Alors que les Clubistes continuent à tâtonner, les Espérantistes sont revenus aux valeurs qui ont fait leur force L'élève a surpassé son maître. Pour avoir longtemps travaillé aux côtés de Faouzi Benzarti, Maher Kanzari connaît mieux que quiconque ce qui se trame dans la tête du vieux routier du football tunisien. Certes, Benzarti est un vieux de la vieille qui connaît aussi bien Kanzari que l'Espérance, mais il n'avait pas sur le terrain, ni sur le banc des remplaçants, des joueurs capables de renverser la tendance. En témoigne l'entrée de Zouheïr Dhaouadi qui n'a joué qu'un petit quart d'heure avant de se faire remplacer. Par ailleurs, les trois remplacements du Club Africain étaient forcés. A cause des blessures bien sûr. Et c'est ce qui a sanctionné Yaâcoubi et Haddad, incapables de suivre le mouvement. A voir Ifa, Kasdaoui, voire Djabou (qui nous a habitués à être le rouleau compresseur de l'équipe) traîner les pieds, on saisit très vite la fragilité de l'équipe clubiste. Les Baratli, Hedhli, Haddad et Kasdaoui ont été les auteurs de quelques tentatives. Sans plus. Il leur a toujours manqué ce coup de reins final qui fait la différence dans les derniers mètres. De surcroît, les attaquants clubistes n'ont pas réussi à briser le dernier rideau défensif espérantiste. Le but qu'il ne fallait pas rater Après une première période morose où on s'est ennuyé à mourir, les deux protagonistes sont enfin entrés dans le match au coup d'envoi de la deuxième période. Ce sont les Clubistes qui sortent les premiers leurs griffes. Pendant les dix premières minutes de la seconde mi-temps, les «Rouge et Blanc» se créent bon nombre d'occasions nettes. Il y a eu d'abord le tir de Haddadi dévié en corner par Ben Chérifia (48'), ou encore la tête de Hedhli qui rate le cadre (49'). Mais il y avait ce but qu'il ne fallait pas rater, car il aurait changé la donne : le tir de Baratli qui s'écrase sur le poteau (55'). Venu à la conférence de presse pour expliquer le pourquoi de cet échec, Fathi Laâbidi a tout essayé pour minimiser son impact : «Notre rendement lors de ce deuxième match du play-off a été meilleur. Sachant que l'EST est une équipe technique, nous lui avons réduit les espaces. Le match s'est joué sur un détail. L'Espérance a trouvé son salut sur une balle arrêtée. Je trouve que lors de ce derby il y a eu plus de rythme dans notre jeu. Nous avons tout essayé. Nous avons joué sur les côtés et opté également pour les longues transversales. Nous avons créé des occasions nettes en deuxième mi-temps mais, malheureusement, nous n'avons pas su les concrétiser. Mercredi, nous affronterons le CSS. C'est encore jouable», espère l'adjoint de Faouzi Benzarti qu'on plaint de tout cœur. Car personne ne souhaite être à sa place pour venir expliquer une défaite. Une tâche qu'aurait dû effectuer et surtout assumer l'entraîneur en chef qui, comme à son habitude, a fui la conférence de presse. Que l'entraîneur adjoint vienne nous expliquer que Haddad a eu une crampe car il a été loin des terrains pendant une bonne période, ou que Yaâcoubi n'a pas été au meilleur de sa forme, car il vient de reprendre lui aussi : franchement, on s'attendait à une meilleure explication. Après les dix minutes de pure folie clubiste, les «Sang et Or» ont repris les choses en main et ont bénéficié d'un vieil atout qui a été par le passé leur marque de fabrique : le tir sur balles arrêtées. Aouadhi a marqué de la tête sur un coup franc bien botté par Chammam (65'). Un but qui nous rappelle étrangement celui de Chamseddine Dhaouadi lors du match précédent contre le CSS. Si l'Espérance a remporté le derby, les raisons sont toutes simples. A force d'aligner les mêmes, les automatismes sont devenus huilés et l'ossature de l'équipe s'est créée. L'équipe a de surcroît un dispositif de jeu qui lui est propre et les changements se font poste par poste. D'ailleurs, Kanzari a vite compris que changer pour changer n'est pas une très bonne idée. C'est pourquoi Belaïli a repris sa place à gauche en deuxième mi-temps, alors qu'il a été aligné sur le couloir opposé lors de la période initiale. Du coup, le jeu a été déséquilibré et l'Algérien, Derbali et Afful ont fini par se marcher sur les pieds. «J'ai voulu changer un peu le système de jeu pour surprendre mon adversaire. Je me suis rendu compte que le changement de place de Belaïli a déséquilibré le jeu de l'équipe. Je suis revenu donc à notre système de jeu habituel en seconde mi-temps», reconnaît Maher Kanzari à la conférence de presse d'après-match. L'entraîneur «sang et or» a eu le mérite d'être plus réaliste avec les changements forcés. Alors que Mouelhi a demandé à se faire remplacer à peine cinq minutes après le coup d'envoi de la rencontre, il l'a laissé terminer la première mi-temps. Sans doute conscient que son remplaçant, Karim Aouadhi, ne peut être efficace au-delà de 45'. Le but de la victoire, signé de la tête par le remplaçant de Mouelhi, a donné raison au coach de l'EST qui revient sur le match avec des mots simples : «Ni l'Espérance ni le Club Africain n'ont sorti un grand match. Il n'y a pas eu beaucoup de buts, ni un grand rythme, particulièrement durant la période initiale. Le match s'est joué sur un petit détail. Nous avons marqué sur balle arrêtée. Le CA a raté un but tout fait lorsque la balle s'est écrasée sur le poteau. C'est dire que le match pouvait basculer d'un côté comme de l'autre. Nous avons fait le plein en deux matches. C'est l'essentiel. Je suis ravi que nous marquions pour la deuxième fois sur balle arrêtée», se félicite Maher Kanzari.