Un défi audacieux : récupérer plus d'une centaine de mosquées encore aux mains des salafistes Une centaine de mosquées (selon les autorités) et plus que le double (selon certaines sources) sont encore aux mains des salafistes. Ceux-ci, galvanisés par la révolution au point de faire roue libre, se sont empressés, durant les années 2011 et 2012, de faire main basse sur les mosquées, dans une véritable croisade qui consistait à en déloger les imams pour les remplacer par les leurs, tout en imposant leur hégémonie aussi bien sur les horaires d'ouverture et de fermeture de ces établissements religieux que sur... les revendeurs d'encens et d'habits afghans qui les ceinturent. Entre-temps, personne n'y pouvait rien. Même pas le ministère des Affaires religieuses qui constatait, pantois, les dégâts, alors que des centaines de citoyens ont dû, à leur corps défendant, bouder les «mosquées salafisées» pour aller faire leurs prières ailleurs. Certes, on ne dispose pas encore de statistiques officielles sur ce fléau, mais ce qui est certain, c'est qu'ils sont nombreux, trop nombreux même, les imams des mosquées qui ont été agressés, avant d'être chassés pour avoir eu le seul «tort» de parler un langage qui déplaît aux salafistes, parce que non conforme à leur idéologie fanatique. L'évacuation aura-t-elle lieu ? Bref, la salafisation rampante de nos mosquées était devenue, au bout du compte, un calvaire insupportable pour le commun des pratiquants, mais aussi une humiliation pour l'Etat dont on ne cesse de condamner le laxisme et la passivité frisant la «complaisance» face au développement effrayant de ce phénomène. Laissant l'orage passer, le ministère des Affaires religieuses s'est enfin résolu à sortir de sa torpeur. Et cela par la mise en œuvre dernièrement d'une stratégie visant la désalafisation des mosquées. Pilotée par ledit département avec la collaboration du ministère de l'Intérieur, ladite stratégie à appliquer dans les tout prochains jours revêt, dans une première étape, un caractère préventif, avec un travail de sensibilisation à l'adresse des...envahisseurs qu'on va convier «gentiment» à se désengager de la gestion de ces lieux de culte. Faute de quoi, on passerait à la politique du bâton, quitte à la faire dans la douleur ! «Il est vraiment temps d'en finir avec cette mascarade qui aura longtemps duré», nous confie un sexagénaire pieux qui affirme «avoir été contraint de boycotter nos mosquées qui ne sont plus ce qu'elles étaient». Lui emboîtant le pas, un jeune nahdhaoui est encore plus furieux: «Ou tu es un salafiste, ou tu n'a pas le droit d'y accéder», indique-t-il, en déplorant que «nos mosquées sont devenues sélectives et, pour une bonne partie d'entre elles, une chasse gardée des salafistes, sans que personne ne bronche. J'irai encore plus loin en vous assurant que les actes d'agression dont ont été victimes les imams ont même touché de simples citoyens dont le malheur est d'avoir légitimement protesté contre les pratiques fanatiques des salafistes à l'intérieur et à l'extérieur des mosquées». Autant dire que l'Etat est désormais lancé dans un défi des plus audacieux.