Dans le cadre des activités du Forum social mondial qui se déroule en Tunisie, l'Association tunisienne de défense des valeurs universitaires a organisé hier une conférence de presse dont l'objet est d'exprimer la colère des universitaires, des activistes de la société civile ainsi qu'un certain nombre de citoyens face à la poursuite et la multiplication des procédures à l'encontre du doyen de de la faculté de La Manouba, M. Habib Kazdaghli. A cette occasion, l'Association tunisienne de défense des valeurs universitaire a annoncé sa participation aux côtés de plusieurs activistes et militants à un rassemblement de soutien au doyen Habib Kazdaghli, aujourd'hui à partir de 9h devant le tribunal de première instance de La Manouba où comparaît une nouvelle fois Habib Kazdaghli pour des accusations de violence contre une étudiante portant le niqab. Plusieurs associations seront présentes lors de cette mobilisation à laquelle appelle le syndicat de base de la faculté des Lettres, des Arts et des Sciences humaines de La Manouba. Selon les organisateurs, le rassemblement d'aujourd'hui vise non seulement à soutenir le doyen dans un procès qu'ils estiment injuste, mais également de soutenir l'indépendance de la justice qu'ils jugent menacée en ce moment. Pour Habib Mallekh, universitaire et syndicaliste, ce procès est «éminemment politique», et les reports successifs du procès tendent à le prouver. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il a exprimé à plusieurs reprises, lors de son intervention, sa peur d'une «instrumentalisation de la justice» dans ce procès. Khaled Nouicer, secrétaire général du Syndicat de base de la faculté des Lettres, des Arts et des Sciences humaines de La Manouba, ajoute que l'affaire, dès le début, dépasse le simple port du voile intégral. Il y avait «une tentative de changer les valeurs de la société tunisienne et de frapper toute forme de modernité». De multiples associations et universités internationales ont exprimé leur soutien inconditionnel, au nom des valeurs universitaires, à la personne de Habib Kazdaghli, en tant que doyen d'une faculté, à l'instar de l'Université Libre de Bruxelles, le Centre d'action laïque à Bruxelles. Venu soutenir son collègue, l'universitaire français Alain Messaoudi a fait observer que la faculté tunisienne fait face à des dangers qu'elle se doit de surmonter, en comptant sur la solidarité de tout le monde. «Jusqu'à présent, 2.500 personnalités ont signé le manifeste international de soutien à Habib Kazdaghli, intellectuels, médecins et autres qui restent, malgré leurs divergences idéologiques, profondément attachés à la liberté», explique-t-il. M. Habib Kazdaghli, présent à la conférence de presse, a déclaré que «les personnes qui réclament ma tête sont connues, comme Abou Iadh qui avait déclaré qu'il pouvait arrêter tous les mouvements de protestation, si je quittais mon poste».