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Grands talents, petit public
Karim Ziad, Hamid Kasri et Mohamed Ali Kammoun à Carthage
Publié dans La Presse de Tunisie le 17 - 08 - 2013

Malgré un plateau des plus alléchants et la présence de l'excellente Sonia M'barek, le public a brillé par son absence. Désolant.
Mercredi dernier, la musique néo-tratiditonnelle et les métissages artistiques étaient bien à l'honneur à l'amphithéâtre romain de Carthage. La première partie de la soirée était confiée à deux artistes de grand calibre et d'envergure internationale : nous avons nommé le batteur algérien d'exception Karim Ziad et l'ambassadeur de la musique gnawa, le maâllem marocain Hamid Kasri. La direction du festival international de Carthage ne pouvait vraiment pas mieux choisir... La seconde partie, elle, était réservée au spectacle Margoum signé par le jeune et non moins talentueux pianiste et compositeur tunisien Mohamed Ali Kammoun.
Fusion réussie...
A son entrée sur scène, Karim Ziad a invité les spectateurs assis sur les gradins à venir remplir le vide de la partie chaises. De toute évidence, un artiste de telle dimension, jouant sur les grandes scènes du monde et accompagnant des stars comme Cheb Mami, Joe Zawinul et bien d'autres, n'est pas habitué à se produire devant un public aussi peu nombreux ! Et peu nombreux, le public l'était vraiment ce soir-là, comme il l'a d'ailleurs été lors du récital de Alim Kazimov et de Mohamed Moatamadi..., malheureusement. Un forcing de communication est absolument nécessaire pour que ce genre de spectacles (de qualité) ne passent plus inaperçus.
Pour en revenir aux deux virtuoses et charismatiques Karim Ziad et Hamid Kasri qui ont souvent joué ensemble, ils ont présenté plusieurs morceaux, fusions jazz-gnawa. Le résultat : un foisonnement rythmique qui mêle les meilleures influences des airs traditionnels maghrébins, plus particulièrement la musique soufie gnawie, et des sonorités occidentales. Des mélodies envoûtantes, bien que de cultures et d'univers différents, semblaient couler de source, ce qui témoigne de la justesse de la composition, de l'arrangement et du jeu. Les timbres du gombri, des qraqeshs, de la batterie, de la guitare, du saxo et du piano fusionnaient ensemble, sans s'estomper, donnant à écouter une musique métissée et hautement colorée, accompagnant la voix puissante du Maâllem Hamid Kasri qui interprétait des chansons du répertoire confrérique. Pour ceux qui ne le connaissent pas, ce maître musicien est un descendant d'une longue lignée gnawie ayant appris à jouer du gombri dès l'âge de sept ans et ayant réussi à fusionner la musique gnawa du nord et celle du sud. Il est à lui seul un patrimoine vivant, détenteur d'une longue et précieuse tradition. Actuellement, il est considéré comme une véritable référence dans ce genre. Se produisant dans le monde entier, il a hissé son héritage musical au standard international et lui a offert une notoriété indiscutable.
...et show assuré !
La musique jouée ce soir-là à Carthage était un vrai régal pour l'ouïe ! Une musique dont les couleurs s'écoutent et... se voient ! Eh oui! Le show était largement assuré pendant ce concert. Hamid Kasri était, en effet, accompagné par quatre choristes-joueurs de qraqeshs qui, vêtus de djellabahs bleues chatoyantes avec des broderies rouges et jaunes et de coiffes on ne peut plus surprenantes, ont présenté des tableaux de danses et des acrobaties traditionnelles typiques des gnawis. La symbiose avec les quatre musiciens occidentaux présents sur scène n'était pas absente, l'humour non plus. Loin s'en faut ! Et pour clore la première partie en beauté, Karim Ziad a joué avec toute son énergie un morceau dans lequel il a montré ses prouesses de grand batteur. Une magnifique performance. Ce fut tout simplement grandiose !
Tout de suite après, les artistes ont quitté la scène cédant la place à une création cent pour cent tunisienne : Margoum de Mohammed Ali Kammoun...
