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Un véritable gâchis et le ministère fait la sourde oreille
Tribune - Concours d'entrée aux écoles d'ingénieurs
Publié dans La Presse de Tunisie le 10 - 09 - 2014


Par Naceur BENHADJ BRAIEK*
Des étudiants doublement affectés à l'Ecole normale supérieure et aux écoles d'ingénieurs, d'autres affectés dans des écoles d'ingénieurs en Tunisie, alors qu'ils ont intégré une grande école en France et ont même obtenu une bourse, d'autres encore affectés dans des écoles d'ingénieurs alors qu'ils sont recrutés pour le cursus d'élève officier-ingénieur dans les académies militaires... Des étudiants très lésés dans leur affectation alors que leur filière préférée présente des places vacantes et, enfin, plus de 150 étudiants admissibles non affectés alors qu'il y a de la place dans les écoles d'ingénieurs dans la limite des places ouvertes...
Les résultats d'affectation des admis dans les concours nationaux d'entrée aux écoles d'ingénieurs ont été proclamés. Ces résultats paraissent ordinaires et normaux pour tout citoyen ou étudiant concerné par de tels concours. Toutefois, une analyse profonde de connaisseur du système fait découvrir un véritable et énorme gâchis de ressources humaines, scientifiques, technologiques et matérielles et cause une grande perte pour la communauté nationale.
Avant d'exposer la réalité des aberrations constatées, rappelons brièvement le déroulement desdits concours. Quelque six mille (6.000) étudiants se sont présentés début juin à quatre concours nationaux d'entrée aux écoles d'ingénieurs : un concours en maths-physique (MP), un concours en physique-chimie (PC), un concours en technologie (T), un concours en biologie et géologie (BG). Après un mois et demi d'attente, les résultats d'admission et d'admissibilité ont été annoncés (le 17 juillet 2014). En tout 3.971 d'admis (1.780 MP, 926 PC, 693 T et 572 BG) ; ces chiffres correspondent bien aux nombres de places déclarées ouvertes pour les candidats. Et 368 admissibles ; étudiants proclamés sur les listes complémentaires (170 MP, 90 PC, 80 PT et 28 BG). Juste après les résultats d'admission, vient la phase d'affectation des admis et qui dure six semaines environ; les admissibles (listes complémentaires) devant attendre les résultats d'affectation finale des admis pour bénéficier des places vacantes ; mais ces places, encore faut-il bien les compter et les établir soigneusement pour les pourvoir complètement et ne faire perdre aux Tunisiens aucun poste de formation d'ingénieur, d'autant plus qu'ils s'agit d'étudiants élites au baccalauréat et qui ont choisi de suivre un cycle difficile et très prenant : le cycle préparatoire.
Il est à signaler que quatre cursus de formation sont ouverts aux admis desdits concours :
- le cursus de formation d'ingénieur dans l'une des filières ouvertes dans les établissements tunisiens ;
- le cursus de formation d'ingénieur dans une grande école française : ce cursus ne concerne que les étudiants ayant passé le concours français et ayant décroché une admission dans une grande école (étudiants de l'IPEST, d'ESPRIT, et d'autres) ;
- le cursus de l'Ecole normale supérieure (en maths et en physique) :
- le cursus d'officiers-ingénieurs dans les académies militaires.
Bien entendu, un étudiant peut être intéressé, au début du processus d'affectation, par l'un ou plusieurs des cursus précités, mais il est évident qu'au final il n'aura à conserver qu'un seul cursus, pour laisser de la place aux autres (admis et admissibles), c'est le principe d'égalité des chances à respecter ; nul n'est en droit de réserver pour lui plus qu'une place alors que les autres sont dans l'attente d'un siège. Et c'est bien évidemment l'administration qui doit veiller sur cela conformément aux règles de transparence, d'intégrité, d'efficacité et de redevabilité, comme le stipule l'article 15 de notre constitution.
Relatons le déroulement de ce processus d'affectation dans les différents cursus d'études mentionnés :
L'Ecole normale supérieure (ENS) a sélectionné ses élèves parmi les candidats admis par le biais d'un examen oral. C'est ainsi que vingt (20) étudiants ont été admis définitivement à l'ENS dans la spécialité mathématiques et quatorze (14) dans la spécialité physique. La liste des étudiants admis a été bien affichée sur le site web de l'ENS depuis juillet dernier.
