Elaboration de listes fiabilisées de partenaires/importateurs potentiels pour les produits et services prioritaires Dans une étude portant sur les exportations tunisiennes vers les pays de la zone Uemoa (Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Mali, Niger, Sénégal, Togo et Guinée-Bissau) récemment présentée par le Centre de promotion des exportations (Cepex), le niveau des échanges économiques s'avère assez loin de ce qui est escompté. Les chiffres tablent en effet sur les les 190 MDT en 2010 pour ce qui est des exportations tunisiennes vers ces pays. Ces exportations sont générées à plus de 40% par des produits agroalimentaires, tels que les pâtes alimentaires, le couscous et la margarine, entre autres. S'y ajoutent d'autres secteurs relevant des domaines du papier hygiénique, des couches bébés, de l'industrie chimique et de l'industrie métallique et métallurgique. Les trois premiers partenaires commerciaux de ces pays sont respectivement la France, le Nigeria et la Chine. Les deux premières économies de la région sont la Côte d'Ivoire et le Sénégal. L'étude fait également remarquer que les importations de services de l'Uemoa ont connu une importante évolution en quatre ans et que les flux d'IDE ont significativement augmenté. Ce, en raison des programmes de privatisation mis en place. Ces programmes concernent des secteurs-clés tels que la finance, les télécommunications et l'extraction minière. Opportunités identifiées pour la Tunisie Les opportunités à explorer par la Tunisie dans les huit pays de l'Uemoa totalisant 95 millions d'habitants, et dont le PIB s'élève à 70 milliards de dollars, sont à la fois multiples et diverses. Concernant les produits à exporter, l'étude montre qu'il y a lieu de focaliser l'intérêt sur les médicaments, la margarine, les pâtes et couscous, les composants et dispositifs électriques (compteurs, disjoncteurs, câbles,...), le papier hygiénique (couches bébé, serviettes,...), les emballages et les conserves de tomates. Pour ce qui est des services à exporter, s'affichent en premier les services d'enseignement, la formation professionnelle, les études et l'ingénierie, le BTP et les TIC, les services de soin, l'énergie électrique, l'eau et l'assainissement, les services de formation, de conseil et d'assistance technique et le tourisme. Or, il se trouve que la présence tunisienne dans les pays dont il est question est encore très faible. D'ailleurs, l'on compte uniquement 6 bureaux d'études et d'ingénierie, 6 implantations commerciales et 2 bureaux de représentation commerciale. L'on dénombre également 332 travailleurs, dont 113 cadres, 102 ouvriers et 117 professions libérales. D'où la nécessité de résoudre les difficultés afin de renforcer la présence tunisienne dans cette région du continent. Une offre tunisienne souvent peu adaptée Les difficultés rencontrées par les entreprises tunisiennes sont multiples et variées. Du côté de la Tunisie, l'on évoque des coûts de transport et «transit time » élevés, des problèmes de visa pour les clients, une offre tunisienne souvent peu adaptée aux marchés des pays de l'Uemoa, une information défaillante, un manque d'accompagnement, des difficultés de financement et non-éligibilité à certains financements internationaux (l'on ne sait pas pourquoi, d'ailleurs), une insuffisance de couverture par les assurances, un manque de coordination entre les structures tunisiennes d'appui et des procédures douanières contraignantes pour les sociétés civiles immobilières (SCI). Du côté de l'Uemoa, l'on parle de droits de douane élevés, d'instabilité politique et d'insécurité dans certaines régions africaines, d'un haut niveau de corruption, de risques d'insolvabilité élevés, d'une forte propagation de produits contrefaits, d'une insuffisance des infrastructures locales, d'un manque de ressources humaines qualifiées et d'un coût élevé de certains facteurs. Une stratégie axée sur cinq volets Dans le cadre de sa stratégie visant la promotion des échanges économiques avec les pays de l'Uemoa, le Cepex identifie cinq volets à travailler. Il s'agit notamment de la politique générale des relations avec les pays concernés, des mécanismes de financement et d'assurance, de la veille et de l'assistance sur les marchés, de la promotion et de l'aide et de la collaboration tuniso-italienne. L'on peut retenir du premier volet certaines mesures de sauvegarde afin de dissiper les craintes et d'assurer un appui politique et des mesures de soutien. S'y ajoutent consécutivement, la facilitation des procédures d'obtention de visa pour les ressortissants des pays de l'Uemoa, l'éligibilité des sociétés tunisiennes aux financements européens en Uemoa et la conduite d'actions caritatives dans la zone, perçues comme moyens d'entrée dans ces pays en nouant des relations avec les décideurs. S'agissant du deuxième volet, une grande importance est accordée au financement des implantations tunisiennes dans la zone, à la création d'une Sicar Afrique en s'inspirant des exemples marocain, chinois et italien et à l'assurance des exportations vers l'Uemoa en engageant des démarches auprès de la Banque africaine de développement (BAD) pour la création d'un réseau d'information Afrique. Pour une veille et une assistance plus pointues sur les marchés, le Cepex envisage de créer une unité d'assistance Afrique/Uemoa, ayant pour tâches le pilotage du plan d'action, l'information et le conseil des entreprises tunisiennes et la tenue et l'actualisation des bases de données relatives aux pays concernés. La même institution prévoit également la création d'un portail Uemoa où l'on rassemble données sur les pays, législation et régime en vigueur, commerce extérieur des pays de l'Uemoa, coordonnées utiles, opportunités et listes des opérateurs. Tout au plus, l'on prévoit l'élaboration de listes fiabilisées de partenaires/importateurs potentiels pour les produits et services prioritaires en plus de la mise en place d'un annuaire des Tunisiens implantés en Uemoa et l'engagement de certains conseillers en commerce extérieur. La stratégie est, de surcroît, axée sur la promotion des aides et actions caritatives au profit des populations de ces pays ainsi que sur la promotion de la collaboration tuniso-italienne pour une meilleure présence dans la région. Mais la question qui se pose au-delà du théorique est de savoir à quand le passage à l'action. Car les Tunisiens et la Tunisie ont en marre des phrases toutes faites.