Respecter le calendrier électoral demeure une priorité pour l'Instance qui aura des votants et des votants-candidats, alors qu'elle minimise l'importance des dépassements qui ont été enregistrés, entre autres, par rapport à des associations qui devraient collaborer avec elle lors de cette campagne d'inscription des électeurs, ce qui touche le fond même des élections libres et transparentes... Lors des prochaines élections, nous aurons des électeurs qui auront le droit de voter et de se porter candidats, et d'autres qui ne disposeront que du simple droit de voter dont des anciens et nouveaux électeurs! La campagne d'inscription des électeurs lancée tardivement depuis le 23 juin dernier ne cesse de provoquer des polémiques quant aux conditions d'inscription, interférences politiques et autres aléas qui réduisent la marge de transparence des prochaines élections, considérées comme les vraies premières élections transparentes et démocratiques en une Tunisie post-révolutionnaire! Une question qui se pose : a-t-on le droit de priver des citoyens de leurs droits pour cause de mauvaise programmation et de mauvaise organisation imputables à la seule Isie ? Le choix des priorités dans un processus aussi épineux peut-il être matière à réflexion au sein de l'Isie ou ne doit-on pas plutôt redéfinir les priorités pour ne pas rater le train de la démocratie? L'Instance a décidé de diviser les électeurs en deux catégories. En effet, tout en annonçant qu'une «deuxième et dernière chance sera donnée» aux électeurs qui ne se sont pas inscrits jusqu'ici, le président de l'Instance supérieure indépendante des élections (Isie), Chafik Sarsar, a affirmé hier que cette deuxième prorogation permettra aux retardataires de s'inscrire en tant qu'électeurs seulement. «Nous tenons à ce le calendrier électoral soit respecté et, ainsi, ceux qui vont s'inscrire maintenant n'auront pas le droit de se porter candidats aux prochaines élections. En d'autres termes, aucune candidature que ce soit aux législatives ou à la présidentielle ne sera acceptée», a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse tenue hier à Tunis. Essayant de rattraper le retard, sur lequel plusieurs associations impliquées dans le processus d'observation des élections ont attiré l'attention avant même l'adoption de la loi électorale, qui a quant à elle traîné dans les rouages de l'Assemblée nationale Constituante et du dialogue national, l'Isie n'a fait qu'enfoncer le clou de la discorde. Sinon comment peut-on qualifier la décision d'avoir des électeurs seulement votants et d'autres qui ont le droit de se porter candidats aux tant attendues élections ? L'on se demande à ce sujet, sommes-nous en train de priver des citoyens de l'un de leurs droits et est-ce de cette manière qu'on va sanctionner ceux qui n'ont pas confiance en les politiques actuels ou ceux qui ne se sont pas encore décidés ? Tombola et base de données! Sans parler des dépassements constatés au niveau des bureaux d'inscription avec 130 associations qui collaborent avec l'Instance pour booster la campagne de sensibilisation des gens à venir s'inscrire, mais dont certaines ont finalement essayé d'orienter d'ores et déjà le choix des électeurs en les «conseillant» de voter pour «x» parti, comme l'ont confirmé des observateurs depuis la première période de la campagne d'inscription. Cette fois-ci, comme l'ont évoqué des observateurs régionaux et autres membres de partis politiques qui traquent les dépassements, des associations ont usé du logo de l'Isie pour organiser une soi-disant tombola au profit des inscrits pour recueillir par la suite leurs données personnelles et leurs contacts afin de constituer une base de données qui servira à des fins électoralistes. On n'infirme pas cette pratique comme l'a confirmé hier Lamia Zargouni, membre de l'Instance, qui a confirmé l'organisation de cette tombola. Tout de même, elle a indiqué que c'est une pratique illégale et que l'Isie ne l'a pas acceptée, notamment parce que l'association qui a organisé cette tombola a utilisé le logo de l'Instance lors de cet événement. Chafik Sarsar a évoqué un autre problème rencontré par les utilisateurs du site de l'Instance qui a été piraté. Il a indiqué que «le déni de service», qu'affichait le site, n'est en réalité qu'un simple blocage et n'entache aucunement les données personnelles des électeurs. L'Isie se déploie, par contre, à fond pour trouver des solutions à des problèmes techniques relatifs à la langue quant à l'appellation des bureaux d'inscription sur son site internet. Abstention quand tu nous tiens ! Par ailleurs et selon le président de l'Isie, la deuxième période dédiée à l'inscription des électeurs est prévue du 5 au 26 août, alors que l'Instance procédera à l'impression des listes du registre des électeurs à partir du 27 août, et ce, jusqu'au 31 du même mois. Quant à l'affichage des listes, il aura lieu les 1er et 2 septembre. «Cette chronologie a été décidée pour préserver des délais raisonnables pour la présentation des recours et autres oppositions, prévus du 3 au 26 septembre», ajoute-t-il. Le nombre des électeurs inscrits volontairement depuis 2011 s'élève à 5 millions 127 mille 143 électeurs, avec presque une parité hommes-femmes, dont 3 millions 200 mille qui ont confirmé leur inscription de 2011. Notons qu'au cours de la première prorogation du délai d'inscription, du 22 au 29 juillet dernier, 147 mille 497 électeurs se sont inscrits dont 8 mille 829 le jour même de l'Aïd El-Fitr. On a recensé que 63% parmi ceux qui se sont abstenus sont âgés entre 18 et 40 ans, alors que ceux âgés de 18 à 30 ans représentent 43% de cette masse d'abstention. Sarsar a indiqué qu'une action est menée pour rectifier le tir avec l'aide des structures de l'Etat et des associations de la société civile pour toucher 548 mille électeurs non-inscrits et qui ont voté lors des élections de 2011 sans être inscrits sur les listes. Par ailleurs, l'Instance a exhorté les jeunes qui auront 18 ans vers le 22 novembre prochain à entamer les procédures requises afin de parvenir à s'inscrire à temps. D'autre part, deux unités mobiles se déplaceront à Marseille et à Gênes pour booster le rythme des inscriptions jusque-là freiné par les problèmes de bases de données pas encore mises à jour. La prochaine période s'annonce très dure pour l'Instance qui a fait de mauvais choix dès le début, en dépit de l'argumentation qu'elle avait présentée, et elle en paie actuellement la facture...