Amoindris et fatigués, les Sfaxiens n'ont pas été au bout de leurs intentions face à un adversaire qui ne pardonne pas Le choc CSS-EST a tenu ses promesses. Il y avait des buts et un fond de jeu de la part des deux équipes. Pourtant, les deux équipes sortent chacune d'une rencontre éprouvante en coupes africaines. Particulièrement le CSS, revenu lundi d'un pénible périple congolais. L'EST, pour sa part, s'est qualifiée dans la douleur aux dépens d'une formation algérienne qui lui a tenu tête jusqu'au bout. L'épreuve physique a laissé des séquelles côté sfaxien. Les hommes de Krol n'ont pas démontré grand-chose dans les derniers mètres. Pourtant, les Mansar, Ben Youssef et autre Brahima ont multiplié les tentatives. Mais ce ne sont pas leurs tentatives qui ont permis aux Sudistes de réduire le score à deux reprises. Ragued : l'effort à contre-sens A l'issue du dernier derby, les observateurs les plus avertis se sont félicités du réveil de Houcine Ragued, qui était jusque-là l'ombre de lui-même. Lors du derby, le joueur avait été enfin à la hauteur de sa réputation qui lui a permis d'atterrir au Parc B. Depuis, Ragued s'est plutôt bien intégré dans le dispositif du jeu de Maher Kanzari, se distinguant par sa régularité. Mais la dernière sortie à Sfax est venue effacer cette belle impression. Le milieu défensif «sang et or» s'est trop investi dans le jeu agressif qui a caractérisé les débats. Les statistiques du match parlent d'elles-mêmes : 34 fautes ont été commises par les joueurs de l'EST et 23 autres par les Sfaxiens. Ragued en a été l'un des acteurs principaux. Les fautes commises par lui sur les joueurs sfaxiens ont même changé le score du match. A la 79', c'était celle de trop. Sur Mansar dans la surface. Sans hésitation, l'arbitre siffle un penalty en faveur des Sfaxiens. Ghazi Challouf ne pouvait refuser le cadeau de Ragued et réduisit le score en faveur des siens. Le penalty offert par Ragued a été un cadeau du ciel pour une formation sfaxienne amoindrie de deux joueurs-clefs : Yousoufou et Khénissi. Une équipe sudiste qui, certes, a développé son jeu habituel à la fois technique et plaisant. Sans plus. Au final, elle a manqué de punch et de percussion. Faute de moyens et d'arguments? Pas vraiment. Les Sfaxiens sont tombés dans la suffisance dans la mesure où ils donnaient l'impression de chercher le spectacle plutôt que la victoire. Encore heureux qu'ils aient bénéficié de l'effort à contre-sens de Houcine Ragued qui, non seulement a provoqué un penalty en leur faveur, mais il a également marqué de la tête contre son camp. Les Sfaxiens n'avaient qu'à terminer le travail et faire un petit effort pour marquer le but de l'égalisation. Il a suffi d'un voyage en Afrique et de deux absences pour que la machine grippe. Mais il faut dire également que se déplacer au Congo, dans de telles conditions, ce n'est pas de la tarte. Balles arrêtées : l'arme fatale L'agressivité du jeu traduit l'intensité des débats, notamment au milieu du terrain. C'est que les protagonistes ont eu du mal à se montrer percutants dans les derniers mètres. Il fallait donc chercher la faute et marquer sur balle arrêtée. Et c'est ce qui a fait la différence. Les «Sang et Or» ont profité des tirs sur balles arrêtées, l'un des atouts de l'Espérance et qui redevient l'arme fatale avec l'arrivée de Maher Kanzari. L'entraîneur de l'EST a beaucoup insisté sur ce détail lors de ses premières séances d'entraînement à la tête de l'équipe. Le résultat de ce travail s'est particulièrement senti avant-hier à Sfax. Sur les trois buts espérantistes, deux ont été inscrits sur balles arrêtées. Un atout qui a permis à l'Espérance d'ouvrir la marque à la 19' grâce à un coup franc bien botté par Chammam (spécialiste des tirs sur balles arrêtées, notamment les penalties et les corners). Dhaouadi a conclu l'action d'une tête qui a fini dans les filets d'un Hamdi Kasraoui pris au dépourvu. En début de la deuxième mi-temps, précisément à la 54', Belaïli double la mise en exécutant à la perfection un coup franc direct obtenu par Traoui aux abords de la surface de réparation. Deux tirs sur balle arrêtée ont permis à l'Espérance de prendre le large. Par ailleurs, réduit à des apparitions en cours du match d'une vingtaine de minutes en moyenne, Ahmed Akaïchi a fait son entrée cette fois-ci dès la 13' suite à la blessure de Jouini. Un temps de jeu suffisant pour qu'il mette tout son talent à exécution. Après deux occasions ratées lors de la période initiale, il trouve enfin la faille et marque un joli but dont lui seul détient le secret : profitant d'une glissade de Boulaâbi, il part comme une flèche et trompe le gardien Kasraoui. Un but parfait en guise de déclic pour un joueur qui a largement mangé son pain noir. Un but libérateur. Du moins nous l'espérons pour lui. Sur l'autre front, on n'a pas vraiment vu le véritable CSS. Mais avec ce play-off qui s'annonce très ouvert, et même à rebondissements, tout le monde aura sa chance.