Notre administration souffre de nos jours d'un mal qui risque, en perdurant, de porter préjudice au pays. La mentalité qui y règne est tout le contraire de ce qu'il faut pour participer au redressement de la Tunisie. Une action salvatrice ne devrait pas tarder pour inverser cette tendance qui mène droit vers la ruine L'administration a toujours fait l'objet des critiques des citoyens, des critiques le plus souvent justifiées. Le problème de notre administration dans sa globalité est à la fois dû aux lourdeurs bureautiques héritées du temps de la colonisation et d'ordre mental, dans la mesure où, pour beaucoup, occuper un poste quelle que soit sa position dans la hiérarchie autorise certains comportements qui vont à l'encontre des intérêts du citoyen. Cela ne date pas d'aujourd'hui, mais le phénomène a pris des proportions telles qu'il est devenu inquiétant pour l'avenir du pays. Et il n'est nullement exagéré d'affirmer que notre administration participe, aujourd'hui, et pour une grande part dans l'état d'anarchie que nous observons partout sur le territoire de la République. Même dans les secteurs à services rémunérés, tels ceux du gaz, de l'électricité, de l'eau ou des télécommunications, le constat est le même. C'est aussi valable pour les services municipaux, les recettes des finances, l'administration de la propriété foncière, etc. Le blocage est parfois total, on vous renvoie d'un service à un autre pour finir des fois par abandonner. Mais ce blocage qu'on observe est du fait de l'homme car le personnel administratif chargé de ces tâches constitue le handicap essentiel et fait preuve d'indiscipline sans borne vis-à-vis de ses supérieurs qui, faut-il le signaler, ont de moins en moins de prise sur leurs subordonnés au point que ces derniers sont devenus les maîtres décideurs! Le handicap, c'est le personnel ! Cela n'exclut pas que parmi ce personnel, il y a encore des fonctionnaires consciencieux et pleins d'abnégation dans l'accomplissement de leurs devoirs. Mais c'est devenu malheureusement une monnaie rare. Ils font exception et ils sont souvent pris à partie par ceux qui ne font que marquer leur présence pour aller vaquer à leurs affaires personnelles ou passer la journée sur les terrasses des cafés. Des exemples concrets de ce comportement, j'en donne trois. Dans le quartier où j'habite, les véhicules de la Steg censés être sur les chantiers sont quotidiennement —je précise bien quotidiennement— garés devant un café plus ou moins isolé et les ouvriers et techniciens se trouvent sur la terrasse du même café. Ils passent des heures ainsi avant de regagner leur district. Du côté de la Sonede, ce n'est pas non plus la joie, un jour, une conduite d'eau a éclaté, les quantités perdues sont inestimables, l'administration et les services y afférents ne sont qu'à deux kilomètres. Plus d'une dizaine d'appels furent adressés à ladite administration. Aucune réponse bien sûr! Et il a fallu qu'un citoyen — l'épicier du coin — aille sur place les alerter avec vidéo à l'appui des pertes d'eau consécutives à cet éclatement de conduite. Sur place, il y avait le premier responsable, les agents, les véhicules, mais personne n'avait daigné décrocher le téléphone! Dans les bureaux régionaux de la propriété foncière, c'est encore pire. Souvent, c'est le réseau qui ne fonctionne pas pour vous décourager et vous obliger à rebrousser chemin. Et si ce n'est pas le réseau, c'est la lenteur calculée des agents aux guichets qui met a rude épreuve vos nerfs pour vous pousser parfois à l'emportement avec tous les risques qu'on encourt si on tombe sur ces nouveaux parachutés dans l'administration et dont la place est plutôt sur les trottoirs avec un étal dans l'une des rues où pullulent ce genre de bandits. C'est le constat amer que tout un chacun vérifie à ses dépens et au détriment de l'intérêt général d'un pays qui peine à retrouver son élan pour sortir d'un état qui risque de nous mener droit vers la faillite, si une reprise en main ne se fait pas et de sitôt. Il est temps de réagir ! Les citoyens ne peuvent demeurer l'otage d'une administration qui marche à reculons à cause de l'inconscience de la majeure partie du personnel qui vit en parasite, dilapidant aussi les biens de la communauté nationale, sans vergogne et dans une sorte d'impunité qui laisse perplexe. Excusez du peu, parce que c'est la réalité qui frôle l'indécence avec ce que nous voyons et nous endurons par la faute de ces Tunisiens qui sont en train de ruiner le pays. Ce qui est déplorable en tout cela, c'est l'attitude complice des syndicats qu'on retrouve au-devant dans les revendications — c'est légitime — mais aussi pour défendre tel ou tel agent envers qui une mesure disciplinaire a été prise! C'est le comble de l'anarchie avec cette nouvelle mode des grèves sans préavis ou sit-in devant les locaux des offices et ministères qui mettent les citoyens souvent dans des situations sans issue et qui peuvent leur causer des torts aux dégâts incalculables. Saura-t-on un jour mettre fin à cette dérive et à cette descente aux enfers pour qu'enfin l'administration joue le rôle qui est le sien et prenne part au redressement du pays ? Mais pour ce faire, il faudrait la débarrasser tout d'abord de ces mauvaises graines, une minorité certes, mais très active. Ensuite, il faudrait redonner de la confiance aux premiers responsables et assurer la sécurité des dirigeants des offices et entreprises pour qu'ils appliquent la loi et mettent chaque partie devant ses responsabilités. Aucune excuse ne peut être avancée pour tenter d'enfreindre la loi et faire ainsi perdurer une situation dont les conséquences sont déjà palpables. L'administration qui a sauvé le pays d'un chaos certain au lendemain du 14 janvier 2011, grâce aux compétences qu'elle recèle et aux fonctionnaires et agents consciencieux et véritables patriotes, pourra renaître de ses cendres et se remettre en selle, en se débarrassant de ceux qui ont terni son image et cherchent à la rendre impotente, pour certainement des desseins inavoués, mais toujours est-il que ce sursaut ne pourra se faire sans une véritable réaction des pouvoir publics qui doivent faire valoir leur autorité.