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Lettre ouverte aux femmes et hommes politiques
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 26 - 11 - 2013


Par Ezzeddine Ben Hamida
Mesdames et messieurs,
Indépendamment de mon statut socioprofessionnel et de mon rôle sociopolitique, c'est le citoyen qui vous écrit aujourd'hui pour attirer votre attention sur le ras-le-bol et la lassitude des Tunisiennes et des Tunisiens de vos tiraillements et vos combats. Le peuple souffre et endure de vos conflits et vos rivalités. Des rivalités sans fin, une opposition sans alternative et un antagonisme de dogme ! L'espoir d'un avenir meilleur s'est transformé en crainte d'un lendemain obscur et sombre ; l'euphorie de la délivrance, qui a suivi la révolution du 14 janvier, s'est métamorphosée en doute, défiance et appréhension !
Franchement, vos intérêts personnels et les intérêts de vos partis sont-ils compatibles avec l'intérêt général de la patrie ? Les carrières et les ambitions politiques de certains convergent-elles forcement vers l'intérêt suprême de l'Etat ? L'appétit et la convoitise de quelques-uns sont-ils en adéquation avec nos aspirations ?
1/ De la troïka...
Une troïka incapable de gouverner par sans doute manque de compétence mais aussi et surtout par la volonté du parti dominateur d'imposer son projet politique et social, indépendamment de la détresse et des préoccupations immédiates de nos compatriotes. La révolution de l'espoir, de la dignité et de la justice s'est transformée en festin pour des fauves affamés, avides, voraces et assouvis.
Aussi, le désir, la soif et l'immuable envie de Rached Gannouchi pour l'instauration d'un régime islamiste ne sont-ils pas éloignés des aspirations démocratiques des Tunisiennes et des Tunisiens ? L'avidité de Moncef Marzouki pour la présidence concorde-t-elle avec l'avidité du peuple pour la justice sociale ? Les appétences politiques de Mustpha Ben Jaafar vont-elles dans le sens de l'intérêt général du peuple ?
Mesdames et messieurs, votre gouvernance du pays depuis maintenant plus de deux ans se solde sur le plan économique par un bilan désastreux, pour ne pas dire apocalyptique : dette publique excessive de plus de 33 milliards de dinars, ce qui correspond à près de 49% du PIB. Un chômage structurel de masse (une véritable armée de réserve, comme disait Marx), officiellement, de près 17,6%, qui frappe tout particulièrement les jeunes, diplômés et non diplômés. En réalité, si on compte les non-inscrits, cette proportion atteint aisément les 35% ; les inégalités régionales en la matière sont carrément décourageantes ! Etc.
Sur le plan politique, le bilan est aussi dramatique, les lâches assassinats de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi ont précipité le pays dans une crise institutionnelle sans précédent. Aujourd'hui, on s'attaque aux journalistes et surtout aux plus médiatiques d'entres eux, en l'occurrence Soufiane Ben Farhat ! Demain, à qui le tour ?
2/ ...A l'opposition :
Absente, défaillante, chétive,...tels sont les qualificatifs de l'opposition en Tunisie ! Une opposition déchirée aussi avide de pouvoir mais sans projet ni plan d'avenir. Contester par principe de contestation ; s'afficher à la télévision pour faire bonne figure ; prêcher la gloire de notre histoire et de notre révolution pour être l'apôtre de l'intérêt général... ! Mais où sont, mesdames et messieurs, les politiques de l'opposition, vos projets économiques, politiques et sociaux ?
Un parti qui se considère, se définit, se positionne, comme étant une véritable force politique est un parti qui doit être capable de proposer un vrai projet de société pour ses concitoyens ; c'est-à-dire une alternative d'ordre sociétale, économique et a fortiori politique. Cette alternative, ce projet donc, devrait s'articuler autour :
des valeurs cohérentes, des normes fédératrices fondées sur le passé national, l'histoire des luttes et combats des aînés, y compris les conflits sociaux;
une doctrine sociale ayant comme fondement des références intellectuelles, idéologiques et historiques (les expériences des autres nations) ;
un attachement, donc, au passé mais avec une volonté d'améliorer le présent pour mieux influencer et s'imposer dans le futur.
