Le vif et intenable Malien a encore une fois frappé L'Etoile Sportive du Sahel a surmonté hier ses difficultés pour arracher une victoire d'une importance capitale. Sa maturité désarmante, malgré le jeune âge de l'effectif, lui a permis de produire l'effort nécessaire en première période et de prendre l'avantage, avant de gérer en seconde mi-temps quand les ressources physiques vinrent à lui manquer. L'ESS a démontré en ce jeudi venteux beaucoup de solidarité et de cohésion. Son 3e succès au play-off est le fruit d'un collectif plutôt que d'une individualité, même si Drame Michailou a été encore une fois décisif. En face, personne n'a compris pourquoi Benzarti s'est privé toute une mi-temps de son meilleur buteur et atout offensif, Abdelmoumen Djabou, dont la rentrée après le repos a transformé la manœuvre sans toutefois améliorer l'efficacité offensive. Autre carence: le CA était hier «unijambiste», ou si vous voulez boiteux, concentrant toutes ses actions côté gauche où officiait Haddad soutenu par Haddadi. Cela facilitait sensiblement la tâche de la défense adverse qui avait affaire à une stratégie usée jusqu'à la corde. En un mot, le CA de cette 4e journée du play-off était drôlement stéréotypé. Il aurait pu ronronner son football, convenu, lent et manquant de profondeur. L'équipe de Denis Lavagne se trouve à présent en position de force même si elle va effectuer deux déplacements périlleux: à Sfax dimanche, et à Tunis pour croiser le fer avec l'Espérance dans une semaine. Le facteur fraîcheur physique va énormément peser dans la gestion de cette ligne droite. Défense: les boulevards clubistes El Ifa était replacé à droite de l'arrière-garde clubiste en remplacement de Agrebi, suspendu. Ce retour aux sources (comme latéral droit) pour cet international totalement en perdition cette saison a été au final fatal pour ses couleurs.Le 112e classique ESS-CA sera décidé par un but sur lequel El Ifa assume la plus grosse part de responsabilité. A la 11e minute, Drame, dans son style particulier, se déjoue de Bilel en le lobant, percute sur ce couloir, laisse sur place Jmel, lequel s'emmêle les pinceaux, et place le cuir sous le ventre d'un Dkhili inconsolable. D'ailleurs, le jeune portier «rouge et blanc» laissa son équipe jusqu'à la dernière seconde dans le match en effaçant un but sur la balle du break ratée par Sassi (45+3'), puis en repoussant la frappe limpide de Drame (54'). Le retour de Jmel n'a pas été plus fructueux. L'ancien Etoilé parut à court de compétition. Sans la présence à ses côtés d'un rugueux Yaakoubi, la défense aurait pris l'eau tellement des boulevards s'offraient devant Drame, Yahia et Sassi. En face, Falhi conduisit avec son expérience consommée une défense compacte et qui ne concéda que très peu de balles arrêtées. Brigui et surtout Abderrazak furent moins entreprenants en phase d'attaque par prudence, mais aussi et surtout par manque de jambes. Boughattas couvrit énormément de ballons joués dans le dos de Brigui. Alors que Ben Ayoub ne fit guère regretter Mathlouthi puisqu'il s'acquitta convenablement de sa tâche sur les rares interventions qu'il eut à effectuer. Milieu: le bloc étoilé La bataille du milieu a fait rage hier, récompensant la plus grande vitesse et la recherche de la reconversion rapide démontrées par les locaux. Les médians de Lavagne furent plus efficaces dans le repli parce qu'ils ont su couvrir leur arrière-garde de la première à la dernière minute. Le couloir par lequel percutait Haddad, auquel il arriva de permuter avec Hedhli, était cadenassé. Résultat: aucune occasion des visiteurs dans les premières 45 minutes. Profitant de la baisse physique sensible des copains de Sassi dans la dernière demi-heure, le milieu clubiste prit à son tour les commandes de la partie sans toutefois réussir à mettre les attaquants en position de créer le danger. Hedhli joua beaucoup de ballons devant le tandem de pivots Baratli-Lemouchia. Mais à l'image de Zitouni en première période, il ne réussit jamais à créer les décalages et à transpercer la muraille étoilée. Le bloc étoilé parut hier infranchissable, Wael Belakhal dut céder sa place en faveur de Khaled Yahia. Namouchi abattit un travail obscur de couverture, tout comme Belaid qui se ressentit des efforts produits à Béjaïa. Attaque: paradoxes Comment ne pas s'incliner devant la classe cristalline de Drame, l'homme qui fit basculer ce classique et peut-être aussi le play-off ? Voilà le jeune Malien prendre en main pratiquement tout le compartiment offensif, exprimant une rare générosité et une vitesse étourdissante (n'est-ce pas El Ifa et Jmel ?) Comment ne pas aussi s'étonner face à l'indolence d'une attaque clubiste incapable de se créer une occasion digne de ce nom? Paradoxe significatif: l'occasion la plus dangereuse neutralisée par Boughattas échut à ...Bilel El Ifa qui conclut du gauche, pas son meilleur pied, une ouverture de Kasdaoui (45+2'). Drame, Sassi et Jaziri, entré dans les dix dernières minutes, ont été formés au club. En face, Haddad (et son remplaçant Nafti), Kasdaoui, et derrière eux Djabou, Hedhli, Zitouni, Baratli et Lemouchia viennent tous d'ailleurs.