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Le FAR West de chez nous
Cow-boys louagistes
Publié dans Le Temps le 11 - 02 - 2010

Dans les stations de louages qui encerclent la ville une ambiance de stress permanent règne. Les véhicules ont souvent des formes bizarres et sont conduits par des chauffeurs aux comportements saugrenus et au langage fleuri.
Voici une virée dans un monde sombre et nébuleux, un voyage au bout de l'enfer…
Ils sont implantés à Bab Saâdoun, à Bab Âlioua ou à côté du souk Moncef Bey, mais il y a une particularité qui les unit, qui est leur marque de fabrique : le bruit. Il règne dans ces lieux une agitation extrême, accompagnée de cris, des engueulades épiques et une tension permanente. Et toutes ces stations se ressemblent comme deux gouttes d'eau, à croire qu'elles ont été créées dans un même moule.
Dès que vous arrivez dans ces lieux, vous êtes happé par deux ou trois énergumènes, mal habillés, mal rasés et souvent âgés, qui se proposent de porter votre valise, de vous indiquer le chemin jusqu'au guichet, de vous donner toutes sortes de renseignements, même ceux dont vous n'avez pas besoin… Ils parlent tous en même temps, vocifèrent les uns plus fort que les autres et gesticulent à foison, à vous donner le tournis, à vous faire regretter d'avoir choisi ce moyen de transport.
A Bab Saâdoun, les voitures sont garées à l'encontre du bon sens. Elles jonchent les trottoirs, elles piétinent les rares plantes encore vivantes de ce qui fut un espace vert et créent un point noir pour les autres automobilistes. Les chauffeurs des louages ont en effet la charmante habitude de s'arrêter au beau milieu de la chaussée pour bavarder avec leurs collègues, bloquant la circulation avec un sans gêne désarmant ou révoltant, selon l'état de vos nerfs.
La municipalité a bien essayé de les déloger de ce lieu, mais ils ont refusé de voir leur station déménager du côté du stade d'El Omrane. L'un d'eux argumente : « on voulait nous éloigner d'ici, mais cela poserait problème pour nos clients, car c'est loin de tout. Ici, c'est un lieu de passage naturel depuis des années, un point central qui est bien desservi par les bus, le métro, les taxis… »
Vivre et tuer les espaces verts
Quant à la gène occasionnée aux autres automobilistes, notre interlocuteur estime que c'est « aux responsables de la circulation de trouver des solutions. Le nombre de louages double chaque année, celui des voitures particulières aussi. Il faut donc élargir les voies et créer un parking… ». Une solution de facilité qui se ferait aux détriments du jardin avoisinant et qui détruirait définitivement cet espace vert qui donne de l'ombre en été et atténue la pollution importante en ce lieu.
Autre station, autres problèmes : à Bab Âlioua, ici les louages sont garés dans un immense hangar, surchauffé l'été, glacé l'hiver et qui a le don d'amplifier le son, cris et bruits de moteurs confondus… Une agitation permanente, comme nous l'affirme l'un des nombreux rabatteurs chargés de coordonner le flux des voyageurs : « Ici on travaille 24H/24, 365 jours par an. On couvre tout le Sahel et le Sud tunisien jusqu'en Lybie. » Il faut savoir que chaque station de louage est spécialisée dans une région précise : Bab Saâdoun pour le Nord et l'Ouest, Bab Âlioua pour le Cap Bon, la station Moncef Bey pour le Sahel…
Pour revenir au calvaire du voyageur qui a la malchance d'emprunter ce moyen de transport, le rabatteur vous mène vers le guichet pour vous acquitter du prix du billet. Et il attend patiemment que vous lui versiez les quelques pièces de monnaie que le caissier vous a rendues. Cinq cents millimes minimum, si vous voulez qu'il porte votre valise jusqu'au véhicule stationné à l'autre bout du hangar…
Vous achetez donc votre billet à un guichet recouvert d'autocollants et de papiers noircis par les traces des doigts, où sont inscrits les tarifs et où un agent marmonne les mots plutôt que de les prononcer.
Ça ne sent pas la rose
Le billet en poche, vous vous apprêtez à monter dans la voiture. Et là, désagréable surprise : vous vous retrouvez coincé entre deux personnes qui ne sentent pas la rose, qui sont trop larges pour leurs sièges et qui vous écrasent involontairement.
Ensuite il faut attendre un voyageur supplémentaire, afin que la voiture parte avec toutes les places occupées. Une attente qui peut durer plusieurs minutes, voire plus d'une heure s'il n'y a pas foule. Et vogue la galère et vous commencez à galérer… Il y a l'odeur fétide du véhicule, la musique trop forte que le chauffeur vous impose, les propos ennuyeux que tiennent les voyageurs. Un ensemble d'éléments qui vous donnent l'impression d'étouffer, accompagnés par le désir ardent d'arriver à destination le plus vite possible.
Et vogue la galère : le chauffeur démarre en trombe, mettant à rude épreuve voyageurs et bagages. Sur la route, c'est l'angoisse permanente à cause des risques que prend le conducteur toujours pressé. Et lorsqu'on lui demande la raison de cette conduite trop nerveuse, trop risquée, il sourit et annonce sans vergogne : « labès, labès… Notre destinée est entre les mains de Dieu… » On veut bien le croire, mais notre destinée se porterait mieux s'il ralentissait un peu et qu'il s'aventurait moins à doubler dans les côtes…
Car ce qui étonne chez ces énergumènes, c'est leur inconscience face aux dangers de la route, alors que depuis des décennies, ils ne cessent de payer un lourd tribut à la route, entraînant avec des dizaines de voyageurs innocents. Une vérité que notre chauffeur refuse d'évoquer : « arrêtez de parler d'accidents et de mort, vous allez nous porter la poisse. Les louagistes ont beaucoup changé depuis quelques années, ils se sont assagis et font beaucoup moins d'accidents mortels. »
Mais en réalité, la raison de ce qui commence à ressembler à un comportement sage, ce sont les radars, les contraventions et les retraits de permis, qui les privent de revenus et non une vraie prise de conscience ou un début de comportement civique. Un voyageur raconte son expérience avec ces énergumènes qu'il est obligé de fréquenter régulièrement : « un jour, pendant la période de l'Aïd, je me rendais à Djerba avec un chauffeur qui n'avait pas dormi depuis deux jours. Il s'assoupissait au volant et je devais lui donner un coup de coude pour le réveiller régulièrement. Heureusement on a changé de chauffeur à Sfax, sinon on ne serait jamais arrivé…»
Des anecdotes comme celle-ci, chaque voyageur peut vous en raconter des dizaines. Des histoires qui démontrent que les louages doivent devenir un moyen de déplacement beaucoup plus sûr. Il faudrait également que les autorités de tutelle aménagent les espaces qui les accueillent, afin qu'ils deviennent moins désordonnés, plus humains...


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