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Appuyer les efforts des secteurs public et privé
Economie sociale et solidaire - Entretien avec... Radhi Meddeb, président d'Action et Développement Solidaire
Publié dans La Presse de Tunisie le 08 - 05 - 2013

L'Economie sociale et solidaire est un concept en vogue. On entend parler de ses vertus partout, ces derniers temps. La semaine dernière, trois journées durant, les opérateurs de l'ESS des deux rives de la Méditerranée ont débattu en long et en large les thématiques relatives à l'ESS. Rencontré lors de ces journées, M. Radhi Meddeb, l'un des organisateurs de Medess, a expliqué ses idées et ses analyses de ce secteur.
L'Economie sociale et solidaire est peu développée et peu connue en Tunisie. Pouvez-vous nous expliquer en quoi ce secteur est différent des deux secteurs, public et privé ?
C'est un secteur parallèle complémentaire à l'économie publique et privée. Il pense le besoin de la population et tente de répondre dans une logique différente du secteur public ou du secteur privé. C'est une réponse à des besoins spécifiques, là où le marché n'est pas efficient et là où le public n'a pas les ressources humaines, matérielles ou la disponibilité de répondre aux besoins de la population. Donc, c'est une manière pour la population de s'approprier le pouvoir, de prendre l'initiative et de s'organiser pour répondre à ses besoins de manière solidaire.
Dernièrement, on entend parler de l'ESS comme étant un tiers secteur qui pourrait apporter des réponses à tous les problèmes de la société. Pensez-vous qu'il s'agit d'une véritable alternative ou d'un simple effet de mode ?
Ce n'est ni une alternative ni un effet de mode. Ce n'est pas une alternative parce que ce secteur n'a pas la prétention de se substituer au secteur public ni au secteur privé. Ce n'est pas un effet de mode non plus, puisque les expériences dans de multiples pays montrent que ce secteur, qui joue un rôle complémentaire aux côtés des deux secteurs public et privé, peut apporter une contribution significative à la résolution des problèmes. A titre d'exemple, dans un pays comme la France, 10% de l'emploi est pourvu par l'ESS. Cela veut dire que 90% est pourvu par les deux autres secteurs traditionnels, public et privé. Donc, ce n'est en aucun cas une alternative, mais un complément intéressant. Ce taux peut atteindre des niveaux beaucoup plus élevés dans des pays où la culture de la solidarité et de l'économie sociale est mieux implantée. Dans les pays scandinaves, ce taux remonte à 25% de l'emploi. Aujourd'hui, en Tunisie, l'ESS est à des niveaux extrêmement faibles, à peine 1% de l'économie globale.
Face aux immenses besoins de création d'emplois, de réponses aux besoins des populations, d'amélioration des conditions de vie, il est clair que ni le secteur public ni le privé ne seraient en mesure de satisfaire tous les besoins. Donc, toute contribution complémentaire qui vient épauler les efforts des deux secteurs est la bienvenue. Et c'est comme ça que l'ESS doit se positionner aujourd'hui.
Le modèle économique n'est pas en mesure d'offrir autant d'emplois que les vagues massives qui débarquent sur le marchés, dans quelles mesures les entreprises de l'ESS pourraient-elles contribuer à la résorption du chômage ?
Pour le modèle économique hérité en Tunisie, les études ont démontré que dans les meilleurs des cas et si toutes les contraintes sont levées, le taux de croissance pourrait atteindre 5% en moyenne et sur une longue durée. Cela correspond à la création de 70 mille postes d'emplois. Or, il arrive sur le marché 90 mille demandeurs d'emplois annuellement. Donc, le modèle économique hérité est une annonce programmée de 20 mille chômeurs tous les ans. Sans parler de la qualité des emplois crées. Cela veut dire que le stock de chômeurs, de 700 mille, risque de s'accroître de 20 mille chaque année. Une réorientation du modèle de développement économique pour lever tous les obstacles à son développement de manière à lui permettre d'aller au-delà des 5%, sa limite asymptotique actuelle, mais également l'émergence d'une économie sociale et solidaire aux côtés des secteurs public et privé, permet de créer 10 mille emplois supplémentaires. Personne ne dira qu'il n'en a pas besoin.
Sur le terrain, quelles sont les formes d'entreprises qu'on peut ranger dans ce secteur ?
Quand un groupe d'individus décident de joindre leurs efforts pour répondre à un problème économique ou social, cela peut relever de l'ESS. En effet, l'ESS présente une large variété. Des associations, aux mutuelles, en passant par les coopératives, elles créent de l'emploi et elles contribuent à satisfaire les besoins des populations.
Ces derniers temps, on a constaté la multiplication des organisations professionnelles, notamment des fédérations, des groupements interprofessionnels... peut-on les ranger dans l'ESS ?
Il faut regarder au cas par cas, mais je ne suis pas sûr qu'elles relèvent toujours de l'ESS. Car, pour relever de l'ESS, il faut assurer la production d'un bien ou d'un service. C'est de l'économie. Ensuite, la production doit se faire au service d'une collectivité et non pas dans la recherche de bénéfices. Et elle doit se faire de manière pérenne dans le respect des équilibres des comptes.
En Tunisie, la filière la plus développée de l'ESS, la microfinance, tarde à décoller. Est-ce une démonstration de l'incapacité des filières de l'ESS à se développer sous nos cieux ?
C'est une forme importante de l'ESS et son potentiel est important aussi. Une étude de l'Union européenne a estimé le potentiel de bénéficiaires de la microfinance à un million de personnes alors qu'en réalité 200 mille personnes seulement ont bénéficié des produits de la filière. D'où, le potentiel non satisfait s'élève à 800 mille personnes. Aujourd'hui, si la microfinance se développe dans un cadre sain, avec des incitations de l'administration fiscale et territoriale, elle pourrait apporter de l'activité à une partie conséquente de ces 800 mille individus. Nous ne sommes pas loin des chiffres du chômage. Cela pourrait être une manière de donner de l'activité. Ce n'est peut-être pas la solution au chômage mais c'est une manière à socialiser des tranches importantes de la société, jusque-là marginalisées.
L'échec de l'expérience socialisante en Tunisie, notamment les coopératives agricoles, a marqué les esprits des Tunisiens, désormais réticents à toute forme de mise en commun des biens. S'agit-il d'une barrière culturelle à toute entreprise de l'ESS ?
Dès que l'on parle de l'ESS on nous rappelle rapidement l'expérience socialisante des années 60. Cette expérience s'est arrêtée, il y a 45 ans, mais elle a laissé des traumatismes dans la population. En fait, cette expérience ne relevait pas de l'ESS. C'est plutôt une expérience de collectivisation forcenée, de manière administrative. C'est une manière de déposséder les gens de leurs outils de production et non pas la mise en commun de leurs outils de production.
Aujourd'hui, la constitution de coopératives ne veut pas dire nécessairement la mise en place des outils de production. Chacun peut rester propriétaire de ses propres outils, mais il pourrait y avoir des modalités de mise en place des services apportés aux uns et aux autres sur des créneaux spécifiques, sur lesquels aucun des uns ou des autres n'a la capacité de répondre seul à ces besoins.


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