Bientôt une commission de lutte contre la corruption à la Steg La Société tunisienne de l'électricité et du gaz ( Steg ) a organisé, hier à son siège, une journée d'information portant sur le management des risques à la Steg. Ce thème revêt une importance capitale vu la prédominance d'un climat général jugé propice aux divers dépassements en matière de gestion qui sont susceptibles de nuire au secteur public d'une façon générale, et aux sociétés nationales plus particulièrement. Ouvrant les travaux de cette rencontre, M. Tahar Laribi, P.-d.g. de la Steg, indique que la gestion des risques constitue un vecteur capital garantissant la sécurité des sociétés nationales. Elle représente, également, une composante élémentaire permettant aux responsables de prendre des décisions bien fondées. D'autant plus qu'elle contribue à l'efficience des efforts fournis dans l'optique de sortir de la crise. Toutefois, maîtriser et gérer les risques implique la mise en place de tout un processus stratégique ayant pour objectif suprême l'intérêt national. Ce processus ne peut être mené à bien sans un suivi et un contrôle rigoureux des différents outils d'investissement. M. Laribi insiste, par ailleurs, sur l'indispensable prévention des risques à travers la réalisation d'études prospectives. Pour la steg, préserver son image de marque en tant que principal producteur d'énergie et garantir à sa clientèle une qualité de prestations optimale tout en s'autogarantissant des bénéficies satisfaisants est un défi constant. Il faut dire que la Steg a été la première société nationale à avoir lancé, en 2009, un projet sur la gestion et la maîtrise des risques. Ce projet pour finalité d'élaborer une cartographie des risques, avec un blog déterminant l'éthique du métier ainsi qu'un guide de contrôle interne. Aujourd'hui, la Steg projette de former une commission interne de lutte contre la corruption. Puis, dans un point de presse improvisé, M. Laribi précise que ladite commission userait d'un «esprit militaire» pour sanctionner les éventuels corrompus et assainir la société. S'agissant de la situation financière de la steg, il rassure les médias en soulignant que «la société a réussi à enregistrer des bénéficies satisfaisants en comparaison avec ses homologues à l'étranger ». Sa situation financière va bien grâce surtout à la subvention qui, bien que tardive, a été octroyée par l'Etat et qui est de l'ordre de 300MD. Par ailleurs, et en ce qui concerne la tarification, M. Laribi évoque la probabilité d'une augmentation sur la consommation; une augmentation qui serait notable pour les sociétés jugées grandes consommatrices d'énergie. Communication, transparence et contrôle Prenant la parole à son tour, M. Samir Annabi, président de l'Instance nationale de lutte contre la corruption, soulève une question épineuse, qui fait couler beaucoup d'encre depuis la révolution: prévenir le risque de la corruption s'avère être un enjeu d'intérêt national. La Steg, tout comme toute société publique, fait l'objet d'innombrables dépassements contre lesquels il convient de lutter. M. Annabi insiste sur la nécessité d'établir une cartographie détaillée des risques de corruption dans les sociétés nationales. Pour lui, le rôle de l'Etat ne doit aucunement se limiter au seul financement desdites sociétés. Il doit également porter sur le suivi et le contrôle de la gestion financière. « Trois volets sont à dynamiser: la communication, la transparence et le contrôle. Ce dernier doit être assuré à trois niveaux : interne, étatique et externe », conclut l'orateur. La Direction de la production et du transport de l'électricité (Dpte) a déjà entamé une démarche d'investigation, d'identification, d'analyse et de réparation des risques. M. Mounir Kallel présente un exposé méthodique des actions menées dans ce sens et permettant de définir la cartographie des risques qu'encourent la Steg. Cette démarche a, en effet, permis de cerner 40 risques, dont 25 ayant trait à l'activité production/ transport, 8 au pilotage du système de l'électricité et 7 risques menaçant les techniques de production. Sans compter des risques d'ordre organisationnel, communicationnel et autres, relatifs aux ressources tant humaines que matérielles. «La cartographie a été établie selon deux critères: la gravité et la fréquence. Le traitement des risques doit être technique, communicationnel, organisationnel et de formation», indique l'orateur. PSP et PPP: les appuis à l'investissement Présent à la rencontre, M. Luigi Pierris, coordinateur du programme Irma à la BAD, a axé son intervention sur les risques que connaît le continent africain et qui entravent ses processus d'investissement. Certes, l'Afrique enregistre, depuis une décennie, des taux de croissance notables. Toutefois, elle ne parvient toujours pas à résoudre les lacunes qui l'empêchent d'atteindre le niveau de croissance escompté, et encore moins à séduire de nouveaux investisseurs. La détérioration de son infrastructure de base vient contrecarrer son potentiel économique. Pour preuve, l'Afrique voit sa production diminuer de 40% à cause d'une infrastructure inadéquate. « Le taux d'accès aux routes n'y dépasse pas les 34%. Mieux encore: seulement 68% de la population bénéficie de l'accès à l'eau et seulement 30% bénéficie de l'accès au réseau électrique », indique M. Pierris. Et d'ajouter que d'après les résultats estimatifs d'une étude concoctée à cet effet, l'Afrique nécessite pas moins de 67 milliards de dollars par an pour combler ses défaillances en infrastructure, et ce, jusqu'à l'horizon 2020. L'orateur met en exergue deux processus de réforme jugés fructueux et susceptibles de hisser le climat d'investissement au niveau requis. La participation du secteur privé ( PSP) et le partenariat public/ privé ( PPP) pourraient donner un souffle nouveau aux investissements dans le continent. Le Maroc, le Kenya et l'Afrique du Sud ont déjà opté pour le PSP ; un choix qui s'est avéré judicieux. M. Pierris insiste, toutefois, sur l'impératif d'établir un consensus politique afin de bien choisir les projets pertinents valant la sollicitation du secteur privé.