Le ministère des Affaires religieuses est, finalement, sorti de son silence. Le titulaire du portefeuille, M. Noureddine El Khademi, vient, en fait, de déclarer sa position sur les derniers événements et leur développement sur la scène nationale, faisant part de son vif regret à l'égard de ce qui s'est passé dimanche dernier à Kairouan et à Ettadhamen. Il a également fait part à cette occasion de sa réaction quant au phénomène du terrorisme et de l'extrémisme qui sévit dans le pays. Ses jugements et impressions sur l'état des lieux ont été livrés lors d'une conférence de presse qu'il a donnée, hier matin, au siège de son département. Soit quelques jours après la forte escalade survenue récemment face à l'obstination des sympathisants d'Ansar Echaria de tenir leur congrès annuel à Kairouan. Mais, avant d'en arriver à décliner son ultime position, il s'est adonné à de longues tirades religieuses évoquant beaucoup plus un prêche de vendredi qu'une rencontre médiatique. Sa lecture analytique de l'actualité s'inscrit dans une double logique qui doit juger les faits à partir du texte coranique et du contexte révolutionnaire. Son argumentaire puise toujours dans des références religieuses et jurisprudentielles. «Toute forme de violence est inacceptable, quelle que soient les causes et les origines d'ordre doctrinal, partisan ou idéologique..», s'est-il indigné, en se référant à quelques versets coraniques prohibant tout acte ou comportement agressif. «Qu'elle soit politique ou religieuse, la violence est interdite dans toutes ses formes et illustrations. Elle est rejetée et condamnée», a-t-il encore indiqué. Au fur et à mesure, cette réaction catégorique contre la violence se précise de plus en plus, à travers l'appel à la tolérance, au juste milieu, à la fraternité et aux sublimes valeurs du vivre-ensemble dans ce pays, cette terre d'islam et de paix. Ce sont là les préceptes du Saint Coran et les constantes fondamentales de notre religion répandues au fil des siècles. «Ces derniers développements qu'a connus le pays ne relèvent pas de conflits religieux ou ethniques, mais plutôt d'un esprit compétitif enrichissant d'ordre politique et social. La Tunisie est bel et bien un pays musulman, uni et enraciné dans son identité. Son peuple l'est aussi», a-t-il souligné. Abondant dans ce sens, tout en évoquant la position de son département à l'égard des événements de Châambi, M. El Khademi a dit que le ministère des Affaires religieuses n'est ni un appareil d'investigation ni une institution judiciaire pour décider ou juger. Il n'est pas non plus une source de jurisprudence ou de «fatwa» pour trancher sur les faits. Le ministère, comme son nom l'indique, veille à gérer les affaires des lieux de culte et mosquées, désigner les imams prédicateurs et contrôler le discours religieux au niveau du fonds et de la forme, mais aussi sur le plan de la cohérence avec le texte et le contexte. Et de poursuivre, les mosquées demeurent, aujourd'hui, plus libérées et affranchies de tous les obstacles d'autrefois. De même pour le discours religieux. Toutefois, l'on ne doit pas oublier qu'après la révolution, l'on a constaté une mainmise sur plusieurs mosquées dominées par autant de messages provocateurs. Dans ce sens, il a signalé qu'une centaine de mosquées et lieux de culte ont déjà repris leur autonomie, sous l'égide du ministère de tutelle. «L'islam est bien préservé dans ce pays. Il est un bien commun pour tout le peuple tunisien», a-t-il affirmé, démontrant que la Tunisie n'est ni une terre de jihad ni celle de prédication. Son chargé de mission, M. Sadok Arfaoui, est allé jusqu'à justifier l'implantation des tentes de prédication, tant qu'elles sont autorisées par la loi et diffusent les valeurs de l'Islam. Du côté organisationnel, le ministère a procédé à des réformes structurelles, techniques et législatives. Cela se traduit à travers le discours religieux et la manière de communication avec l'opinion publique. Cela a été réalisé en dépit des difficultés rencontrées à l'époque de l'ancien régime. Avant l'avènement du mois de Ramadan, le ministère prévoit d'organiser des journées nationales des affaires religieuses, auxquelles prendront part une pléiade d'experts, d'intellectuels et d'éminents invités, toutes sensibilités confondues. A l'ordre du jour sont inscrites des questions abordant les relations conflictuelles, les traits de divergence et les causes de tensions et de violence. Pour conclure, le ministre a annoncé que son département est en train de mettre en place un plan opérationnel visant à vulgariser le discours religieux à travers des cours scientifiques et éducationnels qui seront dispensés dans les mosquées et les prisons. S'y ajouteront des sessions de formation fournies par des cadres et imams prédicateurs en matière de sujets d'actualité.