Une épidémie de blessures frappe le Sénégal, mais Giresse ne veut pas se lamenter Depuis lundi dernier et le début du stage des Lions de la Teranga, chaque jour apporte son lot de défections, réelles ou «diplomatiques», qui doivent mettre dans l'embarras le sélectionneur Alain Giresse. Le dernier blessé en date n'est autre que l'attaquant du club turc Besiktas, Demba Ba, déjà absent lors des deux premiers matches éliminatoires contre l'Egypte et le Botswana (deux victoires par 2-0). Ce dernier forfait n'est pas au fond regretté par les médias locaux qui pointent le peu d'implication et de poids qu'a actuellement cet avant qui avait longtemps milité dans les championnats allemand, belge et anglais. Les journaux de Dakar trouvent même que ce buteur athlétique barre la route d'une certaine façon à un jeune joueur du cru. Au même titre d'ailleurs que Papiss Cissé qui n'est plus aligné par Newcastle (D1, Angleterre) depuis sa blessure en mars dernier et dont la convocation est jugée «inutile, démagogique et improductive s'il s'agit vraiment d'impressionner l'adversaire», à en croire la presse locale. Demba Ba rejoint dans la liste des forfaits quatre autres joueurs : Cheikhou Kouyaté, le milieu récupérateur de West Ham, Lamine Sané, le défenseur de Bordeaux, Mame Birame Diouf, l'attaquant de Stoke City, et Pape Ndiaye Souaré, le défenseur de Lille. Pape Gueye (Metalist Kharkhov, Ukraine), Ibrahima Mbaye (Inter Milan, Italie) et Pape Alioune Ndiaye (Bodo Glimt, Norvège) sont appelés à la rescousse. «Il ne sert à rien de se lamenter, glisse le sélectionneur sénéglais Alain Giresse, ancien milieu de charme des Girondins de Bordeaux et de l'équipe de France. Il faut faire confiance à ceux qui sont là. J'ai suivi mes joueurs le dernier week-end. Malgré les blessures, je crois que nous avons les solutions». «Le mental n'est pas entamé» A ce tournant crucial des éliminatoires du groupe «G» de la coupe d'Afrique des nations «Maroc 2015», le clan sénégalais veut placer la barre très haut. «Nous avons énormément travaillé et attendu trop longtemps afin d'atteindre ce niveau», souligne Amsatou Fall, le directeur technique national. Le président fédéral, M. Augustin Senghor, renchérit : «Même si nous avons perdu cinq titulaires majeurs de l'effectif, il reste clair que cela ne change en rien le mental du groupe qui reste sur la gagne». On met d'ailleurs le paquet : un budget global de 168.200 mille francs CFA a été alloué à l'ensemble de la campagne : «La logistique reste le maillon important de ces éliminatoires à tous les niveaux», martèle le président de la FSF. Le panache n'a pas suffi Le Sénégal reste d'une certaine manière le Poulidor du foot africain : son panache n'a pas suffi pour arracher le titre continental majeur. Finaliste malheureux en 2002, quatrième en 1990, quart de finaliste en 1992, 1994, 2000 et 2004, il a dû pourtant se contenter du premier tour en 1965, 1968, 1986, 2008 et 2012. Mais le haut fait d'armes demeure indéniablement l'accès aux quarts de finale de la Coupe du monde 2002, en Corée du Sud et au Japon après avoir piégé la France (1-0) qui était le tenant du titre dès l'entame du tournoi. La génération dorée du début des années 1990 comprenait alors El Hadji Diouf, Khalilou Fadiga, Aliou Cissé, Ferdinand Coly, le gardien Tony Silva et Henri Camara, meilleur buteur de l'histoire du Sénégal (30 buts en 98 matches). Le 36e mondial au classement du 18 septembre dernier nourrit de nouvelles ambitions. La qualité du cru actuel l'autorise à viser haut, d'autant que les «Blanc et Vert» restent sur la vague d'une décennie bénie : n'ont-ils pas été choisis par le magazine spécialisé «France-Football» sélection africaine de l'année en 2001, 2002 et 2007? Bocandé était passé par là ! Les sportifs tunisiens n'ont pas oublié, du reste, la déroute essuyée par les Aigles de Carthage aux éliminatoires de la CAN 1990 (défaites 0-3 à Dakar et 0-1 à Tunis). L'avant-centre de l'OGC Nice, Jules Bocandé, décédé en mai 2012, était passé par là, réussissant un hat-trick, dans la capitale sénégalaise. L'entraîneur national de l'époque, Mokhtar Tlili, a dû composer avec certaines défections, d'où son recours à quelques jeunes dont Faouzi Rouissi qui n'avait à l'époque que 19 ans. «Un membre fédéral m'avait alors apostrophé : vous allez faire de la sélection un jardin d'enfants ou quoi?», raconte Tlili près d'un quart de siècle après. Bien entendu, il n'est plus question ce soir (21HT) de subir pareille déroute dans l'humidité qui vous colle à la peau, du stade Léopold Sedar Senghor de Dakar. Pourtant, on ne se méfie jamais assez de ce genre d'adversaire boosté par la thérapie de Giresse en place depuis janvier 2013.