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«Marché Commun Maghrébin», prospère mais anarchique
Reportage: La rue Bab El Jazira et ses environs
Publié dans Le Temps le 07 - 08 - 2010

On entend de temps en temps des voix s'élever pour déplorer que l'unité maghrébine n'est qu'un slogan jamais concrétisé dans le vécu quotidien de nos peuples. En fait, il suffit d'un tour de cinq minutes et n'importe quel jour de la semaine du côté de la rue de Bab El Jazira pour se persuader du contraire.
Cette artère à grand trafic ainsi que les petites rues et ruelles qui lui sont perpendiculaires constituent depuis près de 20 ans une zone d'échange spontanée certes mais débordante d'activité illustrant au quotidien les relations réellement fraternelles entre les peuples du Maghreb. C'est par ailleurs devenu une place de commerce (parallèle) entre Tunisiens, Algériens et Libyens. L'observateur le moins attentif se rend aisément compte du nombre impressionnant de véhicules particuliers et de transport public en provenance d'Algérie et de Libye qui stationnent parfois durant les 24 heures de la journée des deux côtés de la rue de Bab el jazira. Plus de 200 voitures et estafettes s'y garent quotidiennement et transforment la rue et ses environs immédiats en une immense mais bizarre station de « louage ». Des dizaines de chauffeurs et de rabatteurs dévisagent et même harcèlent les passants à la recherche de virtuels voyageurs. D'innombrables opérations de change s'effectuent au grand jour entre nos hôtes et des centaines d'agents monétaires improvisés.
Les banquiers itinérants
D'après les renseignements qui nous furent fournies par l'un de ces «banquiers» postés à l'entrée de la zone du côté de Bab B'har, la plupart du temps ce sont des Tunisiens qui effectuent ce genre d'opérations illicites. Des jeunes et des moins jeunes venus des environs de la Médina mais aussi de certaines villes de l'intérieur proposent leurs services à nos amis libyens et algériens et aussi à quelques uns de leurs compatriotes. «La pratique, précise-t-il, est bien évidemment interdite et il arrive que certains d'entre nous soient épinglés par les agents de la brigade économique ou par les services de contrôle du ministère du Tourisme. Ils sont alors soit verbalisés et obligés de payer une amende soit jugés devant les tribunaux quand leur trafic est plus dangereux. Mais il faut dire qu'aujourd'hui notre activité est plutôt tolérée surtout que tout le monde dans la zone s'adonne aux opérations de change : allez convertir votre argent chez n'importe quel commerçant de la place, il vous satisfera en deux minutes. Personnellement, j'investis tout mon argent dans ce circuit parce que je n'ai pas trouvé mieux à faire. Mais attention je ne fais pas partie comme d'autres d'un réseau organisé; je travaille pour mon propre compte. Le change me rapporte selon les jours entre 20 et 30 dinars de gains. Mes clients y sont gagnants à leur tour, parce qu'en banque, les cours sont fluctuants. Avec nous, ils sont toujours sûrs de grignoter quelques millimes ou centaines de millimes par billet converti. Mais il faut craindre les périodes de crise, comme le mois de Ramadan, qui représente notre saison morte à nous comme à tous ces transporteurs que vous voyez. »
Trafic rentable pour tous
En ce qui concerne les « louagistes » de la zone, ils n'ont aucune autorisation légale qui leur permette de se garer sur les lieux et d'exercer leur activité laquelle est seulement tolérée par la municipalité de la capitale. En fait, la rue Bab el jazira est répartie presque équitablement entre les transporteurs privés algériens et libyens : la partie nord de l'artère est aux premiers et les seconds stationnent au sud. Cependant nos frères algériens ont tendance depuis quelques mois à investir également une partie de l'avenue de France et la moitié de la rue Mongi Slim. A certaines heures de la journée et surtout chaque lundi, jour de marché nous dit-on, la rue est impénétrable même pour les piétons. Les destinations principales sont Annaba et Tripoli. Les tarifs pratiqués varient d'un transporteur à un autre. Certains chauffeurs, comme Am Naouar, exercent à Bab el jazira depuis plus de 20 ans. « Je sais qu'autrefois, il y avait une grande station de louage par là. Aujourd'hui, c'est le désordre total et personne n'est en situation régulière. Notre trafic est néanmoins rentable pour tous et sans ces files désorganisées de véhicules maghrébins, la rue Bab el jazira et ses environs ne connaîtraient pas pareille animation juteuse. »
Désorganisation frustrante
