Après six ans d'absence et de silence, le Conseil national d'assurance maladie s'est réuni hier, au siège du ministère des Affaires sociales, sur une initiative du ministre Ahmed Ammar Youmbai Il est inadmissible de s'engager dans des réformes structurelles et d'examiner la situation actuelle des caisses sociales, afin de trouver des solutions aux problèmes de financement, sans prendre l'avis du Conseil national d'assurance maladie. Un conseil qui ne s'est pas réuni depuis 2008. Et pourtant les caisses sociales souffrent aujourd'hui d'une situation de déficit exceptionnelle jamais atteint et dont les solutions ne peuvent être trouvées que dans le cadre d'un consensus national. Le ministre des Affaires sociales, Ahmed Ammar Youmbai, a rappelé encore une fois que la réforme du système de sécurité sociale ne pourrait en aucun cas être imposée unilatéralement par le gouvernement. Bien au contraire, l'ensemble des concernés seraient associés à la réflexion, et l'ensemble des décisions seraient prises, dans le cadre d'un consensus par le biais du contrat social. L'objectif n'est autre que la garantie de la pérennité des caisses sociales, et par là même du régime de sécurité sociale. D'où l'appel lancé par le ministre à la réunion du Conseil national d'assurance maladie, hier, au siège de son département. Aussi, toutes les parties concernées — ministères, organisations professionnelles, associations nationales, établissements et structures publics ainsi que les conseils nationaux des ordres et organisations syndicales des prestataires de services médicaux — étaient-ils présents à cette réunion. Une réunion au cours de laquelle les participants ont exposé les problèmes rencontrées et les difficultés que connaît le système de l'assurance maladie. Un système qui aurait dû être un jalon sur la voie des grandes réalisations accomplies en Tunisie avant la révolution, et qui a désormais montré ses limites après le 14 janvier 2011. En effet, les participants au Conseil national d'assurance maladie ont mis en relief les limites du régime. Des limites qui vont de la relation entre les Tunisiens et les prestataires de services de soins, aussi bien publics que privés ; de la relation entre le régime public et le régime privé ; de la relation de la Cnam et des affiliés... Les participants ont, par ailleurs, mis en exergue l'importance de la périodicité de la réunion du Conseil en tant qu'espace de dialogue et de concertation sur la marche du régime de l'assurance maladie en consécration de l'approche consensuelle et partenariale sur laquelle se fonde la réforme. Le déficit des trois caisses sociales, rappelle le ministre, est passé de 220 MD en 2012 à 280 MD en 2013 et serait d'environ 400 MD en 2014. Pis encore, le déficit continuerait à se creuser, au cours des prochaines années, pour atteindre quelque 700 MD en 2015 et un milliard de dinars en 2016 ! On assiste à une montée exponentielle du déficit qui dénote, désormais, une situation « grave » qu'aucun pays ne pourrait supporter. Et d'ajouter, « il s'agit d'un déficit structurel auquel des mesures d'urgence doivent être préconisées, au risque d'une faillite de tout un système. Après quoi, une réforme globale serait entamée, en vue d'éliminer le déficit et surtout de garantir la pérennité des caisses, et par là même du système de protection et de sécurité sociale ». La réalisation des objectifs de la réforme est tributaire de la conjugaison des efforts de tous et du partage des responsabilités entre les diverses parties, Cnam, professionnels et affiliés, conformément à un principe contractuel et une approche consensuelle basée sur le dialogue en tant que moyen visant à rapprocher les points de vue, ainsi que sur l'évaluation continue et la concertation en tant que moyen pour résoudre les litiges. Les participants se sont mis d'accord pour constituer des commissions de réflexion, lesquelles présenteront leurs propositions aux commissions du contrat social, afin d'identifier les solutions nécessaires pour sortir de la crise. L'objectif ultime n'est autre que de garantir aux citoyens une prestation sanitaire minimale.