Lors d'une conférence de presse organisée hier matin à Tunis par la Ligue de protection de la révolution (LPR), M. Tarek Ben Azzouz, membre fondateur de la Ligue et actuel membre du comité des sages éponyne, a avoué fièrement que la LPR disposait d'un certain nombre d'«électrons libres dont l'action est parfois difficilement contrôlable ». « Le fait de disposer de ces électrons libres est la preuve que notre mouvement garde en son sein l'esprit révolutionnaire de 2011», dit-il, avant d'ajouter qu'il était possible que certains anciens malfrats et des ex-Rcdistes fassent partie de la Ligue. « Nous faisons ce que nous pouvons pour écarter ces personnes qui se sont infiltrées dans nos rangs », explique-t-il. D'un autre côté, les nouveaux dirigeants de la LPR ont condamné clairement l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd, tout en écartant toute responsabilité de ses membres dans la vague de violence qui secoue la Tunisie. « La violence ? Nous en avons aussi été victimes, plusieurs de nos locaux ont été saccagés et certains de nos membres ont été menacés. Cherchez le coupable du côté des véritables bénéficiaires c'est-à-dire les contre-révolutionnaires que nous dénonçons depuis toujours», indique Mohamed Dâdaâ, nouveau secrétaire général de la Ligue de protection de la révolution. Tarek Ben Azzouz souligne par ailleurs qu'il est absurde de penser ou de véhiculer l'idée que le Front populaire est impliqué dans les violences qui ont accompagné les funérailles de Chokri Belaïd, estimant que ces évènements ne sont en réalité que la conséquence de la crise culturelle et morale que vit la Tunisie. De son côté, Mohamed Daâdaâ minimise la portée symbolique de la démission de plusieurs dirigeants de la Ligue et estime que le mouvement est plus grand que les personnes, tout en précisant que les récentes démissions au sein du comité directeur sont simplement dues au fait que ceux-ci ont choisi de se consacrer dorénavant à la politique. Rappelons que Mohamed Maâlej président de la Ligue de protection de la révolution, son épouse Halima Maâlej ainsi que Mohamed Hedia avaient présenté leur démissions le 14 février dernier afin de former un nouveau parti politique. Fraîchement désigné par ses pairs, le nouveau président de la Ligue, Mounir Ajroud, s'aligne sur le discours du parti Ennahdha en critiquant les journalistes qui, selon lui, ne sont pas au niveau requis, propos qui ont provoqué un tollé chez certains journalistes présents. La Ligue de protection de la révolution, ou « l'âme de la révolution » comme l'appellent ses partisans, réitère lors de cette conférence son refus de toute tentative de dissolution par décision politique. D'ailleurs, le jeune Nasreddine Wasfa, porte-parole de la LPR, rappelle qu'aucune condamnation n'a été prononcée à l'encontre de la Ligue. « Nous demandons à ceux qui nous accusent d'être les auteurs des violences de fournir des noms à la justice ou de s'adresser à nous pour que nous prenions contre eux les sanctions adéquates », précise-t-il. Un certain nombre de partis politiques avaient demandé la dissolution de la LPR, surtout après le meurtre de Chokri Belaïd, meurtre qui a contribué à gripper une transition démocratique déjà boiteuse, dans laquelle des politiciens appellent à l'interdiction d'une association légale, et où une association appelle à l'interdiction d'un parti politique légal.