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Sidi Bouzid, le volcan
17 décembre 2010 - 17 décembre 2013
Publié dans La Presse de Tunisie le 17 - 12 - 2013

Aucun des différents gouvernements transitoires de ces trois dernières années n'a réussi à améliorer les conditions économiques des hommes et des femmes de ce gouvernorat. Son destin de terre de martyrs continue à poursuivre le pays, trois ans après ce 17 décembre 2010.
Les promesses d'un développement annoncé par les politiques furent sans suite.« A cause de l'insécurité constante !», clament les gouverneurs successifs de la région. Or, l'absence d'une vision économique claire, notamment de la part de tous les gouvernements de transition, a laissé au fil des jours et des mois des sentiments de désenchantement et de frustration s'amplifier dans la ville berceau de la révolution. Les gens ont l'impression que leur acquis le plus cher, les évènements du 17 décembre, suite auxquels un marchand ambulant de 26 ans, Mohamed Bouazizi, s'est immolé par le feu en guise de protestation contre la misère et l'injustice, leur a été confisqué. La révolution a été instrumentalisée, selon plusieurs témoignages de jeunes de la région à des fins politiciennes. D'où le perpétuel soulèvement de la population. Des sit-in de jeunes diplômés chômeurs continuent à se dérouler devant le siège du gouvernorat depuis trois ans. Rien n'a changé ici depuis cet instant originel, qui a bouleversé le cours de l'histoire de la Tunisie, lorsqu'en ce 17 décembre 2010, entre 11h et 11h30 du matin, Bouazizi a mis fin à ses jours.
La surprise Hachemi Hamdi
Aux élections de l'Assemblée nationale constituante du 23 octobre 2011, Sidi Bouzid crée encore une fois la surprise. Le fils de la région Hachemi Hamdi, personnage trouble, au parcours politique déroutant, directeur de la chaîne Al Mustekellah basée à Londres et porte-voix de la propagande de Ben Ali jusqu'à la veille du 14 janvier, est le candidat cathodique qui rafle des sièges dans pratiquement tout le pays et même à l'étranger. Il dépasse largement avec ses listes de la Pétition populaire pour la liberté, la justice et le développement (Al Aridha Achaâbiya) les scores des partis politiques historiques : le PDP, le Poct, Echaâb, Ennahdha...
Résultat des courses : Sidi Bouzid est la seule ville où la Pétition dépasse le mouvement Ennahdha en nombre de sièges. L'identification de la population avec le fringant « Docteur Hamdi » qui parle l'accent de la région est totale. Son discours populiste séduit. Le mouvement Ennahdha refuse pourtant de s'allier avec les listes du directeur d'Al Mustekellah et décline avec dédain la proposition de coalition présentée par Hamdi.
Sidi Bouzid s'enflamme alors, notamment avec l'invalidation de l'Instance supérieure indépendante des élections (Isie) de six listes de Hachmi Hamdi, qui n'a point respecté le silence électoral imposé par l'Isie. Les manifestants tentent de brûler le local du parti islamiste. Depuis, un profond sentiment anti-Ennahdha prévaut dans la ville de Bouazizi. En août 2012, des émeutes éclatent à la suite d'une marche de protestation, pacifique à l'origine. Des ouvriers de chantiers privés de salaires depuis plusieurs mois réclamaient leur dû. La police procède alors à des tirs de sommation et de gaz lacrymogène. La tension monte et les ouvriers voient se rallier à leur cause des syndicalistes de tous bords. On crie de nouveau : «Le peuple veut la chute du régime !».
