Bien que dynamiques avec une activité qui a doublé, entre 2010 et 2013, les entreprises installatrices du système photovoltaïque connecté au réseau public de la Steg se trouvent aujourd'hui au bord de la faillite. Elles sont dans l'incapacité d'honorer leurs engagements soit envers leurs clients, leur personnel ou encore moins leur banque Depuis 2010, le Programme national de promotion des systèmes photovoltaïques connectés au réseau public de la Steg a doublé ses réalisations. On est passé de l'installation de 1000 kWc/ an, à plus de 8000 kWc, en 2013. Et pourtant, les entreprises opérant dans ce créneau — théoriquement porteur, puisque les énergies renouvelables sont l'avenir du monde — se trouvent dans des difficultés extrêmes, et risquent la faillite. Tahar Achour, président de la Chambre syndicale nationale des énergies renouvelables, explique les causes d'une crise qui secoue l'activité. « Les raisons de la crise sont essentiellement liées aux insuffisances des services rendus par les acteurs principaux du « Prosol Elec », l'Anme et la Steg. Prises de court par le développement du marché, ces institutions avouent, par manque de moyens humains et logistiques, ne pas pouvoir respecter les délais de suivi et de traitement des dossiers déposés par les sociétés avant, en cours et après exécution des installations », a-t-il précisé. Et d'ajouter, les handicaps freinant l'avancement des dossiers sont les délais non raisonnables de traitement des dossiers au niveau des trois partenaires : « Prosol Elec », l'Anme et la Steg. Des délais qui vont jusqu'à un mois, au lieu d'une semaine, et de trois mois au lieu d'une quinzaine de jours. Les raisons des retards sont également expliquées dans un communiqué rendu public par la Chambre syndicale nationale des énergies renouvelable. Des raisons liées principalement à un manque de ressources humaines, ou de moyens logistiques. Résultat des courses, au niveau de la Steg : entre la date de démarrage de la procédure et la date d'arrivée du dossier à la direction commerciale centrale, il faut 3 à 6 mois. Quant au niveau de l'Anme, entre la date de dépôt des dossiers et la date de virement du montant de la subvention, il faut 10 à 16 semaines pour les dossiers conformes à la procédure. « Nous sommes en avril 2014 et les contrats-programmes ne sont pas encore disponibles, les sociétés ne peuvent déposer à l'Anme aucun dossier relatif aux installations réalisées depuis le début de l'année », indique le président de la chambre syndicale. Et d'ajouter, cela « signifie que les subventions relatives à ces réalisations ne seront débloquées qu'à partir de juin 2014, donc avec un retard de plus de 5 mois. Aucune société ne pourra résister, sachant que les dossiers de fin 2013 sont en attente de règlement». Aussi, le président de la chambre syndicale lance-t-il un cri d'alarme suite à cette situation de retard de traitement des dossiers. En effet, toujours selon le communiqué de la chambre syndicale, les entreprises sont toutes en cessation de paiement avec toutes les conséquences désastreuses, traites et chèques impayés, commandes auprès de leurs fournisseurs non acceptées, aucune marge de manœuvre possible auprès de leur banque ». Le Prosol Elec avait comme objectif le développement du PV connecté au réseau, mais aussi l'émergence d'une activité technique créatrice d'emplois. Quatre ans après, le résultat a été tout le contraire d'un développement d'activité, pourtant porteuse. Le Programme national de promotion des systèmes photovoltaïques est soutenu par un mécanisme de financement innovant basé essentiellement sur une subvention du Fnme gérée par l'Anme et un crédit à la consommation servi par une banque privée de la place, et géré par la Steg. Deux ans après son démarrage, le marché a pris de l'ampleur et ce, grâce au dynamisme des sociétés installatrices, dont le nombre a dépassé les 140 entreprises agréées dont une trentaine sont réellement actives. « Certes, le marché est demandeur, mais l'outil réalisateur de ce programme se désintègre de jour en jour, à cause des moyens financiers que nos partenaires institutionnels n'ont pu, involontairement, préserver, faute de tenir leur engagement pour écourter les délais et alléger les procédures », précise Tahar Achour, président de la Chambre syndicale nationale des énergies renouvelables. Le personnel des sociétés s'est engagé dans le couloir du chômage forcé résultant d'un manque de clairvoyance des acteurs institutionnels, eux-mêmes victimes du développement rapide du marché que les entreprises ont catalysé par leur engagement à faire réussir cette première phase et se préparer aux autres étapes plus ambitieuses inscrites dans la stratégie énergétique nationale. « Nous lançons un appel au gouvernement pour se pencher d'urgence sur ce dossier en réunissant tous les acteurs de ce projet en vue de trouver la bonne procédure pour sauver les entreprises en difficulté qui sont le maillon indispensable appelé à réaliser les projets nationaux de ce secteur », a déclaré le président de la Chambre syndicale nationale des énergies renouvelables