Ses collègues libyens déplorent toutefois que contre toute attente, les autorités municipales de la capitale, ne soient pas pressées d'organiser leur activité. « C'est pourtant un commerce dont la mairie peut tirer beaucoup de profit, ajoutent-ils. Une vraie station de transport rapporterait des milliers de dinars chaque jour. Nous avons contacté plusieurs responsables pour nous aider à remédier à la situation actuelle ; mais nos doléances sont restées lettre morte. Nous sommes plus de 80 transporteurs appelés à passer une ou deux nuits à Tunis lorsque les passagers font défaut ; nos voitures sont alors exposées à tous les risques que vous pouvez imaginer. Vous n'êtes jamais sûrs de les récupérer intactes le lendemain. Nous payons les services de quelques gardiens ; mais cela ne suffit pas, parce que même de jour, nos véhicules ne sont pas à l'abri d'un automobiliste imprudent ou d'un portefaix maladroit. Et puis constatez par vous-mêmes l'encombrement monstre qui caractérise la zone. C'est pour cela que nous conseillons à nos clients de nous attendre chez eux ou à un endroit plus dégagé de Tunis. Pourquoi ne pense-t-on pas à nous aménager une station du côté de Sidi el bachir ou dans une aire libre de la Médina ? La solution existe ; mais quelque part, la situation actuelle profite à certains qui, justement, ne veulent pas de cette solution. Sachez par ailleurs que nous pâtissons aussi des agissements de certains énergumènes qui, du jour au lendemain s'improvisent rabatteurs et règnent en maîtres incontestés sur notre trafic en bradant les prix et en favorisant des chauffeurs sur d'autres. De plus, une nouvelle génération de transporteurs cupides et sans scrupules effectue, entre Tunis et Tripoli, des navettes trop régulières qui mettent en danger leur vie et celles de leurs passagers, étant donné l'état de fatigue des conducteurs durant le trajet. »
En attendant mieux !
Les clients de ces louagistes viennent des cinq pays du Maghreb et appartiennent à toutes les catégories sociales. Ils sont en Tunisie pour affaires, ou bien en tant que touristes ou tout simplement pour faire du shopping. Quelques uns, notamment parmi les Algériens qui rentrent du Maroc, transitent par notre pays en raison de l'actuel froid diplomatique entre les deux voisins. Nos hôtes viennent seuls ou en famille et effectuent plus d'un voyage par an entre leur pays et le nôtre. Pour regagner leurs pays respectifs ou entrer sur notre sol, ils déboursent par personne entre 50 et 100 dinars. Les transporteurs, eux, ne craignent guère le coût du carburant puisqu'ils font le plein en Algérie ou en Libye, c'est-à-dire à des prix très bas comparés aux nôtres. En tout cas, on pourrait parler d'un marché commun maghrébin qui prospère du côté de Bab el jazira mais qui attend d'être mieux organisé et mieux géré. Il urge pour tous que cet espace de la fraternité et de la coopération effectives reproduise une bien meilleure image de notre cher Maghreb que celle qu'il renvoie actuellement!
Badreddine BEN HENDA
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Qu'en pense la municipalité de Tunis ?
Pas de solution miracle pour l'heure !
Pour savoir quelles mesures la municipalité de Tunis a prises contre l'encombrement et l'anarchie qui règnent tout le long de la rue de Bab el Jazira, nous avons contacté certains responsables de la municipalité au siège de la Kasbah qui nous ont assuré que la situation déplorable que vit cette artère principale de la capitale préoccupe les autorités municipales. En ce qui concerne les transporteurs algériens et libyens en situation irrégulière mais tolérée, la municipalité de Tunis en a saisi le Ministère du Transport et les deux administrations sont actuellement en train d'étudier les meilleures possibilités garantissant une meilleure fluidité de la circulation dans la zone. Une solution reste envisageable : elle consiste à répartir les véhicules des divers transporteurs maghrébins entre les stations de louage existantes. Encore faut-il que l'emplacement de celles-ci soit définitif et assez spacieux pour accueillir un surplus de voitures. On reste également à l'écoute des louagistes eux-mêmes s'ils ont des solutions adaptées à la complexité de cet épineux dossier. Il nous a semblé en effet d'après ce que nos interlocuteurs nous ont laissé entendre que la situation actuelle risque de s'éterniser à cause de ses répercussions diplomatiques. Sans oublier que le trafic de la rue de Bab el Jazira et de ses environs profite grandement à certains commerçants de la zone lesquels risquent de pâtir sérieusement d'un éventuel déplacement des transporteurs algériens et libyens.


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