En l'absence d'infrastructure, de temps et de volonté politique, l'équation sport-éducation est au plus bas Ils se lèvent à l'aube pour rentrer au crépuscule. Ils sont fatigués, excités, violents. En dépit d'un emploi de temps infernal, ils souffrent tous d'oisiveté. Entre un cours et l'autre, on les voit traîner dans les rues, à ne rien faire, parfois à se battre pour libérer un trop-plein d'agressivité. Ils sont seuls, livrés à eux-mêmes, entre des parents qui ne sont pas mieux lotis, qui travaillent du matin au soir et une école, un lycée et des enseignants qui ont «démissionné» depuis longtemps. Pas de moyens, pas de classes en nombre suffisant et, pis encore, plus de formation solide comme on en faisait avant. Les gosses, nos gosses, on leur bourre le crâne à longueur de journée mais, à l'arrivée, il n'y a pas grand-chose. Quelqu'un disait : «La culture, c'est tout ce qui nous reste quand on a tout oublié». Lors des années glorieuses du bourguibisme (il y en a eu par la suite de moins bien glorieuses), l'embarras est au choix : ciné-clubs, théâtre, musique à l'école, au lycée, à la fac et en dehors. Aujourd'hui, plus de la moitié des salles de cinéma ont disparu. Des villes se retrouvent sans. Je me rappelle d'un récent séjour à Jerba, à Houmet Souk pour plus de précision, où j'avais tristement constaté que l'unique salle était fermée, en ruines. Tristes constats. De notre temps, nous avions tout ça. Aujourd'hui, on devrait être mieux. En principe du moins. Mais l'état des lieux est désolant. Nous avions tout cela et le sport. Foot, hand, basket, athlétisme, des profs stars dans le civil et bon nombre d'entre nous finissaient dans un club. Pas tous faisaient carrière mais on touchait à tout... Sport et éducation : même combat! Trois ministres des sports après la révolution, cinq gouvernements après, le paysage est toujours aussi figé. Il faut dire que cela concerne en premier lieu le ministère de l'Education à trouver la nécessité absolue de réaménager les emplois du temps scolaires. Pour cela, il faut être clair et choisir : voulons-nous de jeunes épanouis, sains de corps et d'esprit ou alors d'enfants fatigués, stressés et violents. Il est anormal et anti-pédagogique qu'un gosse se lève à l'aube et rentre au crépuscule et passe ses journées entre les bancs de l'école, les garderies ou alors les rues. Il faut que le ministre de l'Education puisse faire de la sorte que nos enfants puissent décrocher vers le coup de 15h00 pour pouvoir faire du sport, de la musique ou toute autre activité pour leur épanouissement physique et intellectuel. On pense aussi à ces parents soumis au parcours du combattant pour emmener leurs gosses dans une piscine... surpeuplée ou quelque entraînement dans un club où la formation est le dernier souci des techniciens et des dirigeants. Quel rapport avec le ministère du Sport ? Par ces temps de disette, pour notre sport, réaménager les emplois du temps scolaires permettrait l'élargissement de la base et au pays d'avoir des champions. Cela fait des années que nous appelons les ministres de la Jeunesse et des Sports et de l'Education à se réunir et à trouver une solution pratique et définitive à ce problème qui prive nos gosses d'une véritable éducation générale et le pays de champions. Cela fait des années qu'on fait semblant de se réunir et qu'on multiplie les colloques sans avoir jamais avancé d'un pas. Il est inadmissible que nos écoles et nos lycées manquent de classes et d'espaces sportifs et culturels. C'est un non-sens, c'est un véritable crime contre les jeunes générations. Trêve de démagogie et trêve de politique politicienne !