On a l'impression que rien n'est fait pour remédier à la prolifération de la violence. Aujourd'hui, on assiste à une banalisation rampante du phénomène. Attention, danger! Tout le monde vit, au quotidien, ce phénomène alarmant de la violence chez les jeunes en général et les élèves en particulier. Chacun constate et déplore. Mais personne n'agit de manière efficace pour contribuer à en diminuer l'impact. Faut-il le répéter, ce problème n'est pas récent. Toutefois, il est en train de prendre des proportions de plus en plus graves ? Les répercussions sont parfois catastrophiques. Les parents sont au courant de la question. Ils la vivent, parfois, dans leur chair. Mais ils sont nombreux à ne pas admettre que leur propre progéniture est dans le coup. Quand ils le découvrent, il est déjà trop tard et il est difficile de réparer les dégâts. Un jeune qui tombe dans le cycle de la violence verbale ou matérielle (et qui plus est un élève !) est doublement pénalisant. D'un côté, il y a la rupture avec la famille dans la mesure où celle-ci n'a pas pu établir la relation saine avec l'enfant. De l'autre côté, le jeune a bel et bien glissé sur la mauvaise pente d'où il sera difficile de le repêcher. Mieux encadrer le phénomène. Malgré tout, ce que l'on peut voir dans la rue, devant les établissements scolaires, personne n'admettra que son fils ou sa fille ferait la même chose que ce à quoi il peut assister : «L'enfer c'est les autres». Lorsqu'il entend les obscénités débitées par des lycéens à quelques mètres de leurs établissements ou aux actes rédhibitoires dans un moyen de transport, il en est outragé. Rares sont les passants qui réagissent ou qui essayent de raisonner. Généralement ils sont tournés en dérision. C'est ce qui décourage plus d'un et laisse le phénomène proliférer tranquillement. On en vient même à se demander si, un jour, on pourrait mettre fin à ce fléau ou à tout le moins en diminuer la force. Même si on reconnaît que la violence (en tant qu'acte susceptible de causer des dommages à autrui) n'est pas le propre d'une société ou d'un pays donnés, les sociologues n'ont pas négligé de l'étudier et de tenter de la comprendre. En Tunisie, les études dans ce sens se comptent sur les doigts de la main ou se confinent dans les enceintes académiques. Les observations auxquelles ont abouti ces chercheurs sont pertinentes et peuvent aider les pédagogues, les parents et les différents spécialistes des problèmes de la jeunesse à trouver les moyens d'encadrer cette catégorie de personnes et à circonscrire cette calamité. Les chiffres disponibles servant à décrire le comportement de nos jeunes et notamment les scolaires parlent d'eux-mêmes. Selon une enquête menée depuis plusieurs années, on apprend que pour ce qui est de la violence verbale, 49% des 15-19 ans la pratiquent contre 51% pour les 25-29 ans. Cela se déroule dans 59,23% des cas dans les lieux publics et 28,93% dans ou autour des espaces scolaires. Les écoles primaires ou les écoles préparatoires sont plus ou moins épargnées. Cela se caractérise par des injures ou des outrages touchant à tous les domaines de la vie (41,30% se rapportent au sexe, 18,29% à la religion, 10,03% à la famille). Les propos agressifs ou blessants sont prononcés dans 47,59% des cas pour, soi-disant, affirmer la personnalité de leur auteur, dans 37,05% pour chercher la provocation ou sous l'effet de la colère alors que 4,52% le sont pour plaisanter !Mais ce qui est plus grave, c'est que de tels actes sont très nocifs puisque l'entourage en est touché. Dans un moyen de transport, par exemple, le voyage devient insupportable ou même se transforme en calvaire pour certains passagers si les troubles provoqués par les fauteurs sont importants. De telles scènes sont quotidiennes sur la ligne TGM. Les lycéens de la banlieue nord sont parmi les plus turbulents et causent le plus de vandalisme. Les statistiques de la Transtu l'attestent. Les dégâts causés par ces vandales ont très fortement augmenté ces deux dernières années. En période ordinaire, la société devait réparer uniquement une centaine de vitres. En 2012 et en deux mois, le nombre de vitres brisées sur la ligne a été multiplié par 6 ! Aujourd'hui, toutes les rames de ce train de banlieue roulent sans vitres dans la plupart des portières. Rôles nocifs des médias Ce qui est désolant, c'est que chacun se sent désarmé et ne sait quoi faire pour arrêter ce mal qui mine notre société. Aucune structure crédible n'existe pour s'opposer à ce courant dévastateur ou pour contribuer à en diminuer l'impact. Pis encore, il semble que l'on se dirige beaucoup plus vers son accentuation. D'après les observateurs, les raisons de son existence sont encore là et plus vivaces que jamais. En plus des explications classiques qui ont trait à la psychologie (l'adolescence, les conditions sociales, le manque d'encadrement...), on ajoute, aujourd'hui, la prolifération des réseaux sociaux qui sont en train de donner naissance à une génération débridée rejetant toutes limites et toutes règles sociales. De même, tous les nouveaux types de chansons utilisent une langue de bas niveau. N'importe qui peut chanter n'importe quoi. Les médias ne jouent aucun rôle constructif allant dans le sens positif et notamment quelques chaînes TV privées. Les médias publics (TV et radios ne sont pas exemptes de ces reproches qui se transforment en accusations claires chez beaucoup de parents). Ces moyens publics n'ont aucun droit de passer des produits nuisibles et n'obéissant pas aux règles de la déontologie. C'est l'argent du Tunisien qui est ainsi gaspillé. Les animateurs oublient souvent qu'ils travaillent dans une chaîne publique et qu'ils sont tenus de respecter les auditeurs et les téléspectateurs en leur offrant des programmes de qualité et de haut niveau. C'est là, du moins, l'avis de la grande majorité des gens. Les innombrables associations, de leur côté, ne font rien de concret pour trouver les solutions et jouer un rôle dans la sensibilisation. Alors que de nombreux jeunes sont livrés à eux-mêmes, des parties cherchent à profiter de la situation par la manipulation en vue de réaliser des desseins divers. Cette dérive est appelée à s'aggraver si on ne prend pas les mesures qui s'imposent. Des études sérieuses doivent être menées non seulement par les parties officielles, mais aussi, par les vrais acteurs de la société civile.