Malgré la forte pression exercée sur les élèves par des personnes malintentionnées, la première session du Bac s'est achevée de façon normale. Les tentatives de certains médias de créer le doute et la peur ont échoué. Nos lycéens ont montré qu'ils n'étaient pas, facilement, manipulables L'opinion publique a exprimé son irritation devant les abus enregistrés au cours des examens du Bac. Les actes d'agression commis contre des enseignants surveillants à Rouhia, gouvernorat de Siliana, (où un élève s'est attaqué au professeur qui assurait la surveillance en le frappant avec une chaise), à Om Larayès, au Kef et à Ben Arous sont d'une gravité telle que le corps enseignant chargé d'assurer le bon déroulement des examens s'est senti de plus en plus menacé. A cet égard, le syndicat général de l'enseignement secondaire s'est dit inquiet des proportions prises par le phénomène de la fraude et de son amplification, notamment par le biais des moyens technologiques. Les fraudeurs cherchent à banaliser ces actes en s'opposant, même violemment, aux tentatives qui visent à les en dissuader. Les surveillants, par le biais de leur syndicat, s'étonnent (selon eux) que le ministère n'ait pris aucune mesure pour brouiller le réseau afin d'empêcher la prolifération de ce fléau. Or, le ministère assure qu'il a utilisé des détecteurs de portables. On note, en effet, l'organisation de plus en plus forte de tout un système qui permettrait à des candidats d'obtenir des informations venant de l'extérieur. Des bandes travaillant dans les cafés avoisinant ou dans des locaux proches apporteraient leur soutien à des candidats. L'intérêt accru pour tenter de stopper la triche au Bac a poussé certains à défier la loi et l'ordre au risque de perturber toute la session du Bac. Il y aurait, derrière tout cela, un plan de sabotage orchestré par des gens qui n'ont rien à perdre et dont le but est de saboter un processus éducationnel auquel le Tunisien consacre une bonne partie de son budget. La réaction syndicale est, malgré tout, légitime. C'est pourquoi il a été fait appel à tous les professeurs correcteurs de s'arrêter de corriger les copies durant toute la matinée du mardi 10 juin pour marquer leur refus de ce qui s'est passé dans les centres d'examen. Une réunion urgente avait eu lieu entre le ministre de l'Education et le syndicat général de l'enseignement secondaire. Ce dernier avait jugé que cette entrevue n'avait abouti à aucun résultat concret. Deux exigences essentielles avaient, alors, été proposées. La première consistait à interdire aux agresseurs de poursuivre le passage des épreuves et de prendre les mesures juridiques qui s'imposent tout en les privant de se réinscrire de nouveau au Bac. La seconde portait sur le brouillage des réseaux. Selon le syndicat, le ministre n'aurait pas accordé l'intérêt requis à ces doléances et il aurait expliqué que le brouillage relevait des compétences des opérateurs et des réglementations liées au code des communications. En réalité, ce phénomène n'est pas récent. Ce qui l'est, par contre, c'est le tapage médiatique orchestré autour de lui. Beaucoup de radios et de chaînes Tv privées ne passaient que les à-côtés du Bac en insistant sur les moindres petits détails. Pourvu qu'ils soient négatifs. L'affaire est très louche. En gros, le travail accompli par ces médias est loin d'être professionnel. Le seul but est d'accrocher et de chercher le sensationnel. Quitte à ce que cela nuise aux examens. Si, d'ailleurs, le but non avoué n'était pas celui-là ! Depuis très longtemps la fraude au Bac était un fait courant mais les proportions n'étaient pas les mêmes. A titre de comparaison, la France a enregistré 419 cas de fraude en 2012 pour 760.000 candidats. Or, nous, nous en avons enregistré 539 en 2012 et 747 cas en 2013. Cette année, on fait état de 392 cas entre fraude et mauvais comportement. Soit une baisse de près de 30 %. De plus, la conjoncture actuelle a accentué les aspects du problème. Le développement des moyens technologiques et de communication a facilité la tâche des fraudeurs. Le gain facile d'argent a ouvert la porte devant des individus sans scrupules pour exploiter le filon. Le climat politique ne serait pas étranger à cette attitude développée par certains de nos jeunes qui se croient tout permis et qui minimisent les conséquences de ces actes. De nombreux observateurs et enseignants n'excluent pas l'implication de certaines parties pour faire du Bac non pas une fête annuelle et le couronnement d'un processus éducatif, mais l'occasion de créer des tensions sociales et politiques. Et, ne voilà-t-il pas que des députés s'activent à rassembler des signatures pour convoquer le ministre de l'Education et l'interroger sur les conditions dans lesquelles se sont déroulées les épreuves du Bac. Or, la dernière réunion du Conseil des ministres (11.06.2014) a confirmé le bon déroulement de cette échéance. Il ne faut pas, non plus, oublier l'annonce de la possible suppression des 25 % de bonus accordés jusqu'à présent. Beaucoup ont peur de redoubler cette année et ne plus bénéficier de cet avantage. C'est, en quelque sorte, un forcing et une recherche effrénée de réussir à tromper la vigilance des surveillants.