Khemaïs Ksila et Noômane Fehri étaient, parmi les constituants qui se sont retirés de l'Assemblée nationale constituante (ANC), aux premiers rangs de la marche de commémoration du 40e jour de la mort de Mohamed Brahmi, qui s'est déroulée hier après-midi au Bardo. Khemaïs Ksila, porte-parole des élus retirés de l'ANC «Ennahdha doit cesser de tergiverser et écouter la voix du peuple» Nous annonçons, à partir de cet instant et de cet endroit, des actions d'envergure : dès aujourd'hui (Ndlr : hier soir) déjà, quatre de nos camarades qui se sont retirés de l'Assemblée nationale constituante (ANC) entameront une grève de la faim ouverte. Il s'agit, en l'occurrence, de Nôomane Fehri, Abdelaziz Kotti, Foued Thameur et Néjib Hila. Cela afin de faire pression sur Ennahdha et sur le gouvernement afin d'intensifier la résistance civile pacifique, car le mouvement Ennahdha fait la sourde oreille à toutes les revendications de l'opposition préférant la fuite en avant infructueuse et stérile. Ce parti a refusé toutes les solutions proposées par le quartet pour sauver le pays. Or, les solutions à la crise profonde que vit le pays existent, mais Ennahdha se considère au-dessus des intérêts du pays. Toutefois, nous sommes heureux de voir affluer des dizaines de milliers de citoyens à l'occasion de la commémoration du 40e jour de la mort de Mohamed Brahmi lâchement assassiné par des terroristes. Nous sommes heureux de voir que la mobilisation des citoyens est toujours aussi importante. Le peuple répond, encore et toujours, présent, montrant son attachement à l'initiative de l'Ugtt et du quartet. Ennahdha doit par conséquent cesser de tergiverser et de faire celui qui n'a rien vu, en écoutant, enfin, la voix du peuple. Noômane Fehri, constituant retiré de l'ANC «J'entame avec trois de mes camarades une grève de la faim ouverte» Quarante jours après l'assassinat de notre camarade Mohamed Brahmi, un grand homme politique et patriote, on se retrouve en raison du refus d'Ennahdha d'accepter tout dialogue, à la case départ comme au lendemain de l'assassinat de Chokri Belaïd. On en a vraiment marre, car le parti Ennahdha doit arrêter de prendre les Tunisiens pour des gens qui ne comprennent pas toutes les tergiversations et manipulations dont il est l'auteur. Ce mouvement doit s'aligner sur tous les partis et accepter les solutions proposées par le quartet. L'opposition a fait des concessions et réduit ses revendications, contrairement à Ennahdha qui est en train de profiter du moment pour multiplier les nominations partisanes afin de s'accaparer tout l'appareil de l'Etat, faisant perdre au pays beaucoup de temps alors qu'il est urgent de redresser la situation économique, sociale et sécuritaire. J'ai vraiment peur pour la Tunisie qui vit depuis des semaines, voire des mois, une crise politique dont on ne voit pas la fin. Cela parce que le pays vit à l'ombre d'un parti qui ne fait qu'user du double langage et de manipulations, affichant un manque de raison et de modération indéniable. Certes, il y a au sein d'Ennahdha quelques voix raisonnables et modérées, mais les autres sont carrément fascistes. Ceux-là sont en train de faire couler le bateau et le pays. Nous agissons, aujourd'hui, pour sauver le pays en appelant à la voix de la raison et du consensus. Au programme, nous avons arrêté plusieurs actions d'envergure dont notamment la grève de la faim, la compilation de dossiers sur le dysfonctionnement administratif, les dépassements commis par Ennahdha qui a montré son incapacité à gouverner le pays. Moi-même et trois de mes camarades élus allons entamer une grève de la faim ouverte à partir d'aujourd'hui (Ndlr: hier). Pourquoi cette grève de la faim maintenant, diriez-vous ? C'est pour dire à Ennahdha et à la Troïka : «Ça suffit» ! Parce qu'il est temps de trouver une plateforme commune de discussions et de négociations, car on ne peut pas continuer à naviguer à vue et dans le flou le plus total. Nous sommes prêts à sacrifier nos corps et nos âmes pour sauver notre chère Tunisie. D'autres constituants retirés de l'ANC — et même des citoyens, s'ils le désirent — vont nous rejoindre. Et quand les gens nous verront mourir ils comprendront que c'est le pays qui se meurt. Cependant demeure un espoir: trouver une solution dans les deux prochaines semaines, s'il existe réellement une volonté politique d'Ennahdha. Mais tout porte à croire que ce n'est pas le cas.