Katakitoubni ! Devinez qui a rendu célèbre ce slogan repris par les jeunes de son époque ? Ou encore Assad el ghab taouil ennab (le lion de la forêt aux machoires féroces) ? C'est la sympathique Zinet Sedky qui nous a quittés, il y a 31 ans, laissant derrière elle un patrimoine artistique des plus imposants. D'ailleurs, l'Etat égyptien lui a décerné les plus hautes décorations, lui réservant une retraite royale pour le reste de sa vie en reconnaissance à son apport au cinéma égyptien. Qui est Zinet Sedky ? De son vrai nom Mervet Othman Sedky, Zinet Sedky a vu le jour en 1913 dans une famille modeste d'un quartier populaire d'Alexandrie. Elle a été engagée comme danseuse à la salle de Badiâa Massabni. Tougou Mezrahi, le célèbre producteur et réalisateur de cinéma, l'a choisie un jour pour jouer le rôle d'une bonne dans le long métrage Tahya essettat (Vive les dames) en1943. Ce personnage allait longtemps lui coller à la peau et établir sa réputation. En effet, ce fut là le point de départ de dizaines de films parmi lesquels nous citerons Nadaja, Ambar, Ghazl el banat, Ahébak inta. Des duos inoubliables Zinet Sedky compose des duos entrés dans la légende avec Ismaïl Yassine et Abdessalem Naboulssi. Avec le premier, elle jouera Afritet Ismaïl Yassine (l'ogresse d'Ismaïl Yassine), Ibn Hamidou, Sahibet El Isma, Ismaïl Yassine fi moustachfa el majadhib (Ismaïl Yassine dans l'asile des aliénés)… Avec le second, elle jouera dans Charaâ el hob (l'avenue de l'amour), Habib hayati (la passion de ma vie), Hallak essaydat (le coiffeur des dames)… Au début des années 1960, Zinet Sedky prit quelque peu ses distances. Sa présence au cinéma se faisait de plus en plus rare, incarnant des rôles dans Mafich tafahom (il n'y a pas d'accord), Maâboudet el jamahir (l'idole du public), Donia el banet (l'univers des jeunes filles)… Dans les années 70, sa production se faisait encore plus rare, se contentant de quelques brèves apparitions dans Assarab (le mirage), Bint ismouha Mahmoud (une fille nommée Mahmoud). Célibataire, tendre et généreuse Sur un plan personnel, Zinet était restée toute sa vie célibataire. Pourtant, elle engagea plus d'un projet de mariage qui n'était pas allé à terme. Il en fut ainsi de sa liaison avec un officier de la marine et avec le comédien Ibrahim Fawzi, plus connu sous le nom d'Ibrahim Jaklah, décédé dans un accident de la circulation en 1953. Depuis, Zinet Sedky, profondément marquée par cette issue tragique, n'a plus cherché à conclure une nouvelle liaison. Pour se consoler, elle allait se consacrer à l'éducation de ses neveux et nièces. Jusqu'à sa mort en 1978, laissant le souvenir d'une comédienne qui fit le bonheur des cinéphiles arabes. Pince-sans-rire, sa simplicité et sa spontanéité donnaient souvent le vertige tant elle savait amuser la galerie aux côtés de Abdessalem Naboulsi et Ismaïl Yassine. Son nom évoque automatiquement le personnage d'une bonne inondant un foyer de bonheur par ses formules croustillantes et par son rire éclatant. On a toujours peine à la voir incarner un autre rôle plus sérieux et sortant du canevas dans lequel l'avait habilement placé son premier mentor, Tongo Mezrahi, tant ce personnage lui allait comme des gants et illustre en même temps sa nature gaie. Chatoyante et rusée, en un mot, Zinet Sedky est une drôle de fée qu'il ne faut jamais prendre au sérieux ! Tendre et généreuse, elle consacra son célibat aux autres et à ses neveux qu'elle entourait d'un amour comme s'ils étaient ses propres enfants. Evidemment, ce genre de personnage est de plus en plus difficile à trouver dans un siècle gagné par l'égoïsme, la cupidité, l'hypocrisie et l'indifférence.