Un brin de déception
Nous ne le cachons pas. Nous attendions de découvrir le nouveau spectacle de Mohamed Ali Kammoun et surtout, de le voir se produire, enfin, sur la prestigieuse et mythique scène de l'amphithéâtre romain. Il le méritait amplement, sans aucun doute. En effet, cet artiste est un compositeur - pianiste d'exception. Il est, actuellement, l'un des meilleurs et rares jazzmen tunisiens dont le talent est connu -et reconnu- par le cercle fermé des spécialistes. Il a été l'initiateur de plusieurs projets et a joué dans la cour des grands à l'échelle internationale. Mais pour le grand public local, cet artiste, enseignant-chercheur de son état, est quasiment un inconnu, malgré tous les efforts personnels qu'il fournit ; ce qui n'est pas sans générer une frustration tout à fait compréhensible. Mais nous le savons tous, il est loin d'être le seul dans notre pays à souffrir des problèmes de production, de montage financier, de médiatisation ...
Mohamed Ali Kammoun s'est produit ces quelques dernières années, avec son Oriental jazz quintet, essentiellement, au Palais d'Ennejma Ezzahra (maison du Baron d'Erlanger) ainsi qu'au Palais El Abdellia, recueillant la satisfaction quasi unanime des critiques. Nous avons salué, sur ces mêmes colonnes, la qualité de son spectacle Tunisology, présenté le 13 août 2012, un concert excellentissime ! Pour Margoum, donc, nous nous attendions à une création de plus grande envergure, qui allait confirmer le talent de ce musicien.
Dali, comme on l'appelle, était accompagné par une cinquantaine d'artistes dont l'Ensemble orchestral de Tunisie. Il a présenté huit pièces, certaines sont des compositions personnelles (Blues Turan, Ya Rab, La voix du martyre et Way to Africa), d'autres sont de nouvelles interprétations de chansons patrimoniales tunisiennes (Zaâma ennar, Sirtu, Bab Darik et Wajaatouha), renouvelées et mises au goût du jour. Tous les morceaux ont été arrangés par l'artiste lui-même qui a été fidèle à son propre cachet et à son approche personnelle donnant des œuvres musicales dans le style néo-traditionnel (bien que le terme soit assez générique), mêlant jazz et mélodies autochtones d'antan dans une vision très contemporaine, entrant dans la World music.
Chapeau bas les musiciens !
Comme d'habitude, l'exécution musicale frôlait la perfection. C'est que Mohamed Ali Kammoun a fait appel aux meilleurs musiciens, tous jeunes de surcroît. Chapeau bas, vraiment ! Mais voilà que la malchance vient faire des siennes : un problème technique au niveau de la sono est survenu obligeant les artistes à interrompre leur prestation, pendant près de cinq minutes, et les techniciens à effectuer les ajustements nécessaires sur place. Le maestro n'a pas pu garder son sang-froid. Alors là, pas du tout...
Contrairement à ce que nous imaginions, le programme de Margoum (nous avons beaucoup de réserves sur le titre, mais passons...) était presque identique à celui de Tunisology présenté en 2012. Nous nous attendions à une création tout à fait nouvelle. Ce ne fut pas le cas. Mais cette fois, Mohamed Ali Kammoun a fait appel à l'excellente et reconnue Sonia M'barek qui a interprété trois titres. Une « opération » marketing qui n'a pas, hélas, pas apporté ses fruits, le public n'ayant pas répondu présent, comme nous le disions plus haut. Le vocaliste Riadh Arous a, quant à lui, interprété avec brio « La voix du martyre ». Par ailleurs, on ne saurait ne pas évoquer « Zaâma ennar » que Mohamed Ali Kammoun a réarrangée et présentée dans une « folle version » -selon ses propres termes- et qui a été complètement défigurée. Ce joyau du patrimoine musical était tout simplement méconnaissable ! Cela n'était pas, à dire vrai, sans nous étonner. D'abord, parce que nous connaissons le talent de l'artiste, ensuite, parce que la même chanson a été présentée l'année dernière dans une version contemporaine, sans avoir pour autant perdu de son aura. Bien au contraire.
Enfin, nous ne pouvons pas ne pas saluer la performance chorégraphique exécutée par Cyrine Douss pendant l'interprétation de «Bab Darik». Une performance qui a montré le professionnalisme de la danseuse et qui a apporté une plus-value certaine au spectacle.
Terminons par relever que se produire sur la prestigieuse scène de Carthage est généralement soit un couronnement, soit un lancement de carrière à travers un projet accrocheur. Cette fois, pour Mohamed Ali Kammoun, ce ne fut ni l'un ni l'autre. C'était un exercice essentiel et une épreuve importante. Vu son talent incontesté, sa passion sans limites et sa persévérance, son prochain spectacle fera certainement du boucan. Nous en sommes convaincus.
Bon vent !


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