La Ligue 1 a battu, la saison passée, tous les records d'instabilité sur les bancs. On va cette année vers de nouveaux records. Hormis le Stade Gabésien (Chihab Ellili) et l'Etoile Sportive de Metlaoui (Chokri Khatoui), tous les autres clubs ont changé de timonier durant l'exercice précédent. Le Stade Tunisien, laminé alors par le Stade Gabésien (4-0) au Zouiten, avait donné le ton avec le départ de Mahmoud Ouertani. Le début de cette saison annonce de bien «meilleures» statistiques. Première journée, et bonjour les dégats ! Voilà le champion sortant, l'Espérance Sportive de Tunis, évincer le Français Sébastien Desabre qui a payé pour ses performances africaines médiocres, la défaite devant le CS Hammam-Lif ne constituant au final que la goutte qui a fait déborder le vase. Exit Desabre, revoilà Ben Yahia ! Du coup, à El Gaouafel Sport de Gafsa, c'est une séparation à l'amiable, sinon voulue et demandée par l'entraîneur lui-même qui a été conclue. Khaled Ben Yahia, relancé par l'Espérance Sportive de Tunis s'en va après un seul match. Il est remplacé par Nabil Kouki, sur le banc mercredi dernier, dans le derby du Sud-Ouest contre l'ESM au bout de..... seulement une ou deux séances d'entraînement conduites avec les copains de Chakib Lachkham. Dragan n'avait pas commencé son championnat ! Plus fort encore, l'Etoile Sportive du Sahel remercie le franco-serbe Dragan Cvetkovic qui n'a pas goûté à un seul match de championnat, remplacé par le revenant Faouzi Benzarti. Il est vrai que, dès sa désignation, Dragan ne faisait pas l'unanimité. Il était attendu au tournant, et paya davantage pour ses deux échecs continentaux (Nkana et Séwé Sport) que pour une quelconque performance en championnat. Au Stade Gabésien, Lotfi Kadri, ulcéré par les critiques ayant suivi la défaite (3-1) au Zouiten contre le ST rend le tablier. Il est relevé après un seul match de championnat par Hamadi Daou. On est jusque-là partis sur des bases monstrueuses, étourdissantes: quatre changements après deux journées ! Gageons que cela va s'accélérer encore. Aujourd'hui, le banc du Belge Luc Emayel tangue dangereusement: un seul point pris par la Jeunesse Sportive Kairouanaise, cela sent le roussi. Au Club Athlétique Bizertin, non plus, on n'est guère satisfait des deux points pris sans avoir inscrit le moindre but ou produit un jeu convaincant. Le Serbe Ratko Dostanic est de plus en plus contesté. Contre la tentation Pourtant, la donne a changé cette saison. L'assemblée générale du football professionnel organisée le 25 juillet dernier à Hammamet a décidé d'interdire aux clubs pros d'engager plus de trois entraîneurs par saison. Une sorte de garde-fou qui doit donner à réfléchir. Ainsi, la marge de manœuvre se rétrécit et les dirigeants n'ont plus la bride sur le cou et doivent comptabiliser leurs chances de changer de coach et ronger leur frein. Car c'est une véritable tentation, un réflexe, une solution de facilité. Les entraîneurs, eux aussi, ont désormais les mains liées. Sur une saison, ils ne peuvent pas coacher plus de trois clubs. Car on connaît des techniciens qui écument les clubs sans retenue, passant à la vitesse grand V d'une association à une autre. Les projets sportifs sacrifiés Cette fièvre du limogeage empêche au final d'installer le moindre projet de jeu, ou sportif. Elle fragilise la volonté de construire des traditions de jeu et de gestion technique et renvoie les équipes à la case départ. Sans parler des coûts supplémentaires pour des clubs au bord de la banqueroute et qui se plaignent régulièrement du tarissement de sources de financement. Mais les dirigeants sont à mille lieux de se soucier d'un tel dessein. Ils réagissent au quart de tour alors que l'évidence de la continuité, de la patience et de la retenue est là. Elle renvoie aux performances du SG et de l'ESM, véritables révélations de la saison dernière qui ont résisté jusqu'au bout à la tentation, recueillant à l'arrivée les fruits d'une aussi forte leçon de sport et de vie. La fidélité, cela n'a pas de prix !