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Les mots sont la base de la compréhension
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 30 - 09 - 2013


Par Mustapha KRATOU*
Ce qui s'annonce chez nous est un signe de mauvais augure. Il dénote une impuissance certaine de l'intelligence puisqu'elle est décadente. Un vide moral est en train de se créer. En effet, aucun ne peut se soustraire à cette impression déprimante en comparant l'année en cours à celle de 2011 qui était porteuse de tous les espoirs du peuple.
Notre pays, plus que tout autre, devient la victime d'une dégradation sur tous les plans, à laquelle il faut parer au plus vite pour éloigner le danger abêtissant de tous les excès qui nous guettent, et ce, en adoptant une politique ferme et non molle et hésitante.
L'intérêt général nécessite une action sincère, rapide et adéquate. Tout retard ou faux pas sera d'une conséquence désastreuse.
Dès le début, le gouvernement aurait dû faire un formidable effort de mise en ordre et être saisi tout à la fois d'angoisse et d'enthousiasme ; et de leur côté, les constituants puiser dans leurs lectures et l'exil outre-mer qui a dû apprendre à certains d'entre eux le sens de la relativité et des changements nécessaires qui les prédisposent à accepter de notre révolution le morceau capital dont l'apport doit répondre positivement aux aspirations du peuple souverain.
Or, jusqu'à ce jour, ils se comportent comme ceux qui ont l'éternité devant eux. Ils tergiversent sur chaque cas. Au lieu d'exécuter le mandat de leur commettant, ils ont visé le pouvoir et sa condition et se sont embourbés dans ses sables mouvants sans se soucier que de ce fait, ils érigent en une institution permanente la période de doute, de danger et de crise, sans pour autant sortir le pays du tunnel de la transition.
Le projet de Constitution qu'ils nous livrent et en deçà de toutes les attentes. Réellement, personne ne s'y retrouve spontanément, sauf ceux qui l'ont confectionné sur leur mesure et à leur goût, alors qu'ils nous l'ont présenté comme le meilleur au monde. Il renie le caractère spécifique de notre révolution et ses principes qui constituent une bonne part de son originalité et de sa vitalité. Ce projet ne répond pas ici et maintenant aux aspirations du peuple ni à celles des hommes de bonne volonté qui nous observent de l'extérieur. Non plus, il n'est ni avant-gardiste ni futuriste. Bref, il n'est pas le projet d'une constitution murie et durable. Même la recherche du bonheur qui est une clause non écrite de toutes les constitutions n'y est mentionnée ni explicitement ni tacitement alors que c'est pour l'obtenir que notre peuple a fait la révolution. En outre, les dispositions transitoires constituent plutôt une obstruction et non une issue.
Si on interprète ce projet selon la méthode téléologique, on trouve que le but visé est celui de jeter les bases d'une dictature d'un autre ordre. La terminologie employée prête à confusion. Elle engendre des noyaux durs. On dirait que les termes saillants sont choisis à dessein, ce qui laisse entendre que c'est le plus fort qui définit le sens des mots et l'impose à son caprice. Cela me fait songer irrésistiblement à un dialogue d'Alice au Pays des Merveilles de Lewis Carroll (qui est un de mes livres de chevet), dialogue dont voici trois répliques :
« — Quand je me sers d'un mot, dit Humpty-Dumpty d'un ton méprisant, il signifie ce que je veux qu'il signifie...ni plus ni moins.
—La question est de savoir, dit Alice, si vous pouvez faire que les mêmes mots signifient des choses différentes ?
—La question est de savoir, dit Humpty-Dumpty, qui est le plus fort...et c'est tout. »
On est exactement là : Il faut savoir que les mots constituent pour tout le monde des lieux communs qui sont à la base de la compréhension et, partant, de toute vie sociale et politique. Une fois que ces lieux communs se détruisent, la parole se détruit et on aura des slogans et des mots d'ordre simplistes qui peuvent mener parfois au désordre et à l'anarchie. Et l'on pourra changer le sens des mots selon les besoins de la cause sept fois par an. C'est ainsi que le mot liberté, que tout le monde invoque, peut signifier pour l'économiste libéral qu'il peut ruiner le voisin par le jeu de la concurrence ; pour l'individualiste anarchisant, ce sera refuser d'obéir à l'Etat et à ses lois ; pour un tel autre, la liberté sera tout simplement la permission de dire à haute voix ce qu'il pense.
Tout récemment, un conseiller politique de la présidence de la République déclarait que notre révolution est un coup d'Etat. Déjà, bien avant lui, le camarade Molotov, alors ministre soviétique de la Défense, déclarait aussi que le mot d'agression avait changé de sens, « les évènements lui ayant donné un contenu historique nouveau », exactement inverse de l'ancien.
Si vraiment il est de même pour notre révolution, elle se trouve du coup dépréciée et c'est l'effort de tout le peuple qui est mis en question.
L'on se demande alors si un jour, elle ne deviendra pas selon le besoin de quelque autre cause une simple jacquerie.
En l'état où sont les choses, faut-il relire l'ouvrage de George Orwell intitulé «Nineteen Eighty Four» pour mieux comprendre le «newspeak» dont il parle et qu'on voit employé dans la pratique quotidienne ?
Clairement, il faut comprendre que la sincérité du langage et la netteté des conceptions appartiennent au nombre des conditions préalables qui nous aideront à dominer une ère tristement célèbre par la mythomanie foncière des dirigeants et le travestissement intolérable des paroles.
À vrai dire, une certaine confusion résulte de la mauvaise habitude prise d'employer sans réflexion ni précision des termes qui ont une désignation pompeuse, même dans des cas où il s'agit de choses plus innocentes, voire de nécessités manifestes.
Nos politiciens ainsi que nos constituants échangent des paroles en plus grand nombre que jamais, et ils ne se disent rien qui compte, nous conduisant de cette manière de dédale en dédale.
Que de temps perdu pour rédiger un tel projet qui n'acquiert pas l'unanimité de ceux qui ont eu la chance de le lire et qui, pour certains, il ne dépasse guère le stade des écrivailleries.
Maintenant, si l'on veut éviter le retour d'une nouvelle dictature de quelque ordre qu'il soit, qui ferait tomber sur nous la nuit de la période prérévolutionnaire, il faut reconstruire notre pays de telle sorte que nous puissions y vivre sous un régime démocratique qui ne compromet ni nos libertés ni n'abaisse notre dignité en tant qu'êtres humains ; et un tel régime ne peut exister que dans une constitution qui le consacre avec tous les droits fondamentaux des citoyens, les trois pouvoirs nettement séparés avec les attributions et compétences inhérentes à chaque institution.
Pour ce faire, il faut sans tarder parachever ladite Constitution soit en la révisant partiellement en y ajoutant des articles intercalaires, ou tout simplement en y apportant les retouches nécessaires et adéquates qui font disparaître les tares et les carences.
Et quelle que soit la procédure à suivre, le travail à entreprendre doit être, en l'occurrence, celui de constitutionnalistes confirmés, experts en la matière, rompus à la technique juridique, comparatistes de surcroît, doués d'un sens civique aigu , qui respectent les revendications centrales de notre révolution et seront amenés à considérer notre monde actuel sous une perspective particulière, à s'en tenir à l'essentiel plutôt qu'à l'accessoire, à préférer le constant au versatile, le solide à l'instable, les longues périodes à l'instant, et surtout à mettre au premier rang non pas leur modeste personne, mais la responsabilité que nous devons assumer à l'égard de notre peuple, de l'héritage du passé et des promesses de l'avenir.


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