé et tenté par des alliances sur sa droite avec les Ligues de protection de la révolution, salafistes, Hizb Tahrir.... Les pages face-book affiliées expliquent que le parti est en train de constituer un front islamiste : le meeting tenu dimanche dans une mosquée de la capitale entre salafistes, dirigeants d'Ennahdha prend l'allure d'un ballon d'essai, ou encore d'une mise en garde. Le dernier communiqué du Conseil de la choura qui appelle à la libération des présumés meurtriers de Lotfi Naghdh, le leader de Nidas Tounès de Tataouine, est un signal fort. Depuis ce communiqué, d'ailleurs, les attaques contre les chefs et les réunions des partis de l'opposition et de leurs sièges se sont succédé, mettant en doute la possibilité de voir se dérouler une campagne électorale démocratique, pacifique et sereine.
Autre alliance qui a créé la surprise : le CPR, Ettakatol et l'Alliance démocratique ont scellé leur rapprochement la semaine dernière. Une posture à demi-avouée du CPR et Ettakatol pour annoncer un désistement possible vis-à-vis de leur allié islamiste.
Et enfin, quatrième force du paysage politique, le Front populaire qui réunit dans son sillage des partis de gauche et d'extrême gauche, ayant une forte présence à l'intérieur du pays.
Crise globale
La refonte du champ politique est tangible pour une Tunisie installée dans une crise politique généralisée et qui perdure, éclipsant même la rédaction de la constitution. Crise du régime : le rendement des trois partenaires dans la gestion du pays est médiocre. A cet égard, certains parlent d'inexpérience et d'autres d'incompétence. Crise institutionnelle se déclinant dans un paysage politique éclaté. Crise de valeurs et de cohérence des programmes. Comment allier l'eau et le feu? Les laïcs et les islamistes? Disons-le tout net, ce qui se passe sous nos yeux est un avant-goût d'une suite inquiétante et déstabilisante si la même répartition de pouvoirs est reconduite dans la future constitution. Crise de leadership, parce que le vrai maître du pays est un chef de parti qui n'a de comptes à rendre qu'à son Conseil de la choura, et échappe à tout pouvoir de contrôle. Et enfin, crise globale, et pour cause, les dirigeants issus du scrutin du 23 octobre 2011 au lieu de mener le pays vers une seconde transition réussie, et de rédiger la constitution, se sont installés dans l'optique et avec l'esprit de gouverner d'abord et pour longtemps.
Raisons de l'échec de la Troïka : un politologue donne son avis
Les événements politiques qui s'enchaînent ces derniers temps sont lourds de sens pour cette alliance islamiste-démocrate qui a donné les signes avant-coureurs de son échec. Pourquoi les partis au pouvoir ne sont pas arrivés à s'entendre ? Pourquoi le pays est si mal gouverné ? Pourquoi cette transition démocratique n'a pas eu lieu ? Nous avons donné la parole au professeur Hatem M'rad pour apporter un éclairage et la définition conceptuelle des faits que nous observons.
«Ce n'est pas seulement l'alliance qui est divisée, mais aussi les trois partis de la Troïka qui sont eux-mêmes divisés de l'intérieur. D'un côté, on a des scissions avec le CPR et Ettakatol, deux partis ambigus idéologiquement et politiquement, aux positions peu nettes ; de l'autre, Ennahdha est traversé par deux tendances, l'une moderniste, plus politique, ayant le sens de l'Etat et de l'intérêt national, l'autre traditionaliste, wahhabite et sectaire, incapable de penser le politique (comme phénomène) avant d'agir dans la politique (l'action conflictuelle).
Le gouvernement n'est pas dirigé par le chef du parti vainqueur aux élections, comme il est de tradition dans les démocraties parlementaires, mais par un homme qui a préféré rester dans l'ombre, tout en accaparant les pouvoirs réels du gouvernement. Une des explications de l'incohérence gouvernementale, c'est cette division entre le gouvernement et le chef d'Ennahdha. Tout ce que construit Jebali au gouvernement est aussitôt détruit par Ghannouchi ou son parti.
La Troïka est composée de partis trop déséquilibrés. Ceux qui ne représentent pas grand-chose, le CPR et Ettakatol, surtout après la perte de leur poids à l'Assemblée, sont tentés de quitter l'alliance à tout moment, à la moindre futilité. Ils n'ont rien à perdre eux, à part la présidence de deux institutions, contrairement au poids lourd de l'alliance, Ennahdha, de plus en plus hégémonique, même à l'égard de la Troïka, sa propre alliance.
La transition n'est pas propice au gouvernement du pays par une alliance représentant électoralement 60% des sièges et réellement le tiers du pays, surtout face à la montée de Nida Tounès. Dans la plupart des pays qui ont connu des transitions démocratiques, l'expérience prouve que ou tout le monde gouverne, ou personne ne gouverne. Même une alliance entre des partis laïques seuls détenant 60% des sièges n'aurait pu gouverner le pays. Les graves problèmes économiques, politiques, sociaux sont des problèmes qui ne peuvent être résolus que par l'Etat, avec des arguments d'Etat, et non par les partis, quelles que soient leurs dimensions, avec des politiques partisanes. On ne fait pas des transitions avec du terrorisme, des ligues et milices et des salafistes incontrôlables dans les mosquées, ni avec des erreurs diplomatiques primaires et de l'incompétence économique. L'Assemblée constituante n'a pas été élue pour gouverner le pays sur la base d'un score électoral, mais pour donner une légitimité à l'élaboration de la constitution et à la fondation d'un nouvel Etat. L'opinion publique tunisienne n'a jamais compris tout ce sectarisme des islamistes dans la fondation d'un nouvel Etat».
H.H.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.