C'est une affaire complexe, avec des défaillances à tous les niveaux. L'ITF a imposé son diktat ! Nous en jouerons pas la prochaine coupe Davis 2014, c'est ce qu'a décidé le comité exécutif de l'ITF, suite à l'affaire Malek Jaziri. Une affaire complexe et dangereuse de part son objet : jouer contre des sportifs Israéliens. Et nous avons pris habitude de refuser de jouer ce genre de matches (pas toujours) pour des raisons de souveraineté et de sensibilité politique. Généralement, ça se faisait discrètement sous prétexte de blessures ou sans excuse même. Mais tout le monde comprenait et fermait plus ou moins les yeux sur cela. Reconnaître un athlète hébreux alors que nos pays arabes n'ont pas de relations diplomatiques avec cet Etat, aurait été très dangereux. D'autant que nos frères Palestiniens souffrent le martyr de la discrimination et de la tyrannie d'Israël. Nos amis sportif Palestiniens nous racontent des histoires malheureuses et des drames sur ce qu'ils endurent au quotidien pour faire du sport dans un Etat aussi sanguinaire. Et ça l'ITF, la CIO et la Fifa ne veulent pas l'entendre et le reconnaître. La question brûlante qui se pose après la sanction de l'ITF: pourquoi agir maintenant et sur quelle base a-t-elle pris cette décision ? Il y a eu des informations émanant d'on sait où qui mettent un otage la FTT. Comment l'ITF a la certitude que l'organe fédéral a demandé au joueur d'éviter ce match si ce n'est le fameux mail arrivé au joueur de la part de Adel Lahdhiri, ex-DTN ? Dans ce cas, Jaziri et son entourage, qui ont communiqué partout et d'une manière agressive sur ce sujet, doivent répondre à plusieurs questions : Jaziri a-t-il pris cette décision contre son gré? On signale une donne que tout le monde a oubliée : le joueur a pris cette décision à la dernière minute et il a vu juste (même sans le vouloir). Les réactions des Tunisiens sur le web contre lui étaient violentes. On n'accepterait pas qu'un joueur tunisien (même s'il a une double nationalité), financé avec l'argent des Tunisiens, accepte de jouer et de reconnaître un sportif israélien. Par la suite, tout le monde a oublié le fond du dossier pour s'intéresser uniquement à la forme: règlements de l'ITF amendés, dossier pas prêt, mail personnel et non officiel... Lobbying Ce que nous avons écrit sur le cas Jaziri n'a pas plu à certains génies et techniciens du tennis tunisien. Nous n'avons pas parlé tennis mais politique, à leurs yeux. Faux, archifaux. Le dossier Jaziri est sportif en apparence, mais il est hyper politique au fond. L'ITF, structure hypocrite et gérée selon les intérêts financiers et politiques des clans influents, veut nous donner des «leçons et des messages forts» après cet «acte discriminatoire». Aberrant, quand on sait comment on prépare les décisions et comment on privilégie les intérêts dans cette instance. Cette institution et M. Ricci-Bitti oublient-ils une seconde que nous sommes un pays souverain et que nos sportifs sont contraints de s'aligner devant les tabous et les questions sensibles. Sur ce dossier, les défaillances et les zones d'ombre sont nombreuses. Du joueur lui-même qui a trop communiqué sans trancher, à la FTT dont la présidente, inexpérimentée et énigmatique sur ce sujet, a très mal géré la question avec un silence coupable alors que la décision prise était inévitable. La grande défaillance est venue du ministère des Sports qui s'est tu, alors qu'il a été ferme dans un même cas (le cas de Hanachi au taekwondo). Notre ministère qui représente la nation, à l'image du gouvernement en place, n'a pas fait son boulot : décider et assumer ses responsabilités. Cette sanction est-elle douce par rapport aux accusations ? On voit bien que le tennis tunisien a été lourdement sanctionné, alors qu'on pouvait apprécier autrement les faits. Que pouvez-vous faire quand le lobbying israélien est plus féroce ? Maintenant, Jaziri, Jabeur, et les autres joueurs vont être contraints à jouer contre des Israéliens. La position de Tarak Chérif, membre influent au board de l'ITF, est, elle aussi, bizare. L'homme, sensé représenter les intérêts tunisiens, n'a pas voté contre la sanction et s'est retiré du débat, d'après le communiqué de l'ITF ! La présidente de la FTT dit à l'Agence TAP que l'ITF allait infliger des sanctions plus lourdes à l'encontre de la FTT. Cela veut-il dire que la FTT s'en est sortie indemne? Ce qui s'est passé est un dangereux précédent dans l'histoire du tennis du sport tunisien. Ça va être comme l'arrêt Bosman en 1995, les sportifs tunisiens vont devoir faire face à un casse-tête, chaque fois qu'ils vont se trouver dans le même cas que Jaziri ?