L'admission dans les écoles françaises est suivie à l'IPEST et dans les autres établissements d'origine des étudiants admis. On savait depuis mi-août les noms des étudiants qui ont bien confirmé leur admission dans un établissement français (réponse par un oui-définitif). Une bourse de coopération (accordée par une commission paritaire tuniso-française) ou une bourse nationale a été allouée à un certain nombre parmi les étudiants ayant intégré une école française.
Quant aux deux cursus : écoles d'ingénieurs tunisiennes et académies militaires, l'affectation des étudiants se fait via le site web www.cningenieur.tn et il va de soi qu'une synchronisation entre les deux cursus s'impose pour éliminer tout double emploi qui conduirait à une double affectation d'un même étudiant au sein de deux établissements différents.
Le choix des filières d'ingénieurs par les candidats admis a eu lieu avant le 31 juillet, et les résultats d'affectation préliminaires ont été proclamés le 7 août ; ces résultats incluent pour chaque candidat l'admission dans une filière et le classement obtenu dans une ou plusieurs listes d'attente des filières les plus prisées. Un délai de deux semaines est laissé à l'étudiant pour confirmer ou infirmer les résultats d'affectation obtenus (le 22 août était le dernier délai de confirmation).
Parallèlement, les académies militaires continuaient leur processus de recrutement (test psychotechnique, test médical, performances sportives, etc.), et les résultats sont proclamés aux intéressés via le site web du ministère de la défense.
Il était alors attendu que le ministère de l'Enseignement supérieur tienne compte dans l'affectation finale de tous les cas qui ont choisi de suivre un cursus autre que celui du cycle d'ingénieur dans les écoles tunisiennes (ENS, France, Académies) pour bien comptabiliser les places vacantes. Ceci permettrait d'une part aux admis affectés d'améliorer leur choix, et d'autre part de recueillir plus de places à offrir pour les admissibles (listes complémentaires), et maximiser ainsi le nombre d'ingénieurs à former dans la limite des places ouvertes. On aura alors veillé à assurer aux jeunes les conditions nécessaires au développement de leurs capacités, et à élargir et généraliser leur participation à l'essor social, économique, culturel et politique, conformément à l'article 8 de la Constitution.
Le Vendredi 29 août vers midi les résultats d'affectation définitive tombaient. Un premier constat rapide : les choix des étudiants ont très peu bougé ( pas d'amélioration considérable par rapport à l'affectation préliminaire) et que le nombre de places offertes pour les étudiants des listes complémentaires est relativement réduit (151 places cette année devant 280 places l'année dernière : pour la filière T par exemple seulement 10 places sont déclarées vacantes alors qu'il y en avait 66 l'année passée !)
L'analyse détaillée de la situation a permis de mettre le doigt sur un ensemble de failles procédurales qui ont conduit à cette limitation d'amélioration au niveau de l'affectation définitive, et surtout du nombre de places vacantes à pourvoir, et dont la conséquence était alors l'élimination injuste de candidats de certaines écoles d'ingénieurs et la non admission d'autres
Faille 1 : des étudiants affectés à la fois à l'Ecole normale supérieure et à une école d'ingénieurs : les étudiants pris dans la section mathématiques à l'ENS n'ayant pas été tous éliminés du système d'affectation aux écoles d'ingénieurs, c'est ainsi que onze (11) étudiants ont pris place définitivement à la fois à l'Ecole normale supérieure et dans un école d'ingénieurs. Du coup 11 places de la filière Maths-Physique ont été perdues injustement dans les écoles d'ingénieurs, alors qu'une longue liste d'étudiants sont dans l'attente d'une place, et d'autres sont lésés dans leur choix.
Faille 2 : des étudiants ayant confirmé leur admission dans une école d'ingénieurs en France, et ayant même obtenu une bourse sont également affectés dans une filière d'ingénieurs en Tunisie. Le cas de l'étudiant A.J. en est un exemple : admis à l'Ecole polytechnique en France et ayant obtenu une bourse de coopération, il est également affecté à la filière Techniques avancées à l'Enit (filière très ciblée par la plupart des candidats) !
Faille 3 : des étudiants admis dans les académies militaires et affectés en même temps dans une école d'ingénieurs bien que l'admission dans les académies militaires au cycle élève-ingénieur officier s'est déroulée cette année en étroite liaison avec l'admission dans les écoles d'ingénieurs. Comment se fait-il alors qu'un étudiant bénéficie au sein du même pays de deux affectations de cursus d'ingénieur alors que d'autres jugés valables par le jury (étudiants déclarés admissibles sur la liste complémentaire) n'obtiennent rien tout. Est-ce juste et est-ce cela de l'égalité des chances ?