Les partis de l'opposition répondent-ils, aujourd'hui, à ces exigences pour pouvoir se prévaloir du qualificatif « les forces de l'opposition », comme certains se targuent de le dire, sans gêne aucune ?
Pour finir, laissez-moi vous dire mesdames et messieurs les politiques que les Tunisiens sont tristes mais pas abattus, affectés mais pas écrasés, amers mais pas découragés. Ils sont patients mais pas résignés ; lucides, limpides et perspicaces. Ils savent aussi être impitoyables, durs et cruels. Bref, un très grand peuple qui a toujours honoré ses rendez-vous avec l'Histoire. Comme il s'est débarrassé du président déchu, il se débarrassera sans pitié ni mansuétude des fauves et des arrivistes de tout poil !
Aujourd'hui, Ben Farhat et demain, à qui le tour ?
Abordons ici, un autre sujet qui n'est pas sans rapport avec ce qui a précédé. Le saccage du domicile de Soufiane Ben Farhat, mercredi dernier, et les intimidations dont il est victime, depuis maintenant plus d'un an, montrent clairement l'efficacité de son travail d'investigation et de dénonciation. Soufiane, par son activisme, son obstination dans l'analyse et son entêtement à découvrir la vérité, dérange ! Il dérange, même beaucoup !
Il est limpide, perspicace et vif ; il est un danger pour ses détracteurs, une menace pour ses adversaires, un risque pour ses ennemis! Il fallait donc s'en débarrasser... mais nous sommes tous des Soufiane Ben Farhat ! Soufiane, comme tous les journalistes tunisiens d'ailleurs, est le symbole de notre conscience patriotique. Dans une société démocratique, le journaliste représente en effet la conscience collective de son pays. Il est la vitrine de sa communauté nationale. Le faire taire, c'est étouffer pour toujours tout espoir démocratique !
Rached Ghannouchi n'a-t-il pas déclaré récemment, suite à l'échec des dernières négociations pour aboutir à un consensus national impliquant toutes les forces politiques en présence que « (...) si les tiraillement politiques continuent, le risque d'un troisième assassinat politique est réel ? ». Que devrions-nous en conclure ? Le saccage du domicile de Soufiane Ben Farhat pourrait-il être lu comme un avertissement...? Et après Soufiane Ben Farhat, à qui le tour ?
L'Etat, par ses organes institutionnels, est censé exprimer lui aussi la conscience collective de son peuple. Cet Etat, aujourd'hui en Tunisie, s'est transformé en organe institutionnel entre les mains d'un groupe d'individus qui cherche, me semble-t-il, à mieux asseoir leur pouvoir sur la conscience patriotique du peuple tunisien ; c'est-à-dire anéantir ses espoirs pour la liberté et mettre un coup d'arrêt à ce cheminement démocratique.
Notre peuple, aujourd'hui, souffre de l'absence de perspectives électorales, économiques et sociales ! Les espoirs du 14 janvier se sont évaporés et les acquis comme l'émancipation de la femme, sont réellement menacés. La Tunisie est devenue hélas une terre d'accueil pour certains jihadistes. Oui. La Tunisie court désormais le risque fatal de devenir un foyer du terrorisme ! Le gouvernement en est entièrement responsable ; les déclarations de certains ténors du parti dominateur de la Troïka jettent le trouble : le ministre des Affaires religieuses n'a-t-il pas encouragé à un moment le jihad en Syrie ?
Les deux gouvernements de la Troïka n'ont pas cherché à régler les problèmes qui étaient à l'origine de notre révolution (chômage, inégalités régionales...). Ils se sont focalisés sur des thèmes qui ne relèvent nullement des préoccupations, ni immédiates ni lointaines, des Tunisiens : la loi sur les habous que les alliés d'Ennahdha cherchent maintenant à faire passer en est l'illustration de ces manœuvres dilatoires. Ennahdha a cherché délibérément à noyauter l'administration, joyau de notre pays, pour mieux asseoir son pouvoir et servir des agendas d'autres pays
Je ne peux finir mon propos sans dénoncer le silence assourdissant des responsables politiques concernant la lâche agression et les tentatives d'assassinat dont est victime mon confrère Soufiane Ben Farhat. Aussi, j'exprime mon exaspération de l'inertie des autorités en place et mon indignation la plus profonde à l'égard d'une telle irresponsabilité !


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