Par Asma BAYAR Quand on s'attaque à l'honneur d'un rêve, quand on abuse du silence de la jeunesse, quand on insulte l'intelligence de l'élite, il faut s'attendre à une révolution. C'est le cas pour les jeunes médecins qui mènent depuis quelques semaines la révolution du bistouri. Leur colère a été provoquée suite à la proposition du projet de loi 38/2013 qui stipule que les jeunes spécialistes devaient obligatoirement travailler 3 ans dans le secteur public, à savoir les dispensaires et les hôpitaux dans toutes les régions du pays. A partir de ce moment-là, les blouses blanches ont commencé à mener un triple combat : Premièrement : contre l'ancien ministre de la Santé, Abdellatif Mekki, qui non seulement trouvait le moyen de justifier le fait de confisquer les diplômes des jeunes après un minimum de 10 ans d'études supérieures (y compris l'internat et le résidanat) et de les obliger à travailler contre leur gré, mais prenait aussi une position assez ambiguë envers ce projet de loi déclarant qu'il n'était pas en position d'en discuter puisque cela n'était pas de son pouvoir. Cependant, à la surprise générale il annonçait dans les médias quelques jours après qu'il avait décidé de réduire la durée du travail obligatoire à une année offrant des salaires illusoires, chose qui a été unanimement refusée par les blouses blanches. Deuxièmement, le combat incluait l'ANC qui s'engageait à voter un projet de loi devant améliorer le secteur de la santé publique, et qui paradoxalement n'avait pas été étudié, ni sur le plan économique, ni sur le plan éducatif, et encore moins par les personnes concernées, dont les membres des conseils de l'ordre des médecins et médecins dentistes, les directeurs des CHU, les doyens des facultés de médecine et médecine dentaire, les résidents, les internes et les externes. L'ANC s'apprêtait aussi à voter un projet de loi dont l'application avait échoué en Algérie et était critiquée par la France, sans oublier son opposition avec la déclaration de l'Organisation internationale du travail (OIT) signée par notre pays. Troisièmement : contre les médias qui ont amplifié la menace envers les jeunes médecins en portant atteinte à leur patriotisme et provoquant une déviation de l'opinion publique, ainsi que le début d'une rupture entre le peuple et ses médecins. Ce fut le cas pour certains reportages et propos diffusés sur le petit écran, basés sur de fausses rumeurs telles que «le refus du travail dans les régions de l'intérieur», «les médecins dentistes ne sont pas concernés» qui ne sont que des accusations et des étourderies trouvant leur invalidité dans le texte du projet de loi 38/2013. En réponse à cette triple atteinte, les jeunes médecins, soutenus par tout le corps médical, n'ont pas hésité à témoigner une solidarité honorable et à se mobiliser pour gagner leur dignité, la confiance d'un peuple envers lequel ils se sont engagés, mais surtout pour abolir un projet de loi hâtif qui risque de porter préjudice à leur profession, à leurs patients et à l'avenir de la santé publique en Tunisie. (4e année médecine dentaire)