La production d'électricité consomme environ 40% de l'énergie primaire La dépendance du secteur de la production d'électricité au gaz naturel fait face à la limitation des ressources gazières nationales L' encouragement des interconnexions avec les réseaux voisins pour sécuriser l'approvisionnement en électricité s'avère nécessaire L'accroissement de la demande d'électricité en Tunisie est en moyenne de l'ordre de 6,8% par an au cours des cinq dernières années, taux qui devrait être ramené à une moyenne de 6,2% au cours des cinq prochaines années. Des défis doivent être relevés en recourant davantage à l'efficacité énergétique et aux énergies renouvelables même si celles-ci ne sont pas en mesure, à elles seules, de résoudre le problème de l'énergie en Tunisie. Intervenant lors de la journée d'étude sur «la diversification des sources d'énergie : défis et perspectives», organisée hier par la Société tunisienne de l'électricité et du gaz (Steg), M. Tahar Laaribi, président-directeur général de la société a indiqué que la prodcution d'électricité consomme environ 40% de l'énergie primaire dans notre pays. «La dépendance du secteur de la production d'électricité au gaz naturel fait face à la limitation des ressources gazières nationales», souligne-t-il. En effet, le gaz naturel représente, acutellement, le principal combustible utilisé à raison de 98% environ pour la production d'électricité. «Ce qui impose, estime l'orateur, de diversificer les sources d'énergie primaire pour produire de l'élecricité». Flexibilité d'exploitation du système de production La situation énergétique au niveau local se caractérise aussi par une hausse de la valeur de la subvention accordée par l'Etat au secteur de l'énergie, ce qui a un impact direct sur le budget, compte tenu de la somme allouée chaque année. La solution réside dans la transition énergétique — déjà entamée par plusieurs pays — à travers «la maîtrise de la consomamtion d'énergie par l'intensification des programmes d'efficacité énergétique dans tous les domaines». Il s'agit aussi de diversifier les sources d'énergie par la production d'électricité. D'où la nécessité d'adopter une approche globale tenant compte d'un ensemble de problématiques d'ordre technique, économique, environnemental et social. «Tous les acteurs doivent être impliqués afin d'élaborer et d'approuver une méthodologie visant de multiples intérêts et de fixer des objectifs à moyen et long terme». Même si l'intégration des énegies renouvelables est considérée comme un sujet important, il est nécessaire de préciser que celles-ci sont liées aux conditions climatiques intermittentes. «Ces ressources ne peuvent en aucun cas, au moins avec les technologies actuelles, remplacer les moyens de base ou de satisfaire les périodes de pointe», prévient le premier responsable de la Steg. Par contre, il est possible de déterminer le taux d'intégration des énergies renouvelables en prenant en compte la flexibilité d'exploitation du système de production et la capacité du réseau de transport et de distribution de l'électricité. Ainsi, l'intégration des sources d'énergies renouvelables n'est pas en mesure, à elle seule, d'assurer la continuité de l'approvisionnement en électricité à moyen et long termes. Assurer la continuité de l'approvisionnement Il est nécessaire de traiter la tranche restante qui constitue la majeure partie du mix énergétique. M. Laaribi considère comme judicieux de «donner une plus grande importance à la possibilité de l'intégration des centrales thermiques fonctionnant au charbon pour la production d'électricité afin de diversifier les sources d'énergie primaire pour assurer la continuité de l'approvisionnement et la réduction de l'impact des fluctuations des prix des produits pétroliers sur le prix de revient de l'électricité». Et de proposer une implication de la société civile dans ce domaine tout en prenant en considération l'opinion publique en matière de stratégie énergétique. En tout cas, des plans de travail associés et des consultations élargies s'avèrent nécessaires quel que soit le scénario adopté pour le mix énergétique, comme l'a précisé M. Laaribi. Les questions à traiter doivent concerner la révision du cadre législatif relatif au secteur de l'électricité et le soutien du positionnement de la Steg en tant qu'entreprise nationale citoyenne. L'autre thème à examiner concerne l'encouragement des interconnexions avec les réseaux voisins pour sécuriser l'approvisionnement en électricité. Il est question aussi de soutenir la recherche/développement et le partenariat avec les universités et les centres de recherche dans le domaine des énergies renouvelables. De son côté, M. Ridha Saidi, ministre auprès du chef du gouvernement chargé des affaires économiques, a mis en exergue l'importance d'investir dans les énergies renouvelables en vue de renforcer l'offre et répondre aux besoins des consommateurs en permanence. Il a fait l'éloge de la Steg qui compte plusieurs compétences dont certains travaillent aujourd'hui dans d'autres entreprises nationales ou dans des bureaux d'études internationaux. «Notre économie ne peut se développer sans ces enterprises phares dont la Steg», souligne-t-il. La société a pu, en effet, fournir l'électricité à tous les consommateurs d'une façon continue pendant et après la révolution et cela démontre ses performances et la qualité de ses compétences. Une occasion pour la recherche L'orateur a évoqué, par ailleurs, l'importance de la formation et du recyclage de l'effectif de la société et notamment des cadres. Les études prospectives demeurent de même nécessaires, compte tenu d'une demande en accroissement constant. Il s'agit d'approvisionner le pays en continu quel que soit le taux de la consommation et de relever les défis qui se posent non seulement à la Tunisie mais à tous les pays du monde, même dans les pays du Golfe qui sont bien nantis en ressources énergétiques. Un autre défi à relèver concerne la recherche et la maîtrise des technologies relatives aux énergies renouvelables, ce qui nécessite l'implication de la société en tant qu'encadreur et accompagnateur. Cette maîtrise technologique permet à la société d'exporter ses services dans le domaine de l'énergie verte vers plusieurs pays, d'autant plus que des projets réussis ont été lancés dans le domaine des énergies solaire et éolienne. Pour sa part, M. Mehdi Jemaa, ministre de l'Industrie, estime que l'innovation doit occuper une grande part au sein de la société qui a été apte à exporter ses services et son savoir-faire. Les défis à relever doivent garantir à la Tunisie la sécurité énergétique à l'instar de ce qui est fait pour la sécurité alimentaire. «La vraie force de toute entreprise est de se remettre en cause», souligne l'orateur. La Steg est donc appelée à examiner ses méthodes de travail car elle ne peut plus continuer à produire l'électricité comme elle l'avait fait durant des années. La société a toujours su anticiper et cela constitue une vision judicieuse à poursuivre à l'avenir. Le ministre estime, d'autre part, que le pic de la consommation en été ne doit justifier aucune coupure de courant qui est considérée aujourd'hui comme un évènement alors que, par le passé, tout le monde acceptait cet arrêt de l'approvisionnement constaté de temps à autre. Cet évènement doit, en tout cas, être une occasion pour la recherche en vue de renforcer la production. A l'occasion de cette journée, la Steg à honoré d'anciens hauts responsables et l'inventeur Anis Aouini qui a mis au point une éolienne révolutionnaire.