Filtrage des visiteurs, vidéosurveillance, bracelets électroniques et badges de «ziara» (visite) : plusieurs dispositifs de surveillance sont mis en place Le bébé kidnappé, mardi 17 décembre, à l'hôpital d'enfants de Bab Saâdoun, Mohamed Ali Aoun, a été retrouvé, très tôt le matin du 18 décembre, sain et sauf, près de l'hôpital où il a été enlevé, a rapporté radio Shems FM, citant des sources sécuritaires. Les deux kidnappeuses ont eu peur que leur portrait soit diffusé grâce à la vidéosurveillance qui les a filmées fuyant avec le bébé. Ce fait divers, qui fait froid dans le dos, relance la question de la sécurité au sein des maternités et des hôpitaux d'enfants. Quels sont les dispositifs mis en place par le ministère de la Santé publique dans les établissements hospitaliers ? Le point. En 2012, un autre cas d'enlèvement de nourrisson a été avorté grâce à la vigilance des agents de sécurité. Ces cas sont rares mais des précautions sont prises notamment depuis la révolution du 14 janvier. Une cellule de protection et de sécurité est créée en décembre 2012 au sein du ministère de la Santé publique pour assurer la sécurité des malades et du personnel des établissements hospitaliers contre toute forme de violence. Selon le ministère de la Santé, il y a eu 272 cas de violence en 2011, dont 31 cas dans les hôpitaux du Grand-Tunis. Ce chiffre a baissé de moitié en 2012. Des dispositions spécifiques Même si les enlèvements de nourrissons sont des cas rares et isolés, il n'en demeure pas moins qu'ils représentent une préoccupation réelle pour les établissements hospitaliers et provoquent la crainte des parents. «La sécurité est, de manière générale et pas seulement pour les bébés, une préoccupation permanente dans les hôpitaux, et ce, à tous les niveaux et particulièrement ceux touchant le personnel soignant et le personnel administratif», note Mustapha Belhaj, attaché de cabinet au ministère de la Santé. Des dispositifs de sécurité ont été mis en place avec des normes de sécurité communes. Les agents de sécurité, environ 1.000 agents répartis sur tout le territoire, suivent périodiquement des stages de formation qui ont démarré en avril 2012. Ces sessions de formation de 21 jours sont assurées par des cadres et des médecins relevant du ministère de la Santé, ainsi que des cadres spécialisés issus de la direction de la formation au sein du ministère de l'Intérieur. Parmi les points essentiels traités dans le cadre de ces sessions de formation : la connaissance de la part de l'agent de sécurité de l'hôpital dans lequel il est affecté, la communication, la protection civile et les premiers soins à apporter aux patients. Mais, outre ce cadre commun et obligatoire, les directeurs des établissements hospitaliers peuvent adopter des dispositions spécifiques en fonction du contexte — taille de l'hôpital, nombre d'accès, antécédents d'incidents, etc. — afin de garantir la sécurité des patients, et ce, en tenant compte de différents paramètres, à commencer par le fait que les établissements de santé sont des lieux publics où tout le monde est censé pouvoir y entrer afin de se faire soigner ou visiter un proche malade, ce qui signifie donc que l'accès est libre, notamment en cas de déclenchement d'incendies ou autres catastrophes naturelles comme un tremblement de terre, bien sûr tout en fermant les accès pour la sécurité des personnes et des biens. Une équation difficile à réaliser sans des équipements de sécurité d'un nouveau type, à l'instar de la vidéosurveillance. L'efficacité de la vidéosurveillance Le système de vidéosurveillance a été mis en place dans les établissements hospitaliers depuis 2012 conformément à la loi 64 datant de 2004 et particulièrement l'article 70 relatif au respect des règles de droit de la vie privée. Tous les hôpitaux du Grand-Tunis sont équipés de caméras de surveillance, ainsi que ceux de la région de Nabeul, Sbeïtla, Kasserine, Gafsa, Sfax et Sousse et la tendance est appelée à se généraliser dans tout le pays. La vidéosurveillance, actuellement installée dans les halls d'entrée des hôpitaux et des centres de maternité, sera disponible dans les différents étages de ces établissements. «Mais pour une meilleure efficacité, il y a lieu de prévoir un opérateur qui suit les séquences, ce qui permet d'arrêter l'incriminé immédiatement». C'est d'ailleurs grâce à la séquence vidéo diffusée dans les réseaux sociaux et au journal de 20h00 de la Watania que les deux kidnappeuses, ayant senti le danger de leur forfait, ont abandonné le nouveau-né devant l'hôpital où elles l'ont kidnappé. Le bracelet de sécurité pour les bébés «Le bracelet électronique, qui sera adopté dans les jours qui viennent à l'hôpital d'enfants de Tunis et les centres de maternité, apparaît aujourd'hui comme l'alternative haute-sécurité», indique Mustapha Belhaj. Le principe : un petit boîtier électronique, hypoallergénique, stérile et d'une vingtaine de grammes, est attaché à la cheville du nouveau-né quelques heures après sa naissance. Chaque seconde, le boîtier émet un signal radio capté par différentes bornes installées au sein de la maternité. Dès que le bébé sort de la zone autorisée, une alarme retentit ou le téléphone professionnel de plusieurs personnels sonne. Outre ce dispositif, un badge de « ziara » (visite) sera mis à la disposition des parents (le père et la mère) du nourrisson et qui comporte : l'identification du nourrisson, le père et la mère du bébé avec chacun sa photo, le numéro du lit du bébé et le service dans lequel il est affecté. Cependant, rien ne peut remplacer la vigilance humaine. A cet effet, dans certaines maternités, à l'instar du Centre Wassila-Bourguiba, il a été fait appel à des agents de sécurité femmes. Un système de rondes est aussi à prévoir au cours des heures de visite qui se situe entre 13h00 et 15h00. Le directeur de l'établissement et ses collaborateurs devront faire des visites d'inspection dans les services concernés. «Le ministère de la Santé se chargera du suivi», affirme l'attaché de direction du ministère de la Santé publique. Rappelons qu'avant la révolution, la sécurité des hôpitaux était l'apanage des sociétés de sous-traitance qui ont été supprimées en février 2011 et le personnel de ces sociétés a été intégré au ministère de la Santé publique.