Des films qui relatent le combat quotidien des femmes dans le monde. La deuxième édition du festival international du film des droits de l'homme a mis à l'honneur la femme, ses rêves, ses aspirations, ses maux, son combat au quotidien, son courage, sa force et sa hargne. L'on a vu cela, entre autres, à travers la caméra de Fadi Haddad dans son long métrage «When Monaliza smiled» qui était en compétition avec 7 autres films dans la catégorie «Films et Femmes» (tous métrages confondus). L'on cite également le poignant documentaire «Salma», un incroyable récit sur la détermination et le courage d'une jeune Indienne musulmane. Nos jeunes cinéastes tunisiens avaient, aussi, leur mot à dire sur le sujet. Parmi eux figure Kamel Laâridhi et sa fiction en court métrage «Femme et demie». Le film est une commande sollicitée dans le cadre de la campagne «Ana houna» (je suis là) qui ambitionne de sensibiliser sur les inégalités actuelles que subissent les femmes dans le monde du travail. Aidé pour le scénario par deux femmes, Abir Gasmi et Chema Ben Chaâbène, Kamel Laâridhi a abordé la question à travers le portrait de deux jeunes femmes. La première s'appelle Emna (rôle campé par la même Chema Ben Chaâbène), juge aux affaires familiales, qui a réussi professionnellement et qui n'a vraisemblablement pas de problèmes financiers. Condition de femmes travailleuses Etant mère d'un jeune garçon, assez prise par son travail et n'ayant personne pour le garder, elle est dans l'obligation d'employer une femme, pour garder son fils pendant la journée. Et c'est là qu'entre en jeu le deuxième personnage, Hajer (Amira Derouiche), issue d'un milieu défavorisé avec un faible niveau d'instruction, qui se fait embaucher par cette dernière. Bien qu'appartenant à deux mondes différents, les deux femmes ont en commun cette double responsabilité qu'elles doivent assumer au quotidien, mères de famille dévouées et travailleuses honnêtes et responsables. «La condition de la femme, épouse —mère— travailleuse dans une société traditionnelle, est examinée dans deux cas n'appartenant pas à la même catégorie sociale, l'idée étant de faire se croiser différentes réalités féminines», nous a confié Moncef Taleb, l'un des producteurs du film. Malgré l'effort et la qualité du produit qui est assez correcte, le film n'a franchement rien de saisissant et vient retracer, d'une manière très linéaire, le même récit récurrent sur la condition de la mère travailleuse. La narration, malheureusement, était fade et a manqué de vie. Chiraz Bouzidi, dans le même cadre de la campagne «Ana houna», a choisi, de son côté, de mettre la lumière sur le calvaire d'une femme du Nord-Ouest tunisien qui habite au village «Ennajeh» (succès). Pourtant, le terme est très loin de refléter la vie du village ni celle de cette mère de famille qui subvient aux besoins des siens en faisant le tri, pour une petite misère (60dt par mois), dans un dépotoir municipal. C'est le cas de bien d'autres femmes de la région qui subissent la paresse de leurs époux et se retrouvent obligées de faire bouillir la marmite dans des conditions désastreuses. «Tout ce qui compte pour moi, c'est l'avenir de ma fille, c'en est fini pour moi», lance la femme, désespérément, à la fin du documentaire. Une phrase qui résume le désarroi de cette mère obligée d'enterrer dans ce dépotoir son être de femme. Un autre documentaire dans le même registre s'est démarqué par l'originalité et la pertinence du sujet qu'il traite, il s'agit de «Kung- Fu Grandma» de Jeong One Park. Le film tire son originalité des personnages que le réalisateur met à l'honneur. Il s'agit d'un groupe de femmes, âgées de cinquante à quatre-vingts ans, ou «Grandma», qui vivent dans un bidonville au Kenya et Nairobi où règnent l'insécurité et le crime. Elles décident d'apprendre le kung-fu pour pouvoir se défendre contre les violeurs de grands-mères. En effet, un phénomène des plus vicieux fait ravage dans la ville de Korogocho : des violeurs préfèrent s'en prendre aux vieilles personnes, croyant minimiser les risques de contaminations par le VIH. La caméra du réalisateur suit ainsi ces courageuses «Grandma» dans leur lieu de travail (elles font également le tri dans un dépotoir), fréquenté par les drogués et les délinquants de tous genres. Après le travail, elles se rendent directement à leur cours de kung-fu, elles y apprennent dans la joie et la bonne humeur les bases de cet art de défense. Le film tire l'éloquence et la force de son propos de ces femmes fortes et courageuses qui, malgré la misère et l'insécurité, expriment, par leur geste, leur soif de vie «Nous sommes là, nous vivons toujours, nous ne nous laisserons pas faire malgré l'âge et nous sommes déterminées à défendre nos vies qui demeurent malgré tout précieuses», semblent vouloir nous dire ces grands-mères. Des femmes qui ne possèdent rien, hormis leur volonté et leur joie de vivre qui viennent narguer la misère affligeante qui les entoure!