2013. Année faste en manifestations, foisonnante en productions, on a cette impression que l'art contemporain et moderne occupe le terrain d'une manière significative. Recherche, expérimentation, dessins, photos, installations, street art sous toutes les formes, détournements, etc. Comment choisir, trier dans cette forêt d'expositions, de démonstrations. Un peu par l'effet que l'événement a eu sur le milieu, un peu par les échos reproduits dans les médias et par conséquent sur la société. Il n'y a pas de doute, l'engagement ou l'art engagé tient le haut du pavé, les procès intentés aux rappeurs ont divisé la société entre ceux qui sont pour et ceux qui sont contre ce mode d'expression. Une rétro limitée. Mars. De colline en colline, 24 heures d'art contemporain Une manifestation qui a réuni des artistes pratiquant plusieurs disciplines. L'Association «24h pour l'art contemporain» et le Goethe-Institute ont crée un évènement à la pointe de l'art «De colline en colline». Il s'agit d'un événement culturel qui a pour concept la vie sur les hauteurs, ses avantages, ses contraintes et ses spécificités, plus d'une vingtaine d'artistes contemporains tunisiens, méditerranéens, européens, latino-américains. Lieux : Sidi Bou Saïd, Takrouna et Chenini. Mai. New York, la Tunisie est à l'honneur cette année et donne à la capitale américaine des airs de Printemps arabe. La Fiaf (French Institute : alliance française) a décidé de mettre, dans le cadre de la cinquième édition du Festival nomade qui célèbre la créativité d'artistes tunisiens, deux ans après le Printemps arabe. Novembre. B'Chira art center fête sa deuxième année Ce centre résiste malgré la crise, c'est est un lieu d'exposition, mais aussi un espace expérimental pour les artistes contemporains, les chercheurs de différents pays s'y côtoient, croisent leur travaux en s'ouvrant sur l'extérieur, notons à ce sujet l'effort de l'Association Jizer (pont) entre Barcelone et Tunis, qui a créé une dynamique appréciable. L'exposition tenue en novembre a réuni un bouquet d'artistes «Frontières », avec : Meriem Bouderbala, B'chira Triki, Mohmed Ben Soltane, Nadia Zouari, Houda Ghorbel, Héla Ammar, Wissem Ben Hassine, Omar Bey, Amel Bouslama, Patricia Triki, Mouna Jemal, Dalel Tangour, Badreddine Bouazizi, Wadi Mhiri, Moufida Fedhila, Wassim Ghozlani, Nicène Kissentini, Noutayel, Marie-José Armando, Malek Gnaoui, Fadwa Dagdoug. Une 2e exposition «Act 02 Exposition Rature» qui a regroupé 33 artistes dans plusieurs disciplines, cet été. Avril. Rym Karoui expose une série de tableaux jubilatoires, explosion de couleurs, personnages hybrides et libres, humeurs joyeuses messages codés, messages politiquement clairs comme les Dégage, ou l'hommage à Chokri Belaïd », matière lisse. Un travail dans la lignée de la Nouvelle figuration, Hervé di Rosa, Combas ne sont pas loin. Décembre 2013. Aïcha Filali-Chbabik ou Atib à la Galerie Aicha Gorgi. Une exposition sur le mariage, détournements, dérision, kitch, aspects festifs accessoires, tout ce que vous voulez savoir sur le mariage. Une expo foisonnante de trouvailles, de clins d'œil, au-delà du sourire, il y a une étude sociologique fort pertinente. Au vernissage, Raja Farhat, comédien, a mis son grain de sel en improvisant une joute oratoire. Il n'a pas exposé, il n'est même pas artiste, mais il est de notre devoir d'ajouter son nom à la liste de ceux qui ont contesté l'ordre établi, le conformisme ambiant. Il est en prison pour ses idées et notre conscience en est perturbée. Jabeur Majeri, prisonnier d'opinion Le premier prisonnier d'opinion de l'après 14 janvier en Tunisie s'appelle Jabeur Majeri. Procès inique, 7 ans et six mois de prison et une amende de 1200 dinars pour trouble à l'ordre public, offense à autrui via les réseaux publics et outrage «aux valeurs sacrées». Le jeune Jabeur Majeri croupit encore en prison et subit des maltraitances, il n'a fait que poster sur sa page FB une publication, jugée insultante envers la religion. C'est sans doute le procès qui a rallié toutes les organisations de liberté d'expression, les intellectuels, les écrivains et artistes. Un comité de soutien lance une campagne de grande envergure, Free Jabeur, appuyé par Amnesty International, Plusieurs pétitions sont rédigées, adressées au président provisoire de la République réclamant sa libération et son amnistie. Offusqués par la sévérité du verdict, beaucoup d'intellectuels étrangers se joignent au mouvement, Edgar Morin, Juan Goytisolo, les écrivains membre du Pen Club réunis à Tunis, etc, etc. Weld El 15. «La musique, c'est ma vie» 2013. les rappeurs ont été particulièrement visés par le pouvoir, tabassages, multiplications des procès, condamnations. Le cas emblématique de cet acharnement, celui qui a fait couler beaucoup d'encre et des larmes, Âala Yacoubi, alias Weld el 15. La chanson s'appelle « Boulicia Kleb », diffusée sur YouTube , elle n'a jamais été chantée en public, les paroles ne visent pas tous les policiers mais ceux qui humilient, tabassent sans distinction et parfois tuent. Le chanteur de rap est condamné par contumace à un an et neuf mois de prison ferme, un an pour outrage à des fonctionnaires, six mois pour calomnie et 3 mois pour atteinte aux bonnes mœurs. Weld el 15 ne cédera pas sur sa liberté, en cavale, il composera une autre chanson. En fuite, il déclare qu'il ne se présentera pas à «cette justice précisément», «je ne pourrais pas vivre sans musique», ajoutera-t-il. Le rappeur sera arrêté, le 22 août, lors d'un concert sur la scène de Hammamet. Le 5 décembre, procès. Le rappeur Klay BBJ obtient un non lieu, Weld El 15 condamné à 6 mois avec sursis. Appel. Le 19 décembre Weld El 15 est relaxé. La mobilisation, le soutien de la société civile ont payé.