Affrontements entre la police et les habitants Sidi Alouane, petite ville du gouvernorat de Mahdia, a connu hier de graves affrontements entre les habitants et les forces de l'ordre : attroupements des citoyens devant le poste de police, protestations, jets de pierres et de pneus brûlés. Les raisons : samedi dernier au soir, un jeune de 22 ans, Sabri Sfari, a eu le visage complètement défiguré et la mâchoire inférieure fracassée par un tir provenant de l'arme d'un agent de l'ordre, suite à un contrôle de police. «Il s'agirait d'un accident dû à une balle perdue qui a atteint le jeune homme par ricochet», soutient Mohamed Ali Laroui, porte-parole du ministère de l'Intérieur. Ce qui n'est pas du tout l'avis des camarades du jeune homme avançant pour leur part : «Il s'agit d'un tir à bout pourtant provenant de l'arme d'un agent de l'ordre». D'où le mouvement de protestations. Car, des témoins de la scène ont déclaré à la chaîne de radio «Al Ayam» «que des agents descendus d'une voiture de police ont interpellé deux jeunes qu'ils soupçonnaient de s'adonner à un trafic de drogue (zatla). Mais, ces derniers ont soutenu fermement qu'ils n'étaient que de simples vendeurs de glibettes et de cigarettes. En vain. Car les policiers les ont tabassés à l'aide de leurs matraques. Un de leurs collègues a même sorti son arme, provoquant un mouvement de panique, tandis qu'un autre est descendu de la voiture et aurait tiré à bout portant sur le visage de la victime, lui fracassant la mâchoire». Le jeune blessé est dans un état critique et la mère, éplorée, réclame justice, à travers l'application de la loi à l'encontre de l'auteur de la bavure. Elle exige également la prise en charge médicale de son fils. Enquête en cours Justement, Mohamed Ali Laroui nous a précisé que «la victime a été prise en charge et qu'elle se trouve à l'hôpital militaire». Et de poursuivre : «Notre ministre, Lotfi Ben Jeddou, et le directeur de la sûreté nationale se sont rendus à son chevet. Nous déplorons ce genre de bavure qui peut avoir lieu même dans les pays les plus développés». Concernant l'auteur de la bavure, le porte-parole du ministère de l'Intérieur assure «qu'une enquête est en cours pour délimiter les faits et les responsabilités». Interrogé, de son côté, sur cette bavure aux versions controversées, Montassar Matri, secrétaire général de l'Union des syndicats des forces de sécurité tunisiennes, répond : «Jusqu'ici, l'Union ne peut ni confirmer, ni infirmer chacune des versions. Certes, on respecte la version du ministère de l'Intérieur, mais on doit se référer d'abord à l'observatoire d'investigation sur l'établissement de la vérité de l'Union, avant de se prononcer officiellement». Maintenant, concernant la multiplication des bavures et des violences policières, que ce soit à l'extérieur ou à l'intérieur des postes de police, observées par la société civile et les organisations concernées, Montassar Matri est catégorique: «Certes, ils existe des cas de dépassements, de la part des agents de l'ordre, mais ce n'est pas la norme, il ne s'agit pas de pratiques méthodiques. Bien au contraire, le rapport entre la police et les citoyens s'est amélioré, les bavures existent dans toutes les institutions et dans toutes les professions. En tant que police républicaine, nous sommes conscients de notre rôle qui consiste à protéger le citoyen et à agir conformément à la loi». Voilà un beau discours qu'on aimerait voir réellement appliqué.