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Une grande richesse en attente d'exploitation
Le tourisme saharien à la croisée des chemins
Publié dans La Presse de Tunisie le 05 - 05 - 2013

Le tourisme saharien a toujours été le parent pauvre du secteur touristique dans la mesure où l'Etat n'a pas assez investi, depuis l'indépendance, pour promouvoir et attirer les touristes vers le Sahara tunisien. Pourtant, le tourisme saharien dispose de plusieurs potentialités et peut être une source intarissable de devises car de nombreux touristes de différentes nationalités préfèrent venir en Tunisie pour le dépaysement le temps de quelques jours en se rendant dans le vaste désert. Les dunes à perte de vue sont exploitées dans certains pays pour en faire de véritables sites touristiques où les touristes peuvent passer quelques jours dans des hôtels spécifiques — dont les matériaux de construction sont adaptés aux conditions climatiques sévères — ou des villages de vacances.
En effet, la promotion du tourisme saharien ne consiste pas uniquement à faire du marketing dans les pays émetteurs — notamment en Europe — en mettant à la disposition des touristes quelques véhicules tout terrain pour faire une randonnée guidée de quelques heures avant de retrouver leurs chambres d'hôtel. Pour attirer les clients vers ce type de tourisme — qui entre dans le cadre de la diversification des activités —, il est nécessaire de définir une stratégie cohérente en assurant sa conception par tous les intervenants dans le secteur, à savoir l'administration, les professionnels dont les hôteliers, les agences de voyages, les guides...
Des festivals thématiques à organiser
Un intérêt important devrait être donné, d'abord, à l'aménagement de l'infrastructure hôtelière et de loisirs dans le Sahara. Un circuit touristique déterminé serait d'une grande utilité. Celui-ci comporterait une visite au site naturel, aux oasis mais aussi à certaines structures qui existent ou à créer comme les musées qui renferment les différents matériels et équipements utilisés par les habitants dans le désert. L'exemple de Dar Chraïet est fort édifiant puisqu'il a pu attirer l'attention des touristes nationaux et étrangers qui veulent connaître les us et coutumes des gens habitant le désert. D'autres musées ou observatoires pourraient être créés dans ce vaste site étendu à proximité des frontières libyennes et algériennes.
Contrairement à ce que l'on a tendance à penser, le tourisme saharien ne consiste pas à faire profiter uniquement du soleil torride et exploiter un parcours de sable difficilement praticable. Il faudrait plutôt donner vie au Sahara, créer l'évènement et rendre le séjour dans le site agréable pour les adultes comme pour les jeunes. Le Festival international du Sahara, organisé régulièrement à Douz, constitue, par exemple, une occasion propice pour inviter un plus grand nombre de touristes à visiter notre pays. D'autres manifestations similaires pourraient être organisées en choisissant à chaque fois un thème donné comme le festival des nomades, ceux des chameaux, des arts culinaires...
Les rallyes qui regroupent un nombre de voitures de différentes marques dans le cadre d'une course selon un itinéraire au Sahara constituent une autre activité qui intéresse de nombreux touristes. Le plus célèbre de ces rallyes est sans doute celui de Dakar qui met en compétition de grands noms de la course automobile qui sont toujours appelés à arcourir des kilomètres dans un terrain difficile pour arriver à destination. En Tunisie, des rallyes sont de temps en temps organisés mais on en redemande plus et de façon mieux organisée pour garantir le retour des participants. On peut citer aussi comme exemple le rallye raid de Tunisie Marathon des Oasis qui a toujours connu le succès escompté. La 8e édition de ce rallye a enregistré la participation de plus de 1.500 personnes sur les sites suivants : Tozeur, Ong Jmel, Douz, Jbil, Ksar Ghilane, Tataouine, Douiret, Chenini et l'arrivée à Djerba la Douce. La célébration de la journée nationale du tourisme saharien a été aussi l'occasion pour promouvoir le secteur en faisant connaître les activités sportives proposées.
On a organisé aussi dans le Sahara, il y a quelque temps, le ski sur les dunes, une innovation qui a séduit quand même quelques touristes. Equipés de leur matériel, les touristes se sont amusés pendant des heures en glissant sur le sable doré au lieu de skier sur la neige qui couvre les collines des pays occidentaux. Les Tunisiens essayent d'innover pour mettre à profit les ressources disponibles au Sahara. Le temps est venu pour diversifier les activités au Sahara et ne pas se limiter à ces visites classiques en 4 x 4 proposés par les agences de voyages sous l'œil vigilant d'un guide professionnel.
Une architecture ancestrale
Sur la base du circuit touristique, les travaux d'aménagement devraient être engagés au niveau du Sahara en balisant les pistes à parcourir — pour que les véhicules ne tombent pas en panne à la première tornade — en utilisant des matériaux solides et durables. Des points d'eau ainsi que certaines commodités dont les moyens de communication numériques s'avèrent nécessaires pour que les touristes puissent contacter leurs familles ou leurs connaissances. Des restaurants et des cafés construits selon une architecture ancestrale qui rappelle les premiers habitants du Sahara seraient certainement très appréciés par les touristes. Actuellement, ces derniers se contentent d'une bouteille d'eau et de certaines provisions à consommer en cours de route en attendant le retour à l'hôtel. En outre, ils ne sont pas toujours en mesure de communiquer avec l'extérieur surtout quand le réseau de communication fait défaut, ce qui constitue une lacune à combler.
Plusieurs investisseurs ne veulent pas créer des projets au Sahara par souci de rentabilité. En effet, ils ne sont pas sûrs de la continuité des activités touristiques tout au long de l'année. Investir des sommes faramineuses pour se retrouver en fin de compte avec des passagers occasionnels n'est pas intéressant. C'est que, en période normale de l'année, seul ce type de voyageurs traverse le Sahara souvent pour se rendre aux frontières libyennes ou, à l'inverse, pour aller dans d'autres régions tunisiennes. Un parc zoologique même de petite taille regroupant les animaux du désert tunisien est vivement souhaité.


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