Un profond sentiment anti-Ennahdha
Cette explosion de colère intervient dans un contexte économique insurmontable marqué par l'inflation des prix des produits alimentaires, la hausse du chômage (le taux de chômage des diplômés est parmi les plus élevés du pays, 57,1s%) ainsi que par des dysfonctionnements jamais connus auparavant : des coupures d'eau et d'électricité ont paralysé la ville en plein mois de ramadan 2012. Une grève générale est décrétée et encore une fois la foule tente de saccager le bureau local du mouvement Ennahdha. Le gouverneur islamiste, qui a laissé des mois durant les salafistes régner à travers leur police des mœurs, contrôler la moitié des mosquées et interdire par la force la vente d'alcool — «Ils étaient son bras armé», souffle Rachid Fetini, homme d'affaires ayant le cœur à gauche —, a été limogé en octobre dernier par la population de Sidi Bouzid. Le sentiment anti-Ennahdha unit plus que jamais les hommes et les femmes de la ville.
Si la Pétition populaire, en se mesurant aux nouveaux rééquilibrages politiques, a enregistré, après les élections du 23 octobre 2011, la dispersion de plusieurs de ses membres dans des partis tels que l'Union patriotique libre du milliardaire Slim Riahi, c'est le Front populaire qui semble remporter l'adhésion d'une grande partie des gens de la ville ainsi que Nida Tounès, qui investit en silence depuis des mois les campagnes de Sidi Bouzid (occupant 75% du territoire) et récupérant par la même occasion les cellules dormantes du RCD.
Désobéissance civile
Le 25 juillet 2013, l'assassinat du député bouzidien Mohamed Brahmi devant chez lui en cette journée de fête de la République enflamme encore une fois la ville. En parallèle avec le sit-in du départ organisé sur la Place du Bardo par les députés de l'ANC sortants, à Sidi Bouzid une campagne de désobéissance civile emporte le gouverneur Tlijani Amara.
Quelques mois plus tard, le 23 octobre 2013, une grève générale de deuil est décrétée par la section régionale de l'Ugtt. La région perd quatre hommes d'un seul coup ! Cette fois-ci lors de violents affrontements entre les jihadistes armés et des agents de la garde nationale, à Sidi Ali Ben Aoun, située à 40 km du chef-lieu et fief du prédicateur salafiste Al Khatib Al Idrissi. La rupture avec les islamistes semble plus que consommée. Le lendemain, jour des funérailles des quatre chahid (martyrs) de Sidi Bouzid, Mahmoud Gozhlani, syndicaliste et professeur au lycée de la ville, s'exclamait : « On s'étonne que l'opposition, dans le cadre du dialogue national, tende encore la main au mouvement Ennahdha, celui-là qui est responsable de la mort de nos héros face à des terroristes qu'on a protégés et laissés essaimer chez nous et dans tout le pays ».
Chronologie
17 décembre 2010 : Mohamed Bouazizi, jeune marchand ambulant de 26 ans, s'immole par le feu devant le siège du gouvernorat de Sidi Bouzid. Par ce geste, il entendait protester contre la confiscation de son chariot et de sa balance par l'agent de la police municipale, Fayda Hamdi.
19 décembre : Le mouvement de révolte s'étend à tous les quartiers de Sidi Bouzid. Une guérilla nocturne et urbaine se déclenche entre les jeunes et les forces de sécurité. Le couvre-feu est décrété.
24 décembre : France24 diffuse les images du sit-in des avocats de Sidi Bouzid. Ils protestaient contre la recrudescence des violences policières à l'égard de la population.
28 décembre : Ben Ali rend visite à Bouazizi au Centre de traumatologie et des grands brulés de Ben Arous.
4 janvier : Bouazizi succombe à ses blessures. Il est inhumé le lendemain dans le village natal de ses parents, à Grou' Ben Nour.
9 janvier : A Kasserine, Regueb, Sidi Ali Ali Ben Aoun, la police tire sur la foule à balles réelles sur ordre de Ben Ali. Kasserine compte au moins 23 morts.
14 janvier : Le matin à Tunis, devant le ministère de l'Intérieur, près de 40 000 manifestants crient «Dégage» contre Ben Ali et les Trabelsi. A 17h45, l'ex président quitte le pays avec sa famille.
19 avril 2011 : La policière Fayda Hamdi, accusée d'avoir giflé Bouazizi sur la place publique, est acquittée. La «mise en scène» autour de la présumée gifle avait en fait servi à mobiliser la population contre le pouvoir.


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