La délinquance est un phénomène qu'on ne peut traiter en aval, mais plutôt en amont, au niveau de la famille qui doit assumer ses pleines responsabilités pour prémunir les enfants contre les dangers qui les guettent et les errements qu'on ne peut réparer par la suite Au nombre des dérives de la société, la délinquance figure en bonne place. Le phénomène a pris des proportions telles qu'il est devenu inquiétant et menaçant pour les équilibres sociaux, ainsi que pour la sécurité même du pays. Aujourd'hui, on ne peut plus se permettre de parler de quelques égarés ou de brebis galeuses, tellement le mal a infesté des pans entiers de la société parmi toutes les couches sociales et tous les âges. La délinquance prend d'ailleurs des formes multiples. Elle n'est plus seulement juvénile comme on a souvent tendance à la présenter. Elle est juvénile, certes, dans l'une de ses facettes, mais elle est aussi économique, idéologique et même religieuse. Pour cette dernière, le jihadisme violent et le terrorisme en sont la parfaite expression. Faut-il pour autant baisser les bras et l'accepter comme une fatalité? Ou, au contraire, chercher à lui trouver les remèdes pour au moins la circonscrire, faute de pouvoir l'éradiquer ? Mais pour ce faire, il faudrait tout d'abord désigner les responsables quels qu'ils soient loin de tout populisme qui n'est autre d'ailleurs que la facette de la délinquance politique. Aujourd'hui, le pays est cerné de toutes sortes de dangers. Il est menacé dans ses assises, dans ses valeurs et dans son existence même, du fait de ces malfaiteurs. Et ce n'est pas à l'Etat et à lui seul qu'on doit faire endosser la responsabilité pour lui demander ensuite des comptes. Agir de la sorte, c'est faire fausse route et se voiler la face pour ne pas voir la vérité telle qu'elle est. Tout le mal est à chercher du côté de la société dans son intégralité et, surtout, dans sa composante de base, la famille. Cette dernière, jadis le socle sur lequel repose tout l'édifice social et sociétal, est devenue son talon d'Achille. Talon d'Achille Les changements intervenus durant plus d'un demi-siècle d'Indépendance ont par la force des choses introduit de nouvelles mœurs et valeurs. Elles ne sont pas toutes mauvaises. Mais elles ne sont pas toutes bonnes aussi. Relativiser à ce niveau, c'est faire le premier pas vers des ébauches de réponses et peut-être de solutions. Notre mode de vie, les contraintes professionnelles de la femme comme de l'homme, l'invasion technologique (TV, Internet, téléphonie mobile avec tous les services proposés), l'ouverture sur l'extérieur à travers notamment les moyens d'information modernes, l'usage excessif et incontrôlé de ces moyens, ont tout bouleversé dans notre société qui n'était pas suffisamment immunisée pour ne pas succomber au choc violent consécutif à ces changements rapides. Mais tout ceci ne peut en aucun cas servir d'excuse pour se décharger de ses responsabilités sur les autres et, notamment, l'école, la rue et au bout du compte l'Etat. Les parents, qu'on se le dise sans détour, ont failli dans leur majorité écrasante à leur devoir à l'égard de leurs enfants. Il est facile d'avoir une descendance, mais encore faut-il savoir l'accompagner, l'élever selon les bons usages, la corriger quand cela devient nécessaire. Avec les avancées de la médecine, on peut ne pas avoir d'enfants aujourd'hui, mais si on décide d'en concevoir, il faut mériter de les avoir, pour qu'ils soient de futurs sujets utiles à la société et non des éléments nocifs qui seront à la charge de cette même société qui aura à subir leurs méfaits, des plus anodins aux plus dangereux. Est-il normal qu'un père ou une mère de famille laisse à longueur de journée ses rejetons errer dans la rue sans chercher à savoir quelles sont leurs fréquentations. Est-il logique que des gosses en très bas âge, et dont les familles sont aisées, disposent d'argent de poche qui dépasse souvent la paie d'un petit fonctionnaire? Leurs parents se sont-ils jamais demandés où cet argent est dépensé et comment ? Et quand le malheur s'abat sur ces petits livrés à eux-mêmes par la faute de leurs parents, soit en devenant consommateurs de drogues, soit en se faisant embrigader par les rabatteurs des jihadistes ou encore en prenant le large sur des barques de fortune pour aller sur l'autre rive de la Méditerranée, on se souvient, à ce moment-là, qu'on a des enfants et on cherche par tous les moyens à faire endosser la responsabilité aux autres, à l'école en premier lieu. Alors que cette même école n'est plus ce qu'elle était depuis des lustres, et par la faute de cette race de parents qui n'hésitent pas à aller insulter, injurier et même agresser les enseignants dans l'enceinte de leurs établissements scolaires, parce qu'ils ont donné une mauvaise note à leur enfant ou parce que ce dernier a été sermonné et rappelé à l'ordre par son instituteur ou son professeur. Aujourd'hui, un enseignant peut être traîné devant les tribunaux sans que son employeur ne soit en mesure de lui porter secours. Parole contre parole et c'est celle de l'élève qui a le dessus sur celle de celui qui lui prodigue savoir et connaissance ! L'Etat n'est pas non plus épargné parce qu'il ne parvient pas à rapatrier des terroristes arrêtés çà et là par les autorités des pays où ils sont allés semer la mort et la terreur. Où se trouvaient ces mêmes parents quand leurs garçons, et parfois leurs filles, ne rentraient que tard, très tard le soir? Se sont-ils jamais inquiétés de leur absence pour aller s'enquérir du lieu où ils se trouvaient ? Proie facile pour les délinquants religieux, ces enfants sont vite éloignés de leurs quartiers pour être envoyés en Irak, en Libye ou en Syrie. Pour ceux qui prennent le large, n'a-t-on pas vu et entendu des mères reconnaître qu'elles avaient financé les voyages de leurs enfants, en vendant les quelques bijoux qu'elles ont ? Et elles viennent, par la suite, demander à l'Etat des comptes pour des fautes dont elles sont responsables et dont normalement elles doivent répondre devant les tribunaux. Ce sont ces mères à qui on devra demander des comptes et non à l'Etat ou à l'école. Enfin, ces ONG qui prennent à cœur les malheurs de ces familles, en cherchant à les aider quand il est déjà trop tard, ne pourraient-elles pas intervenir pour anticiper en sensibilisant ces parents et leurs enfants avant de tomber dans les pièges des délinquants professionnels, qu'ils soient des filières de la drogue, de la contrebande ou de la nébuleuse terroriste. Le mieux pour ces ONG est d'aller au-devant des événements que de s'apitoyer sur le sort de ceux qui sont déjà perdus et peut-être à jamais, par la faute et l'unique faute de leurs parents.