La réglementation thermique n'est pas suffisante si elle n'est pas bien appliquée sur le terrain par un meilleur contrôle des constructions, une utilisation appropriée des matériaux et une formation de haut niveau Le manquement à l'application de la réglementation thermique des bâtiments peut avoir des conséquences fâcheuses à terme. En effet, alors que les pouvoirs publics encouragent la construction selon les règles d'économie d'énergie, les différents intervenants ne tiennent pas toujours compte sur le terrain d'un tel impératif, sans doute par manque de contrôle et de suivi. D'où la poursuite des constructions dans toutes les régions qui ne tiennent pas compte de l'emplacement des bâtiment — qui doit être bien étudié — ni des matériaux de construction peu énergivores et qui contribuent au bien-être des habitants. C'est dans ce cadre qu'un atelier de travail sur «la mise en œuvre d'un plan d'action visant le renforcement de l'application de la réglementation thermique des bâtiments en Tunisie» a été organisé hier à Gammarth par l'Agence nationale de maîtrise de l'énergie (ANME) en collaboration avec la Coopération allemande (GIZ) et l'Agence française de développement (AFD). Un appui technique Au programme, présentation des résultats de la phase 1 du diagnostic et de l'analyse de la réglementation thermique des bâtiments en Tunisie et de la phase 2 «Benchmarking» de l'étude de M. Kais Tabka, consultant national. Il s'est avéré que les intervenants dans le domaine du bâtiment ont une assez bonne connaissance de la réglementation en vigueur. Cependant, l'absence d'une mission claire des concepteurs en efficacité énergétique constitue une lacune à combler. Il est nécessaire aussi, selon l'orateur, d'assurer une formation en la matière des principaux intervenants dans le secteur. La mise en place d'un appui technique serait d'une grande utilité, sans oublier, bien sûr, la sensibilisation du grand public constitué essentiellement d'acheteurs. Une étude comparative de trois pays, en l'occurrence la France, l'Italie et l'Espagne a été présentée par M. Pierre Baillargeon, consultant international. L'analyse des bonnes pratiques en matière de réglementation thermique de ces trois pays permet de tirer plusieurs enseignements utiles. D'abord, un premier constat permet de conclure que la préparation d'une réglementation est nécessaire, mais n'est pas suffisante pour assurer le succès sur le terrain. Ces pays ont compris que la formation est indispensable et ont mis, à cet effet, des programmes appropriés à l'intention des intervenants concernés et notamment les architectes et les ingénieurs. Un travail reste à faire toutefois pour les autres spécialités, comme celle qui concerne les contremaîtres. La certification est obligatoire A titre d'exemple en Espagne, 140 formations sont disponibles avec un budget de l'ordre de 1.6 million d'euros pour la période 2007-2008. Une formation additionnelle est assurée pour les années suivantes. En parallèle, la communication du grand public n'est pas négligée étant considérée comme essentielle. Les trois pays européens en question ont mené des activités permanentes dans ce sens. Par ailleurs, des normes ont été établies pour les matériaux de construction et les fournisseurs doivent s'y conformer. Un appui technique est disponible au niveau européen à la faveur d'un réseau des spécialistes. La certification est obligatoire pour tous les bâtiments. Le document doit être accompagné d'une transaction (achat ou location). Un certificat est élaboré pour chaque immeuble. En France, par exemple, des organismes sont chargés d'une telle certification. Le contrôle de conformité de la construction et même du chantier est également assuré et ne se limite pas au permis de bâtir. Des sanctions sont prévues pour les contrevenants à la loi. En effet, les travaux non conformes sont passibles d'une amende croissante avec possibilité d'emprisonnement. Les experts sont aussi concernés par les sanctions s'ils n'assument pas leur tâche conformément à la réglementation en vigueur. Le débat qui a suivi les communications a abordé plusieurs thèmes dont celui renforcement du contrôle des bâtiments en utilisant un logiciel mis au point par des compétences tunisiennes et qui peut être amélioré à l'avenir. Les matériaux de construction ont été également cités. Le plâtre semble une matière avantageuse pour les constructions économes en énergie et peut remplacer dans certaines conditions le ciment dont la fabrication est énergivore. Le Centre technique des matériaux de construction, de la céramique et du verre, effectue d'ailleurs des essais pour définir les matériaux les plus compatibles à l'économie d'énergie dans les bâtiments. Le cahier des charges établi par le ministère de tutelle devrait tenir compte de ces matériaux dans la construction des bâtiments civils. Un intervenant a plaidé pour un encouragement des concepteurs pour l'utilisation des techniques thermiques. La formation dans les établissements universitaires en matière d'efficacité énergétique dans les bâtiments a suscité l'intérêt de plusieurs spécialistes. Un intervenant a proposé une meilleure implication des ingénieurs dans l'élaboration des programmes en la matière, soulignant qu'il existe actuellement une rupture entre l'Université et l'entreprise. Nous y reviendrons.