L'expert en droit Amine Thabet dresse la longue liste des responsabilités qui incombent à l'Etat libyen en vertu de la Convention internationale des Nations unies contre la prise d'otage, ratifiée par la Libye et la Tunisie Le ministre des Affaires étrangères, Mongi Hamdi, a indiqué, lors d'un séminaire portant sur «les dangers du travail diplomatique à l'étranger et les mécanismes de sécurité» organisé jeudi par l'Association des diplomates tunisiens, que les efforts sont en cours pour la libération des deux diplomates tunisiens retenus en Libye, Mohamed Ben Cheikh et Lâaroussi Gontassi. «Ces efforts sont cependant entourés de secret, afin de ne pas compromettre la libération des otages», a expliqué le ministre. De son côté, Amine Thabet, enseignant-chercheur en droit national et européen, a mis en garde contre une éventuelle instrumentalisation politique du dossier des otages. Pour lui, il est impératif que l'Etat tunisien soit le seul à négocier la libération des deux diplomates. «Nous savons par exemple que le parti Ennahdha dispose de liens avec certaines parties libyennes. Il ne faudrait pas qu'ils entrent en négociation sans passer par le principal négociateur qu'est l'Etat tunisien», a expliqué Amine Thabet. Lors de son intervention, cet expert en droit a dressé la longue liste des responsabilités qui incombent à l'Etat libyen en vertu de la Convention internationale des Nations unies contre la prise d'otage, ratifiée par la Libye et la Tunisie. Selon cette convention, la Libye est tenue d'assurer le bon traitement des otages, de réprimer les ravisseurs, de prévenir les prises d'otages par un travail de renseignement et d'enquêtes et de faciliter, une fois libérés, le retour des otages dans leur pays d'origine. «Si la Libye ne fait pas face, de façon sérieuse, à ses responsabilités, la Tunisie se réserve le droit de la poursuivre, conformément aux dispositions de la convention», a précisé l'expert. En théorie donc, tout est possible. Sauf que la réalité du terrain est tout autre, comme l'évoque l'ex-ambassadeur tunisien en Libye Slaheddine Jemmali. «Je pense qu'il ne faut pas mettre trop de pression sur la partie libyenne, pour deux raisons : la première c'est que le gouvernement libyen n'arrive même pas à contrôler Tripoli, la deuxième raison est que nous ne pouvons pas nous permettre d'altérer nos relations diplomatiques avec la Libye. Il faut regarder vers l'avenir», a-t-il déclaré. Pour Mokhtar Ben Nasr, membre du Centre tunisien pour les études sur la sécurité globale, les groupes terroristes visent l'Etat à travers l'enlèvement des diplomates. Dans ce cas, les Etats se trouvent dans une situation très délicate. «Ces groupes terroristes cherchent la négociation avec les Etats, et à travers cette négociation ils cherchent une forme de reconnaissance de leur existence», a indiqué Mokhtar Ben Nasr. Il est à rappeler que 25 Tunisiens ont trouvé la mort en Libye depuis le début de la guerre. Sur un autre plan, le ministre des Affaires étrangères a annoncé qu'il espérait voir émerger un dialogue intra-libyen sur le modèle du dialogue national entamé en Tunisie. Toutefois, Mongi Hamdi considère que l'organisation d'un tel dialogue sur le sol tunisien comporte des risques pour la diplomatie tunisienne. «D'un côté nous ne pouvons pas prendre le risque de ce qui pourrait être considéré comme une immixtion dans les affaires libyennes, et d'un autre côté, la Tunisie est dans l'impossibilité d'accueillir un certain nombre de groupes qui, de son point de vue, sont considérés comme des terroristes», a expliqué le ministre.