Accusé d'obéir aux ordres du Quartet, parrain du dialogue national, le président de l'ANC est sur un siège éjectable Branle-bas, hier, à l'hémicycle de l'Assemblée nationale constituante au Bardo. Les députés légitimistes qui ont adopté la veille la loi portant création de l'instance nationale pour la prévention de la torture ont programmé hier une séance plénière sur le thème : «La situation générale dans le pays et le dialogue national». Sauf que le Dr Mustapha Ben Jaâfar, président de l'ANC, a essayé d'ajourner la séance plénière «sous le prétexte que la secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères ne pouvait pas assister à la séance» comme le confie à La Presse le constituant indépendant Néjib Hosni. «En réalité, ajoute notre source, Ben Jaâfar ne faisait qu'obéir à la délégation du Quartet parrain du dialogue national qui l'a rencontré, mardi dernier, pour lui demander de suspendre de nouveau les activités de la Constituante. Vaine tentative puisque les constituants ont refusé l'intervention de Ben Jaâfar et ont imposé la tenue de la séance plénière sous la présidence de Meherzia Laâbidi, première vice-présidente de l'ANC». Interrogé sur la teneur de la rencontre que les constituants légitimistes ont eue, hier, avec Ali Laârayedh, chef du gouvernement provisoire, Néjib Hosni précise : «Nous sommes allés voir le chef du gouvernement pour réaffirmer notre attachement à la légitmité et pour rappeler notre position exprimée le 8 octobre dernier avalisée par 113 constituants. Nous considérons que le gouvernement Laârayedh ne pourra démissionner qu'après l'aval de l'ANC. Sur le plan pratique, la dissolution du gouvernement Laârayedh ne peut intervenir qu'à la suite de la formation du prochain gouvernement. Notre position est motivée par des raisons de principe et des raisons pratiques». La séance plénière reste ouverte «Dans le but de prévenir une nouvelle réaction de Mustapha Ben Jaâfar qui pourrait geler de nouveau les activités de l'ANC, les constituants légitimistes ont décidé que la séance plénière d'hier reste ouverte. Ainsi, ni le président ni le bureau de la constituante ne pourront monopoliser, à l'avenir, la décision de tenir les séances plénières», ajoute-t-il. Sur un autre plan, les constituants légitimistes ont réactivé la motion de révocation à l'encontre de Mustapha Ben Jaâfar qui a été signée par 30 constituants avant que l'ANC ne reprenne ses travaux. «Hier, 30 nouveaux constituants ont signé ladite motion. Nous nous attendons à ce que les signatures s'élèvent à 73 pour qu'elle puisse être déposée», révèle Néjib Hosni. Dans la foulée de la pétition des 113 Notre source fait remarquer que le mouvement observé hier par les constituants légitimistes n'est pas fortuit ou relevant du hasard. «Il s'inscrit bel et bien dans la foulée de la pétition signée mardi dernier par 113 constituants. Dans cette pétition, nous avons appelé au maintien de la Constituante jusqu'à l'élection du nouveau parlement, exprimé notre opposition à la révision de la petite Constitution et notre attachement à ce que le prochain gouvernement exerce ses fonctions sous la supervision de l'ANC», révèle-t-il. Peu importe si les points contenus dans cette pétition sont en contradiction avec ceux de la feuille de route du Quartet qui a reçu l'aval de 21 partis (seuls trois partis ne l'ont pas signée mais pourront le faire aujourd'hui). «Pour nous, le Dialogue national est bel et bien un complot blanc contre la légitimité populaire. Et nous sommes déterminés à préserver cette légitimité à l'encontre de ceux qui en font fi», révèle Néjib Hosni. «Ils peuvent dire que nous sommes les appendices d'Ennahdha et que nous obéissons à ses ordres. La réalité est que notre mouvement est soutenu par plusieurs partis (Wafa, Al Mahaba, le Courant démocratique) n'ayant aucun rapport avec Ennahdha, outre quelque 20 à 30 constituants indépendants», commente notre source.