Une étude stratégique de reconstruction et de développement de l'économie tunisienne est menée par l'Institut de la Méditerranée -Tunisie, filiale de l'Institut de la Méditerranée-Marseille et membre du Forum euro-méditerranéen des Instituts de Sciences économiques. Le comité de pilotage de l'étude s'est réuni récemment à Tunis. L'économie tunisienne passe, depuis la révolution, par une crise qui s'est aggravée au cours des dernières années. Il n'est pas nécessaire d'être un expert économique pour le constater : les prix des produits alimentaires ont connu, par exemple, une flambée sans précédent, la productivité a chuté à son plus bas niveau, les arrêts de travail pour cause de grève se sont multipliés dans toutes les entreprises, la valeur du dinar s'est dégringolée... A cela s'ajoutent un déficit commercial grave, des entreprises publiques et privées en difficulté et un budget qui subit des pressions de toutes parts. Les citoyens à l'intérieur du pays ont constaté aussi que plusieurs projets de développement régional n'ont pas été réalisés dans les délais. Pourtant, la Tunisie n'a pas changé son modèle de développement et ses choix économiques dans la mesure où l'on favorise toujours l'ouverture du marché, l'application de la loi de l'offre et de la demande - sauf pour les produits de première nécessité destinés aux couches sociales défavorisées - l'encouragement de l'initiative privée pour la multiplication des postes d'emploi... Des réformes ont été, cependant, annoncées depuis quelque temps. Elles concernent le système bancaire pour qu'il puisse constituer des fonds propres et contribuer au financement de l'économie avec une diminution du taux de risque. La fiscalité va faire l'objet également d'une réforme approfondie dans le cadre de la transparence et de l'équité. Les contribuables - et particulièrement les chefs d'entreprise - sont appelés à régulariser leur situation vis-à-vis des services fiscaux. Le passage du régime forfaitaire au régime réel devrait renforcer les recettes financières de l'Etat dont les ressources propres proviennent essentiellement des impôts. Plusieurs dossiers sont sur le bureau du gouvernement qui est tenu de rétablir les équilibres financiers et de les préserver en rationalisant les importations et les dépenses publiques. Nécessité d'une vision claire C'est dans ce cadre que M. Chedly Ayari, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT) et président exécutif du Comité directeur de l'Institut de la Méditerranée -Tunisie, a présidé, le 8 juillet dernier, la première réunion du comité de pilotage de l'étude stratégique de reconstruction et de développement de l'économie tunisienne qui est menée par l'Institut de la Méditerranée -Tunisie, filiale de l'Institut de la Méditerranée-Marseille et membre du Forum euro-méditerranéen des Instituts de Sciences économiques (Femise). L'objectif de cette étude est d'engager une réflexion approfondie en impliquant les parties prenantes afin de proposer une vision à moyen terme pour l'économie nationale. Il s'agit de trouver des solutions appropriées aux multiples problèmes qui se posent à plusieurs niveaux et qui empêchent l'économie de progresser et de réaliser de nouvelles performances. Les investisseurs nationaux et étrangers ont besoin d'une vision claire — qui a fait défaut pendant une longue période — afin de réaliser leurs projets en toute sécurité. Parmi les conditions essentielles pour favoriser l'investissement, l'instauration de la sécurité dans toutes les régions, le respect de la réglementation en vigueur, la simplification des procédures et l'implication des partenaires sociaux afin qu'ils favorisent la paix sociale durable. Autrement, la Tunisie ne serait plus en mesure de générer de nouvelles richesses, ni des postes d'emploi et de croissance inclusive. Le Comité de pilotage a, d'ailleurs, tenu compte lors des débats des axes sur lesquels sera basée l'étude en question. Il s'agit notamment des transformations structurelles relatives au schéma de croissance, l'élaboration d'un nouveau contrat social susceptible d'assurer une croissance juste et équitable, la poursuite de l'ouverture de l'économie nationale sur l'international de manière intelligente, le renforcement de la résilience macroéconomique et de l'inclusion financière. Economie à croissance forte L'étude a donné également une place de choix aux chantiers stratégiques des réformes à court, moyen et long termes et fixé une matrice quinquennale de reconstruction et de développement économique s'étalant de 2015 à 2020. L'économie tunisienne doit profiter désormais de toutes les opportunités offertes au niveau des marchés internationaux pour favoriser les investissements, les échanges commerciaux, le transfert technologique... Les missions économiques ont un rôle important à jouer dans ce cadre en activant les conventions de coopération conclues aux niveaux bilatéral et multilatéral. Une politique économique agressive et se basant sur des objectifs concrets doit être appliquée pour obtenir des résultats satisfaisants. Le partenariat gagnant-gagnant peut être développé davantage d'autant plus que plusieurs possibilités de coopération et d'échanges ne sont pas encore bien exploitées. Le statut du partenaire avancé avec l'Union européenne ne peut être couronné de succès sans des actions concrètes sur le terrain pour faire connaître les produits tunisiens à une large échelle, promouvoir l'image de la Tunisie pour attirer les investisseurs et les touristes, collaborer avec les Instituts et centres de recherche de renommée mondiale... Par ailleurs, et dans le cadre des préparatifs du Sommet « Investir en Tunisie, Start-up Democracy », prévu en septembre 2014, le Comité de pilotage a discuté des orientations de la note stratégique qui sera finalisée par l'Institut de la Méditerranée -Tunisie vers la fin du mois d'août 2014. Cette note sera considérée comme un document de travail pour cette manifestation d'envergure internationale. La note devrait développer six axes stratégiques relatifs aux transformations structurelles et aux réformes de l'économie tunisienne. L'objectif visé à moyen terme est de fournir toutes les conditions permettant à notre pays d'avoir les moyens permettant d'asseoir une économie à croissance forte, équilibrée, tenant compte de l'inclusion sociale et intégrée en s'ouvrant davantage sur l'environnement international. Rappelons que le comité de pilotage est composé de 16 membres dont le ministre de l'Economie et des Finances, le ministre chargé des affaires économiques et représentant de la présidence du gouvernement et l'ambassadeur de France en Tunisie. On compte aussi parmi les membres de ce comité des représentants de l'Institut de la Méditerranée-Marseille, du Femise, de l'Institut de la Méditerranée-Tunisie, de l'Institut arabe des chefs d'entreprises, de la Direction générale du trésor français, de la délégation de l'Union européenne, de l'Université tunisienne et, bien sûr, de la BCT.