La station de louages de Bab El Fella qui compte un nombre important de véhicules se caractérise par une réelle anarchie au niveau de l'organisation du travail. Et ce sont les clients et les professionnels qui en font les frais... La station de louages de Bab El Fella connaît chaque jour une affluence des voyageurs qui veulent rentrer chez eux dans les meilleures conditions de sécurité et de confort. Or, ils sont confrontés à des problèmes multiples dont celui qui concerne le comportement de certains chauffeurs. Ceux-ci ne respectent pas l'ordre de priorité et stationnent leurs véhicules d'une façon anarchique pour être les premiers à partir. En effet, pour pouvoir quitter la station, tous les sièges doivent être occupés. Les louagistes essayent d'attirer par tous les moyens les clients potentiels qui veulent aller à Sousse, Hammamet ou Nabeul. Tous les moyens sont bons pour séduire les clients, même la baisse des tarifs. Une concurrence déloyale est ainsi pratiquée dans ce secteur. Querelles entre chauffeurs Si certaines personnes optent pour les louages pour aller à leur destination, c'est pour bénéficier de qualité censée être meilleure que celle offerte par les bus. A quelques mètres de cette station, les bus de la Société nationale de transport régional interubain sont mobilisés, attendant l'heure du départ. De nombreux louagistes sont donc confrontés à la concurrence des bus — dont les tarifs sont relativement réduits — et de leurs collègues qui acceptent de pratiquer des prix moins élevés. Pour rétablir l'ordre dans la station de louages, des agents devraient être mobilisés toute la journée par les services du transport, propose un louagiste qui a trop souffert de cette anarchie. C'est que chaque louagiste veut améliorer la cadence de ses voyages sans tenir compte des intérêts de ses collègues qui attendent depuis des heures sous un soleil de plomb. Parfois, des querelles se déclenchent entre les chauffeurs et on a constaté plusieurs scènes de violence. Les différends opposent aussi les louagistes à certains clients qui exigent le départ des véhicules avant que tous les sièges ne soient occupés. Certains louagistes acceptent volontiers de partir avec un, voire deux sièges vides pour attirer plus de clients au dépens de leurs collègues. Cela est également considéré comme une concurrence déloyale. L'un des louagistes se plaint, en outre, de l'état des routes. Selon lui, il faut faire des acrobaties pour éviter ces nids-de-poule et préserver les composants du véhicule qui connaissent une détérioration rapide à cause, justement, de ces routes en mauvais état. Un appel est lancé aux autorités compétentes pour faire les travaux d'aménagement d'usage sans négliger les actions d'entretien et de maintenance qui doivent se faire périodiquement. L'état défectueux de la chaussée diminue le confort du voyageur. Malgré les précautions prises, le véhicule peut passer sur des trous ou des dos d'âne anarchiques, ce qui cause forcément une secousse violente qui dérange plus d'un voyageur, surtout s'il s'agit d'une femme enceinte ou d'une personne âgée. Des pertes subies toute l'année Une autre réclamation formulée par plus d'un louagiste concernant les charges qui sont devenues de plus en plus importantes alors que les prix ne couvrent pas les frais. La marge de bénéfices ne cesse de se rétrécir comme un peau de chagrin. D'où la nécessité de trouver des solutions à ces professionnels afin qu'ils puissent avoir un revenu décent. Certes, le pays passe par une conjoncture difficile, mais on devrait diminuer les impôts imposés à ce secteur, estime un louagiste, rappelant que plusieurs de ses collègues ont été obligés d'abandonner ce travail à cause des pertes subies tout au long de l'année. De leur côté, les voyageurs à la station de louages de Bab El Fella ne sont pas tout à fait satisfaits des prestations fournies par certains louagistes. Selon eux, plusieurs véhicules, dans un état délabré, sont maculés de boue, comme si les conducteurs n'avaient pas effectué de nettoyage depuis des mois. De plus, la conduite est incorrecte sur les routes, et ce, malgré les campagnes de sensibilisation. Cela expose les voyageurs à des risques réels d'accidents. D'ailleurs, l'Observatoire national de la circulation a enregistré des accidents mortels dus à l'excès de vitesse commis par certains conducteurs. Les louagistes veulent arriver à destination le plus rapidement possible sans respecter le code de la route. Le nombre de rotations est le premier souci de ces professionnels qui consacrent leur journée à faire la navette entre Bab El Fella et l'une des régions de l'intérieur du pays. Ils empruntent le GP1 — au niveau de la banlieue sud — avant de passer par l'autoroute à péage pour aller à Nabeul, Hammamet, Sousse ou d'autres régions côtières. Parfois, les conducteurs marquent une pause de quelques minutes sur proposition commune des voyageurs ou pour s'approvisionner en carburant. Ensuite, les louagistes retournent au point de départ, à savoir la station de Bab El Fella dont l'activité commence très tôt le matin pour finir à une heure tardive. Cette station devrait faire l'objet d'un aménagement et d'une meilleure organisation pour pouvoir respecter l'ordre de priorité et protéger aussi bien les conducteurs que les voyageurs du soleil pendant l'été et des intempéries hivernales lors de l'attente. Un accès unique — pour l'entrée et la sortie — à la station pourrait également éviter plusieurs problèmes.