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« Les Frères planifiaient de garantir les pétrodollars au Califat »
Alaya Allani :
Publié dans La Presse de Tunisie le 25 - 03 - 2014

Professeur d'histoire contemporaine à l'Université de La Manouba, auteur du livre « Les mouvements islamistes dans le monde arabe : l'exemple tunisien », Alaya Allani analyse les implications des revirements géostratégiques que connaît la région du Golfe sur la Tunisie.
Quelle est votre lecture de la décision de l'Arabie Saoudite de classer les Frères musulmans organisation terroriste ? Marque-t-elle la fin de l'expérience de l'islam politique ?
La décision saoudienne n'a fait que précipiter cette fin dictée bien avant par le rendement médiocre de l'islam politique en Egypte et en Tunisie. Historiquement, l'Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis et Bahreïn n'ont jamais toléré l'idéologie des Frères musulmans. Lors des révolutions arabes, ils ont dû leur accorder un répit et battre en retraite en faveur du Qatar qui a joué les premiers rôles en les soutenant. Trois facteurs ont conduit à ce revirement. Le premier est la découverte dès 2012 aux Emirats de cellules actives des Frères musulmans qui planifiaient de s'étendre aux riches monarchies pétrolières et de garantir le pouvoir financier nécessaire pour réaliser le vieux rêve de Califat dans le contexte alors très favorable des Printemps arabes. On se rappelle comment en 2012, ces cellules ont été sévèrement condamnées par les autorités émiraties. En 2013, les autorités saoudiennes ont, à leur tour, arrêté des dizaines de partisans locaux et étrangers des Frères musulmans, et condamné certains à des peines de prison à vie. Le deuxième facteur est la menace de déstabilisation régionale conséquente à la confrontation entre le nouveau régime en Egypte et les Frères musulmans suite à la destitution de Morsi. Forcing qui a dépassé les limites politiques et pris des dimensions sécuritaires. C'est Le Caire, en premier, qui décidait, il y a trois mois, de classer les Frères organisation terroriste. L'Arabie Saoudite a entériné. Le troisième facteur est le retour en puissance de l'Arabie Saoudite qui se trouve, suite à la guerre en Syrie et à la chute de Morsi, à la tête d'un nouveau pôle régional réunissant les Emirats, Bahreïn et l'Egypte en attendant de s'ouvrir à d'autre pays d'Orient et même du Maghreb. Cette alliance est axée autour du rejet du courant de l'islam politique considéré dangereux pour la sécurité de la région. Parmi les premières actions de cette alliance, le retrait des ambassadeurs de ces pays au Qatar, l'interdiction de toute forme d'alliance politique, économique et médiatique avec l'organisation et le conditionnement de toute aide économique au reste des pays arabes par l'approbation et la concrétisation de la décision saoudienne...
Lors de sa récente tournée dans la région du Golfe, M. Mehdi Jomâa a dû approuver la décision saoudienne. Quelles sont les répercussions réelles de cette décision sur la Tunisie et sur le mouvement Ennahdha ?
La première répercussion est le conditionnement des relations économiques entre ces pays et la Tunisie par l'adhésion de notre pays à la position de l'alliance. La deuxième concerne Ennahdha en particulier. Pour continuer à faire partie du paysage politique, le mouvement sera contraint de se dégager de toute relation idéologique et organique avec la confrérie et de se diviser. Continuer à soutenir les Frères d'Egypte et à dénoncer l'actuel régime du Caire isolera davantage Ennahdha du reste des acteurs politiques en Tunisie, en Algérie, qui refusera également de soutenir un régime islamiste, et dans le reste du monde arabe. La troisième conséquence est que la position saoudienne a rendu encore plus difficile le retour d'Ennahdha au pouvoir après les prochaines élections. Retour entravé par le bilan médiocre des gouvernements Jebali et Laârayedh et par les perspectives de divisons au sein du mouvement. Abdelfattah Mourou l'avait prédit : Ennahdha devra passer pas moins de vingt ans dans l'opposition. Le temps de faire son autocritique et sa révision idéologique.
Alors que Rached Ghannouchi nie tout lien organique avec l'organisation mondiale des Frères musulmans, les partisans de son mouvement continuent à brandir l'emblème de Rabâa et les posters de Morsi. Quelle est la vérité historique et objective de la relation entre Ennahdha et l'organisation ?
Rappelons avant tout que la confrérie des Frères musulmans est une organisation clandestine qui ne distribue pas de cartes de membre et qu'aucun document ne peut servir de preuve d'appartenance. Cela dit, historiquement, personne ne peut nier l'appartenance organique et idéologique du groupe Al Jamâa Al Islamiya né au début des années 70 — qui donnera successivement le jour au Mouvement de la tendance islamique (MTI) et à Ennahdha — à l'organisation des Frères musulmans. Tous les historiens et les spécialistes de la question connaissent la méthode de recrutement de l'organisation qui consiste en un serment de fidélité « Bayâa »* (acte d'allégeance), identique à ceux des organisations fascistes et nazies. C'est d'ailleurs le refus de prêter ce serment qui a contraint H'mida Ennaifer, l'un des membres fondateurs d'Al Jamâa Al Islamiya, à quitter le groupe. Lui-même me l'a confié lors d'une interview publiée dans mon livre. Il faut aussi se référer aux documents publiés dans les médias occidentaux démontrant l'appartenance d'Ennahdha à l'organisation mondiale. Il y a par ailleurs toutes les rencontres tenues par le « Tandhim » en Turquie et auxquelles Ennahdha a toujours participé. La relation entre Ennahdha et l'organisation des Frères musulmans est indéniablement organique et idéologique. Si on fait un flash-back sur la destitution de M. Morsi en Egypte, on constate le soutien inconditionnel d'Ennahdha au sit-in de la place Rabâa et la vive dénonciation de la chute du régime des Frères. Il est difficile d'expliquer simplement cela par une relation culturelle comme le soutient Rached Ghanouchi. Il est possible que le chef du mouvement tente de se détacher de la confrérie. Encore faut-il le déclarer clairement, le prouver par des mesures concrètes et le faire respecter par tous les membres et les partisans.
* Le texte du serment Al Bayâa dit : « Je jure au nom de Dieu de préserver les secrets de l'organisation et d'obéir à l'Emir de l'organisation dans le meilleur et dans le pire »


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