Une conférence de presse a été tenue hier, au siège du gouvernement à Tunis, afin de présenter l'état d'avancement des négociations avec le FMI quant à la conclusion d'un accord relatif à un appui financier d'un montant de 1,7 milliard de dollars ( 2,7 milliards de dinars) sur cinq ans avec un taux d'intérêt de 1,08% et trois ans de grâce. Ont pris part à la conférence MM. Chedly Ayari, gouverneur de la BCT, Elyes Fakhfakh, ministre des Finances, Ridha Saïdi, ministre auprès du chef du gouvernement chargé des Affaires économiques, et Amine Mati, représentant du FMI. Chedly Ayari a tenu, à cette occasion, à rappeler que la Tunisie enregistre, aujourd'hui, son premier recours au FMI depuis 1986, précisant que la situation actuelle de la Tunisie ne se prête à aucune comparaison avec celle de 1986. Il note, à ce propos, qu'à cette époque, l'économie tunisienne souffrait d'une situation de faillite budgétaire et d'un taux de croissance négatif. Il rappelle, par ailleurs, que les réserves nationales en devises sont aujourd'hui supérieures à ce qui est exigé à l'échelle internationale. Le gouverneur de la BCT précise que le recours au FMI est inhérent à des facteurs internes et externes, il s'agit, principalement, d'une phase de transition post-révolution assez difficile et de l'impact de la crise qui prévaut dans la zone euro, principal partenaire de la Tunisie. Il pense, d'un autre côté, qu'il est important d'être réalistes et de savoir que le recours aux financements extérieurs est nécessaire pour relancer la croissance et initier les réformes nécessaires. Il précise, enfin, que les réformes envisagées ont été identifiées après des négociations entre les représentants du FMI et du gouvernement, rappelant que cet accord servira, également, de garantie pour la Tunisie auprès de ses partenaires internationaux. Le représentant du FMI, Amine Mati, a déclaré que les discussions entre les deux parties sont à un stade avancé. Le conférencier a, également, présenté une évaluation de la situation économique en 2012 et des perspectives pour l'année 2013. Il note à ce propos que la reprise a été amorcée en 2012 avec un taux de croissance de 3,6%. Il souligne que le ralentissement de l'activité économique en Europe a généré un ralentissement des exportations en 2012 et un déficit important. Ce déficit a été couvert, ajoute-t-il, grâce aux apports extérieurs et à l'augmentation des IDE. Les perspectives de l'année 2013 telles que définies avec les différents partenaires du gouvernement restent, selon A. Mati, tributaires de certains facteurs dont, principalement, les chocs exogènes (dont la situation en Europe) et l'évolution de la situation politique. Compte tenu de ces facteurs, le taux de croissance pour l'année 2013 se situerait aux alentours de 4%. Une croissance qui sera poussée, selon l'intervenant, par l'investissement public, la reprise de la consommation et les récentes hausses des salaires. Evoquant l'inflation, il souligne qu'au cours du mois de mars 2013, elle a augmenté pour atteindre 6,5%, ce taux sera maintenu au cours des prochains mois et baissera d'ici la fin de l'année pour se situer aux alentours de 5,5%. Il note, par ailleurs, qu'on s'attend au cours de l'année 2013 à une hausse du déficit compte courant en dépit de l'amélioration relative des entrées de capitaux. Le représentant du FMI relève, d'un autre côté, que l'incertitude politique pourrait entraver l'investissement étranger. Il ajoute que c'est pour faire face aux chocs exogènes éventuels que le gouvernement tunisien a eu recours à l'assistance financière du FMI. S'agissant de l'accord, il précise qu'il servira à soutenir le programme économique des autorités dans trois volets : préserver la stabilité budgétaire et extérieure, garder une certaine marge de manœuvre financière afin d'éviter les ajustements brusques, instaurer une croissance plus forte et inclusive et essayer de remédier aux vulnérabilités du secteur bancaire. Selon M. Mati, ces réformes sont déjà inscrites dans le programme du gouvernement et du programme de travail de la BCT. «Du côté du FMI, on pense que ces réformes vont dans la bonne direction, soit vers un programme qui a pour but de promouvoir l'investissement privé, de réduire les disparités économiques et sociales entre les régions, et renforcer certaines politiques sociales pour protéger les populations les plus démunies», relève-t-il enfin.