Face à la persistance de la hausse vertigineuse des prix, acheter un mouton est devenu un rêve fou. Psychose ! La ville de l'Ariana vit déjà pleinement à «l'heure ovine». Les endroits de vente des moutons y sont, en effet, un peu partout. Presque à perte de vue ! Une «invasion» le moins qu'on puisse dire incontrôlable. Au point que les troupeaux ont tôt fait de déborder le périmètre que leur a cédé la municipalité pour envahir le trottoirs, voire certaines artères principales de la ville. Au grand dam des écolos et des automobilistes. «On n'y peut rien», concède fatalement une source de la mairie, qui estime qu'«il s'agit d'une fête religieuse sacrée qu'il ne faut pas gâcher». Quitte donc à passer sous silence tous ceux parmi les vendeurs de bétail qui n'hésitent pas à transgresser la loi ! Au secours, Bill Gates... Ceci côté environnement qui est en train de traverser ses pires moments de l'année. Mais ce sombre tableau se noircit davantage par le déséquilibre flagrant entre l'offre et la demande. En effet, il suffit de sillonner les points de vente pour s'apercevoir de la persistance de la hausse vertigineuse des prix. «600 dinars pour un mouton qui valait 400 dinars, l'année dernière, c'est une affaire de fous», gémit un passant, fonctionnaire de son état, qui parle de «fuite en avant engendrée par la passivité des autorités compétentes dont le manque de contrôle est à condamner». Pour un autre habitant de la cité des Roses, «quand on sait que l'envolée des prix a atteint mille dinars pour certains moutons, il n'y a que trois solutions : ou on contracte un prêt bancaire, ou on sollicite la générosité d'un certain Bill Gates, ou alors pas d'Aïd, tout simplement». Et l'agneau espagnol? Eh bien, il paraît, selon notre enquête effectuée sur le terrain, qu'il ne draine pas encore la foule. «Qu'on nous importe d'Espagne ou d'Australie, rien ne vaut notre cher mouton tunisien à la saveur incomparable», se défend un autre citoyen qui assure avoir trouvé la bonne formule, à savoir l'achat du mouton à la dernière minute. Entre-temps, les troupeaux continuent, ces jours-ci, d'investir la ville de l'Ariana, par vagues incessantes affluant de l'intérieur du pays, et plus particulièrement des régions du Nord-Ouest et de Kairouan. Reste cette question qui torture les Arianais : les prix iront-ils à la baisse face à la désaffection du public? Wait and see...