Ainsi, alors que l'on s'attendait à ce que l'admission d'étudiants à l'ENS, et l'envoi d'étudiants à des grandes écoles en France, et le recrutement des élèves officiers-ingénieurs allaient permettre de libérer des places dans nos écoles d'ingénieurs pour d'autres candidats déclarés admissibles dans les listes complémentaires, rien n'a été fait de tout cela. Mais on se demande pourquoi ? Est-ce légitime de garder des places ouvertes vacantes dans nos établissements même dans les écoles les plus prisées, alors que la communauté nationale cherche à former plus d'ingénieurs? Est-il normal de léser nos étudiants dans leur choix alors que l'on sait pertinemment et à l'avance que des places resteront vacantes dans la plupart des filières ? Est-ce admissible d'éjecter plus de 150 étudiants du cursus de formation d'ingénieurs alors qu' un grand nombre de places restent non pourvues, et on le savait déjà !
Alors que les ressources matérielles et humaines (établissements, équipements, enseignants, budget) ont été réservées et allouées pour former le nombre de 3971 ingénieurs dans nos écoles d'ingénieurs, on en forme qu'environ 3.800. Une perte qui dépasse le taux de 4% du nombre prévu, et paradoxalement les candidats des listes complémentaires sont jetés à la rue.
Mais ce ne sont pas des aberrations et des erreurs de gestion graves ! Qui en est responsable ?
Comment se fait-il que des places, qui coûtent si cher à la communauté nationale, restent vacantes à cause de la double affectation d'étudiants dans deux établissements (ENS et écoles d'ingénieurs, académies et écoles d'ingénieurs, admission en France et affectation en Tunisie), alors que d'autres étudiants sont éjectés du système de formation? Mais au final un étudiant n'occupera qu'une seule place, et celle perdue qui en est responsable ?
Je tiens à signaler qu'immédiatement j'ai constaté ces aberrations, j'ai contacté le Ministre de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de la Technologie depuis le jour même de la proclamation des résultats définitifs (le 29 août) par un courrier électronique que je lui ai adressé ainsi qu'à ses collaborateurs : MM. le directeur du cabinet, le président des concours nationaux d'entrée aux écoles d'ingénieurs lui-même directeur général de l'enseignement supérieur, et le directeur général des études technologiques.
Un courrier officiel a été adressé également au ministre le premier jour ouvré après la proclamation des résultats (lundi 1er septembre) en vue de l'informer des failles constatées et de le solliciter pour prendre les mesures nécessaires pour y remédier. Seulement mes appels sont restés sans réponse. La négligence continue !
Ma requête ainsi exposée vise la rationalisation et l'optimisation des ressources et la bonne gestion administrative dans cette affaire d'affectation dans les écoles d'ingénieurs. Il s'agit bien de veiller à maximiser les chances de nos jeunes pour développer leurs capacités et préparer leur avenir surtout qu'il s'agit d'une élite ayant effectué un cycle préparatoire aux études d'ingénieur.
Une révision de l'affectation définitive des étudiants admis et admissibles dans les différentes filières des écoles d'ingénieurs s'impose en considérant toutes les places vacantes dues à tout ce qui est exposé ci-haut. Cette révision est tout à fait possible d'autant que l'on est encore juste au début de l'année. Elle n'aura qu'un impact positif sur tous les candidats ; aucun côté négatif : les étudiants affectés amélioreront leurs choix sinon ils garderont l'actuel ; et les étudiants de la liste complémentaire auront au moins 150 places de plus. N'est-ce pas un gain national que nous aurons atteint ? N'aura-t-on pas beaucoup gagné sur le plan social et économique mais aussi psychologique de nos jeunes ?
La grande question qui se pose est pourquoi le ministère de l'Enseignement supérieur fait le sourd quant à cette requête ? Alors qu'il s'agit de la première institution qui doit œuvrer en faveur de l'étudiant et de l'amélioration de ses chances pour se former et pour réussir.
*(Professeur à l'université de Tunis, membre académique de l'Instance nationale de l'évaluation, de l'assurance qualité et de l'accréditation, représentant du secteur études d'ingénieur et cycle préparatoire)


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