Par M'hamed JAIBI Alors qu'approche à grands pas l'échéance des législatives et que la bataille de la présidentielle s'annonce rude, les citoyens-électeurs restent sur leur faim quant aux programmes de gouvernement qui se présenteront au lendemain du scrutin du 26 octobre prochain et à la synthèse qui devra en sortir entre les futurs groupes parlementaires qui seront appelés à se coaliser pour constituer la nouvelle majorité parlementaire, en principe pour cinq ans. L'initiative du Centre Kheïreddine, présidé par le Pr Mohamed Dachraoui, d'inviter différents partis à lui soumettre à débat, en public, leurs programmes économiques et sociaux, intervient, ici, fort à propos, venant lever un voile sur les différences, nuances et convergences de ce que se proposeraient de mettre en pratique ces formations au cas où les urnes les mettraient en avant, leur confiant la gestion du pays. Après avoir accueilli Nida Tounès, l'association a soumis à débat, vendredi, le programme de Afek Tounès. Yacine Brahim et trois de ses collègues du parti se sont appliqués à déballer leurs propositions, lesquelles tournent autour d'une totale liberté d'entreprendre, d'un plafonnement de l'impôt sur les revenus et les sociétés à 10%, d'une plus grande flexibilité de l'emploi et d'une suppression pure et simple des subventions et de la compensation, au profit d'une politique sociale ciblant exclusivement les pauvres et les populations â besoins spécifiques. Le débat qui a suivi, qui a été sans concession, a montré, de par les enjeux évoqués, l'importante marge pouvant séparer nos différents partis politiques, qu'ils soient islamistes ou modernistes, quant à leur vision de la politique économique et sociale d'avenir. Cette marge va des propositions libérales débridées du FMI et de la Banque mondiale à l'étatisme de gauche ou de droite, en passant par toutes les nuances du centrisme réformateur et de la social-démocratie. Et elle mérite vraiment débat, sachant qu'il est logique que celui-ci puisse intervenir avant les législatives, sinon sur quelles bases les électeurs vont-ils voter ? Le fait est que l'on débat actuellement sur des schémas théoriques et des questions de forme qui occultent les options fondamentales des divers courants en compétition. Car pour l'électeur, le choix devrait se faire entre les projets de société des uns et des autres, bien sûr, mais aussi entre les orientations du programme économique et social de chaque parti, afin que l'on sache concrètement quelle destinée telle ou telle liste et tel ou tel présidentiable compte réserver aux attentes des citoyens en termes de prospérité économique, de développement régional et d'emploi pour tous les chômeurs.